dimanche 23 juin 2019

La retraite par points




1 – SYSTÈME DE VALIDATION DES TRIMESTRES REMIS EN CAUSE :
LES SALARIÉ(E)S À TEMPS RÉDUIT TRINQUENT
Aujourd’hui, dans le système par répartition, la pension de retraite est notamment calculée en fonction du nombre d’annuités. Pour cela, on comptabilise les trimestres. Dans le régime général, le salaire de base qui permet la validation d’un trimestre est bas : 1 482 euros. Cela quelle que soit la durée d’activité. Ainsi, les femmes salariées à temps réduit, les salariés précaires peuvent voir valider leur trimestre à partir d’un salaire brut mensuel de 494 euros. Ils ne se retrouvent donc pas exclus des droits garantis par notre régime. Avec le système par points, en revanche, le salaire très bas engendrerait un faible nombre de points. Alors qu’avant ces travailleurs avaient droit à un trimestre validé, ils auraient, au nom de « l’égalité du point », des droits réduits à la portion congrue.
L’égalité du point, c’est en fait la remise en cause de tous les mécanismes qui protègent, grâce à la solidarité collective, les plus faibles, les plus exploités.


2. QUE SE PASSERAIT-IL SI LES PÉRIODES DE CHÔMAGE,
DE MALADIE N’ÉTAIENT PLUS PRISES EN COMPTE ?
Depuis des années, la machine est lancée pour aller vers un nivellement par le bas. La retraite par points est basée sur les points acquis par l’activité salariée. Qu’en sera-t-il des périodes de chômage, de maladie, de la majoration de trimestres pour enfant ? Toutes ces périodes sont aujourd’hui validées par le régime général. Le calcul a été fait : tous ces droits garantis par le régime général représenteraient 20 % du montant des retraites. Comment les financer avec la retraite par points ? Le gouvernement fait mine de s’interroger en évoquant deux possibilités : l’augmentation de 20 % de la valeur du point, cela va faire cher la valeur du point ! Ou, autre possibilité, faire dépendre ces droits de « la solidarité nationale ». Dans ce cas, c’est l’État qui les prendrait en charge par le biais de l’impôt. Ce n’est pas rassurant au moment même où le gouvernement se déchaîne contre toutes les aides sociales ! « Un pognon de dingue », selon Macron.
3. OÙ L’ON S’EN PREND AUX INVALIDES
(ENTRE AUTRES) !
La retraite par points fait disparaître la notion de retraite à taux plein. Cela pénalise tous les salariés. Mais les couches les plus vulnérables seront particulièrement touchées.
Par exemple, actuellement, les assurés inaptes au travail, les invalides bénéficient automatiquement du taux plein à 62 ans. Cela peut – dans certains cas – quasiment doubler le montant de leur retraite qui, sans cette disposition, serait très faible. Que deviendraient-ils demain ?
4. LE PLANCHER MINIMUM
DE LA RETRAITE DE BASE DISPARAÎTRAIT
Avec le régime par points disparaît le droit au minimum contributif. Il s’agit du montant plancher de la retraite de base. Dès lors que l’assuré a le nombre de trimestres requis ou le taux plein, son droit au minimum contributif est étudié. Cela peut parfois conduire à multiplier plusieurs fois le montant
d’une retraite. (Le montant du minimum contributif est de 634,66 euros. En 2016, 40,4 % des assurés en ont bénéficié.)
Avec la retraite individuelle par points, l’assuré est tout seul face à son propre calcul : « J’ai assez de points, je peux partir ; je n’en ai pas assez, il faut que je continue à travailler ». C’est l’inverse du principe de solidarité fondateur de la Sécurité sociale.
Nous espérons que ces premières questions abordées vous permettront d’ores et déjà de prendre la mesure du bouleversement total contenu dans cette réforme et de sa dangerosité. Il en est bien d’autres.
Nous nous inquiétons aussi pour notre devenir d’agents de la Sécurité sociale chargés aujourd’hui de cal-culer les retraites, d’établir leur juste montant en application d’une législation complexe qui intègre de nombreux droits. Si nous n’avons plus pour fonction de faire valoir des droits, quel serait notre avenir ?
Nous nous efforcerons de répondre à toutes les questions que vous poserez dans le dossier d’été en huit parties de La Tribune des travailleurs : « La retraite, histoire d’une conquête ouvrière ».



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