1
– SYSTÈME DE VALIDATION DES TRIMESTRES REMIS EN CAUSE :
LES
SALARIÉ(E)S À TEMPS RÉDUIT TRINQUENT
Aujourd’hui, dans le système par répartition,
la pension de retraite est notamment calculée en fonction du nombre
d’annuités. Pour cela, on comptabilise les trimestres. Dans le
régime général, le salaire de base qui permet la validation d’un
trimestre est bas : 1 482 euros. Cela quelle que soit la
durée d’activité. Ainsi, les femmes salariées à temps réduit,
les salariés précaires peuvent voir valider leur trimestre à
partir d’un salaire brut mensuel de 494 euros. Ils ne se
retrouvent donc pas exclus des droits garantis par notre régime.
Avec le système par points, en revanche, le salaire très bas
engendrerait un faible nombre de points. Alors qu’avant ces
travailleurs avaient droit à un trimestre validé, ils auraient, au
nom de « l’égalité du point », des droits réduits à
la portion congrue.
L’égalité du point, c’est en fait la remise
en cause de tous les mécanismes qui protègent, grâce à la
solidarité collective, les plus faibles, les plus exploités.
2.
QUE SE PASSERAIT-IL SI LES PÉRIODES DE CHÔMAGE,
DE
MALADIE N’ÉTAIENT PLUS PRISES EN COMPTE ?
Depuis des années, la machine est lancée pour
aller vers un nivellement par le bas. La retraite par points est
basée sur les points acquis par l’activité salariée. Qu’en
sera-t-il des périodes de chômage, de maladie, de la majoration de
trimestres pour enfant ? Toutes ces périodes sont aujourd’hui
validées par le régime général. Le calcul a été fait :
tous ces droits garantis par le régime général représenteraient
20 % du montant des retraites. Comment les financer avec la
retraite par points ? Le gouvernement fait mine de s’interroger
en évoquant deux possibilités : l’augmentation de 20 %
de la valeur du point, cela va faire cher la valeur du point !
Ou, autre possibilité, faire dépendre ces droits de « la
solidarité nationale ». Dans ce cas, c’est l’État qui les
prendrait en charge par le biais de l’impôt. Ce n’est pas
rassurant au moment même où le gouvernement se déchaîne contre
toutes les aides sociales ! « Un pognon de dingue »,
selon Macron.
3.
OÙ L’ON S’EN PREND AUX INVALIDES
(ENTRE
AUTRES) !
La retraite par points fait disparaître la notion
de retraite à taux plein. Cela pénalise tous les salariés. Mais
les couches les plus vulnérables seront particulièrement touchées.
Par exemple, actuellement, les assurés inaptes au
travail, les invalides bénéficient automatiquement du taux plein à
62 ans. Cela peut – dans certains cas – quasiment
doubler le montant de leur retraite qui, sans cette disposition,
serait très faible. Que deviendraient-ils demain ?
4.
LE PLANCHER MINIMUM
DE
LA RETRAITE DE BASE DISPARAÎTRAIT
Avec le régime par points disparaît le droit au
minimum contributif. Il s’agit du montant plancher de la retraite
de base. Dès lors que l’assuré a le nombre de trimestres requis
ou le taux plein, son droit au minimum contributif est étudié. Cela
peut parfois conduire à multiplier plusieurs fois le montant
d’une
retraite. (Le montant du minimum contributif est de 634,66 euros.
En 2016, 40,4 % des assurés en ont bénéficié.)
Avec la retraite individuelle par points, l’assuré
est tout seul face à son propre calcul : « J’ai assez
de points, je peux partir ; je n’en ai pas assez, il faut que
je continue à travailler ». C’est l’inverse du principe de
solidarité fondateur de la Sécurité sociale.
Nous espérons que ces premières questions abordées vous permettront d’ores et déjà de prendre la mesure du bouleversement total contenu dans cette réforme et de sa dangerosité. Il en est bien d’autres.
Nous nous inquiétons aussi pour notre devenir d’agents de la Sécurité sociale chargés aujourd’hui de cal-culer les retraites, d’établir leur juste montant en application d’une législation complexe qui intègre de nombreux droits. Si nous n’avons plus pour fonction de faire valoir des droits, quel serait notre avenir ?
Nous nous efforcerons de répondre à toutes les questions que vous poserez dans le dossier d’été en huit parties de La Tribune des travailleurs : « La retraite, histoire d’une conquête ouvrière ».
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