mardi 10 octobre 2017

Budget 2018 : La fête de l’oligarchie 9 octobre 2017


Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont disputé pendant dix ans le titre de « 
président des riches ». Aujourd'hui ils ont un challenger qui risque de rafler la mise. 
En quelques mois, Emmanuel Macron a engagé une série d'attaques contre notre 
modèle social d'une violence inouïe. 
Le budget de l'État pour 2018 (Projet de Loi de Finances, PLF) ne laisse aucune 
ambiguïté. Il montre que la priorité du gouvernement Philippe et du président 
Macron est de satisfaire les demandes de l'oligarchie. 
Rien n'est assez pour les riches 
Le candidat Macron avait promis aux plus fortunés deux réformes particulièrement 
juteuses : la refonte de l'impôt sur la fortune (ISF) et la création d'une flat tax (taxe 
unique) sur les revenus issus du capital. Des mesures qui représentent un gain de 
pouvoir d'achat de 5 milliards d'euros pour les plus fortunés selon le Ministère des 
Finances. 
Selon le PLF, l'ISF sera supprimé et remplacé par l'IFI (Impôt sur la fortune 
immobilière) qui taxera seulement la richesse immobilière. Cette mesure, ciblée sur 
les 1 % plus riches, est censée orienter l'investissement des plus fortunés vers les 
activités productives et risquées. Elle répond à la fameuse « théorie du 
ruissellement » selon laquelle les revenus des plus fortunés financent 
l'investissement et l'emploi des « gens qui ne sont rien ». En fait les études 
statistiques montrent que la croissance des inégalités nuit à l'efficacité du système 
productif. Pire, le nouvel IFI proposé par le gouvernement exonère de fiscalité la 
détention d'actions, d'obligation, mais aussi les fonds placés à l'étranger ou utilisés 
pour acheter des biens de luxe (yachts, voitures de luxe, etc.). Ainsi, les fonds 
dégagés par la collectivité pourront se retrouver dans la consommation somptuaire 
des plus riches ou fructifier dans le paradis fiscal de leur choix. 
Macron contre l'impôt progressif 
Le PLF inclut aussi un Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) sur les revenus du 
capital. Les revenus issus du capital pourront être taxés au choix au barème de 
l'impôt sur le revenu ou au PFU fixé à 30 %. Le PFU permettra de se libérer de 
l'impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux (CSG et CRDS). Comme les 
prélèvements sociaux sont déjà proportionnels, les gains pour les contribuables 
dépendront de leur tranche d'impôt sur le revenu qui, lui, est progressif. Ainsi, avec 
le PFU les gagnants seront ceux qui pourront échapper aux tranches supérieures de 
l'impôt. Selon une évaluation réalisée par l'OFCE, seuls les 5 % des ménages avec le 
plus haut niveau de vie auront intérêt à choisir cette « flat tax ». 
Les choix pour les plus riches et la finance ne s'arrêtent pas à ces deux mesures 
phares. Du côté des entreprises les grands groupes vont aussi bénéficier de 
l'attention du président jupitérien. Ainsi, la taxe additionnelle sur les dividendes et 
le rachat d'actions sera abrogée, tout comme la taxe sur les très hauts salaires dans 
la finance et l'assurance. Le Ministère des Finances estime que le programme de 
Macron va augmenter les profits des entreprises de 8 milliards, dont 4 milliards 
bénéficieront aux grands groupes et 1 milliard aux PME. 
Les classes populaires au régime sec
Si quantitativement les baisses d'impôts sur le capital sont les plus importantes, le 
gouvernement centre sa communication sur l'exonération de taxe d'habitation pour 
80 % des ménages. Aujourd'hui 15 % des familles sont déjà exemptées de cet impôt. 
Cette mesure est censée bénéficier aux fameuses classes moyennes. Contrairement à 
la célérité affichée pour les gestes aux plus riches, cette mesure sera étalée sur 3 ans 
alors que l'ISF est réformé en un an. La taxe d'habitation est un impôt injuste et 
rempli de contradictions mais cette étatisation sans garanties peut remettre en 
question l'autonomie financière des collectivités locales, déjà mise à mal par 
l'austérité. Et elle ne règle en rien le manque de progressivité de l'impôt sur le 
revenu. 
Si le PLF 2018 peut cajoler les riches c'est parce que les classes populaires vont se 
serrer la ceinture. Les 10 milliards des baisses de fiscalité du PLF 2018 seront 
financées par des baisses de la dépense publique, et notamment celles qui ciblent 
les classes populaires. 
Dans le budget de l'État, deux missions font particulièrement les frais de la foudre 
jupitérienne : le logement et les emplois aidés. Les APL seront une nouvelle fois 
baissées pour les résidents dans le parc social (de l'ordre de 50 euros par mois pour 
réaliser 1,7 milliards d'économies). Le gouvernement explique que les coupes 
n'auront pas d'impact sur le pouvoir d'achat des familles car les bailleurs sociaux 
devront réduire leurs loyers. Toutefois, cela obligera les bailleurs sociaux à rogner 
leur budget d'entretien ou de construction. Et, à la fin ceci se traduira par une perte 
de qualité de vie pour les habitants des HLM et des familles devront se loger plus 
cher dans le parc privé. 
Le PLF, prévoit également une amputation du budget de la politique de l'emploi de 
1,5 milliard d'euros. Dans le viseur les emplois aidés jugés inutiles et inefficaces. Or 
ces contrats aidés solvabilisent des tâches d'intérêt général, notamment dans les 
associations, et ciblent des personnes éloignées du marché du travail. Leur passage 
de 320 000 en 2017 à 200 000 en 2018 constituera le plus grand plan social de 
l'histoire du pays : 120 000 emplois détruits ! 
Le service public dans le viseur 
Les économies seront massives aussi pour l'assurance maladie : 4,2 milliards 
d'euros. L'hôpital public en fera les frais alors qu'il est le dernier filet de protection 
pour les publics fragilisés par la crise. À ceux qui s'inquiètent de l'augmentation (2 
euros) du forfait hospitalier, le Macron réplique que les français ne souffriront pas 
de cette mesure car ils sont couverts par une assurance complémentaire prenant en 
charge cette dépense. Il veut ignorer que nombre de français n'ont pas les moyens 
de cotiser à assurance complémentaire. Et surtout que les mutuelles ont annoncé 
qu'elles devront augmenter leurs tarifs pour faire face à ce nouveau coût. Ainsi, la 
contribution sociale (publique) restera inchangée mais les frais de mutuelle (privés) 
augmenteront. 
Enfin, les collectivités locales devront à nouveau réduire leurs frais de 
fonctionnement en 2018 (2,6 milliards). Cette maîtrise sera d'autant plus simple 
que le PLF prévoit des nouvelles attaques envers la fonction publique : gel du point 
d'indice, rétablissement du jour de carence et nouvelle baisse des effectifs en vue. Le 
service public garant de l'intérêt général sera encore fragilisé pour servir les intérêts 
particuliers des plus nantis. Robin des bois à l'envers en somme. 
Raul S. Alquier

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