mardi 13 novembre 2018

Assumons le conflit inévitable avec le néolibéralisme consumériste.

La manif à venir à propos de la hausse des carburants et à cause  de la consommation effrénée qui nous oblige à plus de croissance (on va dans le mur!), ainsi que l'actualité écologique planétaire et les ravages de toute sorte, m'ont replongé dans des lectures récentes.
Voici ce que j'en retire:

 
La COP21 proclame l'ambition de limiter à 2 degrés l'augmentation des températures. Mais dans le document final, le simple terme "énergie fossile" est absent. La même remarque vaut pour le transport aérien également oublié. Pourquoi ces "absences" et ces "oublis"? Parce que nos dirigeants refusent d'affronter des lobbys ou de pénaliser les grandes entreprises nationales et multinationales . Comme s'ils voulaient changer les choses sans léser personne (sauf nous!). Pourtant il faudra bien que les intérêts de certaines parties (les autres!) soient affectés pour que les objectifs fixés soient atteints. En somme: on ne luttera pas contre le réchauffement climatique sans affronter Exxon ou Total, sans s'opposer à Monsanto et à la FNSEA.
Les grands groupes pétroliers ont tout à perdre dans la transition écologique. Il sont donc  à la manœuvre pour l'empêcher : en 2013, ils ont ainsi dépensé 400 000 $ par jour en lobbying direct aux U.S. pour éviter tout changement des règles du jeux en leur défaveur. Exxon, BP, Shell ou Total ont besoin d'annoncer des réserves toujours plus grandes pour continuer à voir le cours de leurs actions grimper en bourse. Cette course à l'exploitation et à l'extraction est catastrophique pour la planète et surtout pour l'humanité, mais, entre la bourse et la planète, ces compagnies ont vite fait leur choix. Selon leurs propres chiffres , on estime que leurs émissions de gaz à effet de serre dans les trente prochaines années seront cinq fois supérieures au taux envisagé pour remplir l'objectif des deux degrés. Le respect de cet objectif exigerait de leur part des sacrifices immenses. Il ne sont pas prêts à se faire hara-kiri par souci de la république. Il faudra donc les obliger à changer.
Les contraindre à courber l'échine n'est pas impossible. Un tel bouleversement de  des modes de consommation et de production devrait être possible. 
Des précédents historiques devraient pourtant encourager nos dirigeants à plus d'audace: la politique n'est impuissante que lorsqu'elle consent à l'être. Par exemple au sujet de l'esclavage, des fortunes immenses et des pans entiers de l'économie étaient menacés par son abolition . Des décisions politiques les ont mis à terre . Cela ne s'est pas fait sans heurts: une guerre civile extrêmement meurtrière a même éclaté aux U.S.. Faire l'économie d'un tel conflit armé est possible. Il est impossible en revanche  de s’épargner   toute forme de conflit. Prétendre mener la transition écologique dans le consensus et sous les applaudissements des actionnaires de compagnies pétrolières, des éleveurs intensifs, des patrons de Monsanto, des propriétaires de mines d'or ou des prêtres du libre-échange, revient simplement à se moquer du monde. 

A un moment, il faut trancher.
Promettre de s'attaquer en même temps au réchauffement climatique et à la protection de la biodiversité ne peux pas fonctionner longtemps, si par ailleurs on promet beaucoup de choses aux lobby: Total & ..., aux chasseurs à de nombreux autres acteurs dont les ambitions sont fort éloignées de quelconque ministre de l'écologie. Ça fait trente ans qu'on empreinte un chemin tragique, on se fait complice de cette tragédie. La politique doit cesser de faire de l'équilibrisme pour redevenir l'art de définir une priorité (sauver l'humanité et la biodiversité de nos égarements) et donc de trancher dans ces contradictions absolues. Il va falloir se fâcher avec ceux qui nous poussent dans l’abîme. Prendre de front un modèle productiviste qui conduit le monde au désastre. La situation est d'autant plus frustrante que changer les choses est en réalité possible. La privatisation du monde n'est pas une fatalité. Tant que la catastrophe n'est pas là, on pense pouvoir se passer de l'État, mais lorsque survient le drame, l'impasse néolibérale saute aux yeux.
Tout cela suppose de ne pas se laisser divertir, de ne pas céder à la tentation de croire que l'on peut lutter contre le réchauffement climatique sans grand bouleversement économique et social. L'idée que la science peut apporter la solution et que la technique peut résoudre le problème qu'elle a engendré est très séduisante mais pas garantie ni prouvée. La recherche de carburants  non polluants s’essouffle quand les activités polluantes repartent en expansion. Les lobbys récusent tout reniement sur le climat en promettant de tout changer sans  toucher à rien de ce qui fait leur fortune. Par la géo-ingénierie dont la cause serait: Refroidir artificiellement l'atmosphère (horizon lointain) qui permet en attendant de continuer à gagner de l'argent en la réchauffant. "Tartufferie", mensonge génial guidé par les seuls appâts du gain et de la gloire? Ou est-on face à des hommes passionné et instables dont les sincérités successives rendent tout engagement pérenne impossible? ILs se prétendent "Maîtres d'eux- mêmes comme de l'univers" (Corneille). Comme ils ont prouvé qu'ils ne peuvent être maître d'eux-mêmes, nos capitaines d'industrie ont décidé de n'être que maîtres de l'univers, mais pour un temps seulement, jusqu’à ce qu'ils aient  complètement tout détruit ici bas. D'ailleurs, ils entrevoient leur point de chute personnel dans d'autres planètes habitables pour le jour où leurs actions auront rendu la nôtre invivable puis inhabitable (quelle utopie!). Qu'ils se dépêchent, car le compteur tourne pour eux aussi.
Moi je crois qu'il ne seront même pas épargnés il sera trop tard pour eux aussi. 

A suivre...
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