Chers médias libres, Le Média vous salue fraternellement
30 octobre 2017 / Gérard Miller
L’annonce du lancement de Le Média a froissé une partie des médias alternatifs. Dans cette tribune, un de ses fondateurs inscrit l’action du projet télévisuel dans l’« histoire de l’information alternative » et invite à travailler en commun.
Gérard Miller est psychanalyste et universitaire. Il est un des fondateurs de Le Média. Il répond à la tribune de la Coordination permanente des médias libres.
- Gérard Miller.
Je me couvre la tête de cendres. Je suis l’un des rédacteurs du Manifeste pour un média citoyen, qui a été publié le 25 septembre dans le journal Le Monde, et j’ai donc notamment co-écrit ses deux premières phrases :
Quand l’information et la culture sont trop souvent traitées comme des marchandises, quel rôle les citoyen·ne·s peuvent-ils encore jouer pour faire vivre le pluralisme et le débat ? Cette question appelle une réponse qui ne saurait attendre. »
La première phrase pose une question qui est parfaitement fondée et les deux adverbes que nous avons accolés, « trop » et « souvent », étaient supposés faire comprendre que le phénomène dénoncé d’emblée ne se produisait fort heureusement pas… « toujours ». Mais la seconde phrase n’en manquait pas moins de clarté et a donc fait craindre à nombre de médias alternatifs qui avaient très largement précédé notre Manifeste, que nous sous-estimions leur travail, voire que nous l’ignorions.
C’est dans la pratique que se jugeront nos intentions
Certes, à la télévision ou à la radio où nous avons été à de nombreuses reprises invités depuis le 25 septembre pour parler de notre projet, nous avons levé toute ambiguïté, en faisant systématiquement référence aux médias qui font vivre la presse libre au quotidien et dont beaucoup sont regroupés de fait dans la Coordination permanente des médias libres (CPML) et dans un réseau Médias citoyens. À chaque fois, nous leur avons rendu hommage, non seulement parce que notre initiative s’inscrivait en droite ligne à la suite de la leur, mais parce que nous souhaitons clairement être inscrits dans cette histoire de l’information alternative dont ils sont, et depuis longtemps, les protagonistes les plus actifs.
Même si la création d’un grand média audiovisuel alternatif, c’est-à-dire d’une véritable télévision pluraliste se réclamant des valeurs que notre Manifeste exprime, serait une nouveauté en France, il n’empêche que nous aurions dû, dans ledit Manifeste, nous positionner explicitement par rapport à ce que je ne vais pas appeler nos ancêtres, car ils ont plus que jamais bon pied bon œil, mais nos aînés, nos précurseurs, et surtout nos amis. Et c’est d’autant plus vrai que nous ne concevons pas Le Média sans l’établissement d’une étroite et permanente collaboration avec eux.
Puisse donc ce petit texte lever tout malentendu, même si je sais que c’est dans la pratique que nous aurons au quotidien et dans les associations étroites que nous serons capables, les uns et les autres, d’établir, que se jugeront nos intentions, dont j’espère néanmoins qu’on nous fera dès à présent le crédit de penser qu’elles sont bonnes et… fraternelles.
(Article paru dans Reporterre)
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