Extrait de : https://francoisruffin.fr/proces-france-insoumise/
Je me rendrai demain au procès de Jean-Luc Mélenchon et ses camarades devant le tribunal de Bobigny.
Tout comme je me suis rendu, la semaine dernière, au procès des décrocheurs parisiens.
Deux procès politiques.
Tout comme je me suis rendu, la semaine dernière, au procès des décrocheurs parisiens.
Deux procès politiques.
Deux
procès, aussi, qui pourraient bien s’avérer « boomerang »: l’accusation
accusée, et les accusés accusant. Accusant l’inaction climatique dans
un cas, accusant les atteintes à la démocratie dans l’autre.
Car
c’est en démocrate, et en démocrate inquiet, que je réagis : comment
accepter qu’un parti d’opposition subisse dix-sept perquisitions le même
jour ? Dix-sept, à l’aube, comme s’il s’agissait de démanteler un
réseau de grand banditisme ? C’est inacceptable. Dans une démocratie,
c’est inacceptable. Et je le disais, je le répète : je protesterais
encore davantage si Les Républicains avaient subi le même traitement. Il
est toujours plus difficile de se défendre soi-même.
Toute
enquête est légitime, mais avec mesure, en proportion des charges. Qui
semblent, ici, bien légères. D’où une disproportion, une démesure du
pouvoir, de son abus, qui use de la Justice, de la police, comme de ses
bras armés.
*
L’an dernier, le 16 octobre 2018, jour des perquisitions, j’écrivais : « C’est la question démocratique qui est désormais posée. »
Elle n’a fait depuis que se renforcer. Avec la répression des Gilets
jaunes : cinq mains arrachées, vingt-quatre éborgnés, 2500 blessés, des
comparutions immédiates à la chaîne, le harcèlement judiciaire des
figures du mouvement, un « usage excessif de la force » pointé
par l’Onu et le Conseil de l’Europe. Côté écolos, je l’ai dit, des
« décrocheurs », activistes pacifistes, poursuivis par les policiers de
l’anti-terrorisme, comme s’ils n’avaient pas plus dangereux à traquer,
avec (bilan provisoire) 93 garde à vue, 74 perquisitions, 17 procès,
concernant 57 militants. Avec, désormais, et nous sommes en train de
nous y habituer, des syndicalistes, des avocats, des journalistes
condamnés.
Mes camarades de la France insoumise, députés ou non, s’inscrivent dans cette lignée.
*
Depuis sa prison, Antonio Gramsci écrivait :
« La crise moderne est liée à ce que l’on appelle « crise d’autorité ». Si la classe dominante a perdu le consentement, c’est-à-dire si elle n’est plus « dirigeante » , mais seulement « dominante », et seulement détentrice d’une pure force de coercition, cela signifie précisément que les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles, qu’elles ne croient plus à ce en quoi elles croyaient auparavant. »
« La crise moderne est liée à ce que l’on appelle « crise d’autorité ». Si la classe dominante a perdu le consentement, c’est-à-dire si elle n’est plus « dirigeante » , mais seulement « dominante », et seulement détentrice d’une pure force de coercition, cela signifie précisément que les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles, qu’elles ne croient plus à ce en quoi elles croyaient auparavant. »
Nous vivons ce temps, où « les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles ». Où le régime tient, désormais, par la « force de coercition ». Puisse, le procès de demain, mettre en lumière cette dérive.
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