vendredi 3 avril 2020

Le gouvernement face au coronavirus : récit d'une faillite en 70 jours




Retard à l'allumage



Pendant de longues semaines, le gouvernement a assuré que le coronavirus était "sous contrôle". Avant de se voir dépassé par l’ampleur de l’épidémie. Entre-temps, les stocks de masques, de médicaments et de kits de dépistage se sont vidés…
Le coup de gong date du 21 janvier. Il résonnera peut-être jusque dans les livres d’histoire de France. Ce mardi-là, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, tient une première conférence de presse. A son pupitre, elle bute sur un mot. « N-cov », dit-elle, signe qu’au début de cette guerre, le nom de l’adversaire n’est pas familier. L’Elysée, ce jour-là, a discrètement ouvert une cellule de crise. En Chine, le drame qui couve depuis novembre vient de changer d’échelle. Ce soir-là, France 2 en fait l’ouverture de son 20 heures. « L’Asie en alerte maximale ». Six morts, un millier de personnes en observation. Mais Buzyn se veut rassurante : « Le risque d’introduction en France de cas liés à cet épisode est faible, mais ne peut être exclu. » La ministre annonce que des messages dans les avions entre Paris et la ville de Wuhan seront diffusés, et des « affiches disposées à Roissy ». Pas d’affolement. « Notre système de santé est bien préparé », insiste-t-elle.
Dans Le Monde, en mars, Agnès Buzyn affirmera avoir « vu la première ce qui se passait en Chine dès le 20 décembre » et « envoyé un message au président le 11 janvier ». Mais devant les caméras, ce 21 janvier, aucune trace d’inquiétude n’affleure. Les historiens, comme les membres des futures commissions d’enquête, voire les juges, qui auront un jour à dépiauter cette crise, commenceront par cette question : politiques et experts ont-ils tenu pendant des semaines un double discours, ou sont-ils tout simplement passés à côté de l’ampleur du drame à venir ?

Six semaines de drôle de guerre

Une drôle de guerre s’installe et va durer six semaines. Le 22 janvier, un nouveau visage fait son apparition. Celui de Jérôme Salomon. Ce médecin très « politique », venu du PS, ancien des cabinets ministériels de Kouchner et Touraine, occupe le poste de directeur général de la Santé (DGS). Ce spécialiste des épidémies a rallié la campagne de Macron dans les premiers jours, et a coordonné son groupe de travail « santé » pour la présidentielle. Dès le 6 septembre 2016, il lui transmettait par e-mail une « note confidentielle » consacrée à la « réponse nationale face aux risques majeurs ». Son constat d’alors ? « Notre pays a peu d’expérience de préparation et de gestion des catastrophes », dont les « épidémies ». Il en concluait que « la France n’est pas prête », notamment en ce qui concerne « l’accueil des victimes en milieu hospitalier en particulier si l’afflux [...] est important, supérieur à 300 en urgence absolue ». Et d’ajouter cette phrase, qui résonne étrangement aujourd’hui : « Une des clefs du succès repose sur la rapidité et l’efficacité des mesures prises. »
Trois ans et demi plus tard, ce 22 janvier 2020, le même Jérôme Salomon n’a pas encore compris la catastrophe qui s’annonce : « C’est un virus de la grippe », dit-il. « Probablement un virus qui se propage moins rapidement », signant là une première erreur. « On peut parfaitement maîtriser une épidémie », insiste le DGS, recommandant « des gestes simples ». Se laver les mains, « porter un masque si l’on est malade… ».
La France, au lendemain de l’épidémie de H1N1, en 2009, s’était dotée de stocks très importants : un milliard de masques chirurgicaux (FFP1) et 700 millions de masques plus performants (FFP2). Mais depuis 2011, l’Etat s’est désintéressé de ces réserves, en transférant leur gestion aux hôpitaux et collectivités locales. Début janvier 2020, plus personne n’est en mesure de savoir combien le pays en a !
Le 27 janvier, nouvelle conférence de presse. La veille, la Commission nationale de santé chinoise a fait état d’une période d’incubation pouvant aller jusqu’à quinze jours, pendant laquelle les patients peuvent être contagieux. En clair, que le virus peut se propager à une vitesse exponentielle. Trois cas sont déjà apparus en France, dont celui d’un touriste chinois et de sa famille. Mais Salomon ne montre toujours aucune inquiétude. Le 28, l’Allemagne est touchée. Puis, le 31 janvier l’Italie. « Notre stratégie est de freiner l’introduction du virus », martèle le DGS à longueur de conférence de presse. Les six cas français sont « sous contrôle ». Une sorte de ligne Maginot est en place. Le 3 février, la Chine a pris des mesures de confinement « drastiques », isolé des mégalopoles, et commencé la construction d’hôpitaux. Quand, le 8 au matin, Agnès Buzyn annonce « cinq nouveaux cas » dans les Alpes, liés à un Britannique de retour de Singapour, un nouveau terme apparaît : le « cluster », ce foyer épidémique à isoler. Jérôme Salomon assure que « dans la nuit » toutes les personnes en contact avec ce Britannique ont été mises à l’écart. La ligne Maginot fonctionne lors de cette première escarmouche. Le 15 février, quand elle tient sa dernière conférence de presse, l’affaire Griveaux ayant éclaté la veille, Buzyn annonce un bilan français « stationnaire » à 11 cas.
En coulisses, l’Etat a lancé le recensement de ses masques. Et les premiers comptages remontent. « On a su très vite, fin février, qu’il n’en restait pas beaucoup, et que de nombreux stocks datant de 2011, avec une péremption à cinq ans, étaient donc périmés », confie une source au ministère de l’Intérieur. « Il y avait autour de 150 millions de masques en réserve, un héritage notoirement insuffisant, admet aujourd’hui à Marianne une source gouvernementale. Il a effectivement été décidé très vite d’économiser les masques et donc de les réserver aux soignants. » Et, au passage, de mentir aux Français. Le 24 février, Olivier Véran (Buzyn étant partie faire campagne à Paris) est déjà interpellé sur le manque de masques. La langue de bois s’apprend vite : « La France dispose de stocks massifs de masques chirurgicaux si nous avions besoin d’en distribuer. Nous avons lancé des commandes pour des millions de masques FFP2, à haut niveau de technicité pour les seuls professionnels en contact avec les malades confirmés […] La commande permettra de répondre à la totalité des besoins qui pourraient se faire ressentir, quelles que soient les situations que la France pourrait connaître du point de vue de la menace épidémique », assure-t-il. A lui aussi, l’avenir donnera vite tort…
Mais fin février, la « stratégie » française consistant à miser sur « la détection et l’isolement rapide des malades » fait encore illusion. Le premier point de rupture date du 25 février. Nouveau cas à Annecy. Puis, le lendemain, 38 autres apparaissent brutalement. Plusieurs « chaînes » de transmission surgissent : dans l’Oise, dans le Morbihan. Le 29 février, 130 nouveaux cas. De toutes parts, Maginot craque. Impossible de repérer puis d’isoler chaque nouveau « cluster ». Ce virus circule trop vite, y compris via des gens qui ne présentent aucun symptôme. Le 4 mars, 285 nouveaux cas en vingt-quatre heures, dont de nombreux dans le Haut-Rhin, à la suite d’une fête religieuse. Le 5 mars, l’Elysée réunit chercheurs, médecins et labo privés. L’heure est à la prise de conscience.
Le 8 mars, Olivier Véran appelle « tous les Français à appliquer les gestes barrières » et déconseille « les visites aux personnes âgées ». Mais, faute de stocks, toujours pas de distribution de masques dans les Ephad. Ni de mesures de confinement. Sur la voie publique, les policiers sont priés de ne pas porter de masque, pour ne pas « inquiéter ». Tout cela alors que le 6 mars, l’Organisation mondiale de la Santé a tenu une conférence de presse au ton catastrophiste : « A mesure que le nombre de cas augmente, nous continuons à recommander à tous les pays de faire du confinement leur priorité absolue. »
Le 6 mars au soir, Emmanuel Macron et son épouse se rendent pourtant au théâtre « pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus ». Trois jours plus tard, la France compte déjà 1.784 cas, soit 372 de plus en vingt-quatre heures. L’épidémie explose. La « stratégie » française n’y pourra rien. Les écoles viennent d’être fermées dans l’Oise et le Haut-Rhin. Pour la première fois, ce 10 mars, s’est réuni un « conseil scientifique », auprès du chef de l’Etat. Il était temps. Les municipales sont dans cinq jours.

Cinq jours de valse-hésitation

Ils sont une quarantaine autour de la table. Ce jeudi 12 mars, Edouard Philippe a réuni tous les chefs de file des groupes parlementaires. Dans la nuit, Trump a interdit d’entrée aux Etats-Unis les citoyens européens. Cette décision va-t-elle entraîner une réaction en chaîne ? La réunion va durer deux heures et demie. « En arrivant, on pensait que le Premier ministre nous annoncerait que le président allait invoquer l’article 16 de la Constitution lui permettant de prendre les mesures d’urgence », confie un participant. Mais ce jeudi, pas question d’article 16. « Il a beaucoup été question d’économie, et nous avons réalisé l’ampleur de la catastrophe à venir », confie Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR. Mais la question des municipales est… à peine abordée. « Edouard Philippe nous a assuré que le conseil scientifique avait dit, sous réserve d’appliquer des mesures barrières, que le premier tour pouvait avoir lieu », certifie Retailleau selon lequel « personne n’a évoqué le report ».
Mais, ce même matin, en parallèle de cette réunion à Matignon, Macron réunit le fameux conseil. Les chiffres de l’épidémie sont dans le rouge. « Pour la première fois, on nous a expliqué qu’une situation à l’italienne allait arriver en France », confie un proche du président. Le conseil scientifique parle de huit jours d’intervalle et demande au président de « réveiller les Français » d’urgence. Trois scénarios sont développés ce jour-là, dont une catastrophe à 350.000 morts, « si aucune mesure n’était prise », et un « médian » à 80.000 décès.
Selon nos sources, ce jeudi 12 mars, quand Edouard Philippe rejoint l’Elysée pour déjeuner avec le chef de l’Etat, ce dernier est partisan du report des municipales. Le couple de l’exécutif demande au conseil scientifique un « avis écrit ». Les experts réclament un délai de réflexion de vingt-quatre heures. « Vous ne l’avez pas », réagit le président qui s’adresse aux Français le soir même. Les scientifiques s’enferment dans une pièce de l’Elysée. Leur verdict tombe dans l’après-midi : « Si des mesures de précaution sont mises en œuvre dans les bureaux de vote, il ne sera pas plus dangereux d’aller voter que d’aller faire ses courses. » Mais dans l’après-midi, malgré cet avis rassurant, Macron reste favorable à un report des élections. « Pour cela, il faut une unité nationale », lâche le président en petit comité.
Vers 17h30, le président du Sénat est à une réunion publique dans le Val-d’Oise. C’est là qu’il reçoit un coup de fil du président. Emmanuel Macron l’interroge sur le report. Gérard Larcher « tombe des nues ». Celui-ci lui aurait demandé en retour « si des données avaient changé depuis le matin, si on passait du stade 2 au stade 3. Mais non. Alors, Gérard Larcher lui a dit qu’il prendrait publiquement position contre », raconte un proche du président du Sénat. Même réponse des autres chefs de parti. « Macron était seul », dit un de ses fidèles. A deux heures de son intervention en direct, le président hésite toujours. Selon nos sources, tout son entourage, y compris à l’Elysée, est contre le report du scrutin. Edouard Philippe et les principaux ministres aussi. Idem pour Richard Ferrand. Une seule voix plaide pour. Celle du maire de Pau. François Bayrou passe ce jeudi au téléphone. Avec le président, puis, un à un, avec tous ses proches de l’Elysée. « Il faut ne rien connaître à l’histoire si on pense qu’une décision pareille doit être laissée à un conseil scientifique, peste Bayrou. Souvenez-vous de Pasteur, à l’époque, tous les scientifiques étaient contre son vaccin. La décision de reporter les municipales ne peut être qu’une décision politique », martèle le patron du Modem.
A 20 heures, quand Macron prend la parole en direct, pour un discours qui vient à peine d’être finalisé avec le Premier ministre, il conseille aux personnes âgées de rester chez elles… tout en maintenant le premier tour. Un « en même temps » paradoxal. « Le président a considéré qu’un report ne pouvait être le fruit que d’un consensus politique qu’il n’avait pas », plaide un de ses proches. Mais qui avait toutes les données en main pour mesurer à quel point l’épidémie se propageait ? Le samedi 14 mars, arrivant au Touquet où il votera le lendemain, Macron est sous le choc : les terrasses et restaurants sont pleins… A Paris, ce même jour, le conseil scientifique s’affole : « La distanciation sociale n’est pas respectée. » Le soir même, Edouard Philippe prend la parole, l’air grave. « Face à l’accélération de la propagation du virus, j’ai à nouveau consulté le conseil scientifique… », à compter de ce soir, à minuit, tous les lieux recevant du public seront fermés. « C’était une nouvelle folie, ce soir-là, de ne pas annuler les municipales », dira Bayrou, qui, jusqu’à minuit, espère. « Nombreux sont ceux – y compris ceux qui étaient contre le jeudi – à avoir alors suggéré au président d’annuler les élections », soupire-t-on à l’Elysée. A la veille du vote, la France compte 4.500 cas. « Ce chiffre a doublé en soixante-douze heures », annonce Jérôme Salomon, l’œil sombre.

A la poursuite du temps perdu

« Avec un peu d’organisation, on pourrait monter à six fois plus. » Ce jeudi 26 mars, Lionel Barrand se veut combatif, mais il est agacé. Le président du syndicat des jeunes biologistes médicaux, en poste en Alsace, se démène pour décupler les capacités de dépistage de la population locale, fortement éprouvée par le virus. Mais le compteur national des tests reste bloqué à 8.000 analyses quotidiennes, contre 70.000 en Allemagne. « On a pris du retard, on a pris la chose un peu par-dessus la jambe. C’est une erreur de vision », constate le biologiste. Faute de tests, les personnes qui présentent des symptômes jugés légers ne sont même plus dépistées. Une hérésie, disent tous les virologues. « Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés […] Testez chaque cas suspect », a exhorté l’OMS, le 17 mars. Dès le 10 février, l’institution indiquait que les pays touchés devaient se doter d’une capacité à « diagnostiquer rapidement » les cas. Impossible, faute de stocks, a reconnu Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique.
Comme le lièvre de La Fontaine, l’exécutif doit désormais rattraper le temps perdu. Le dimanche des municipales, devant sa télé, le chef de l’Etat a compris qu’il assistait davantage à « une soirée coronavirus qu’à une soirée électorale ». Il n’a plus le choix. Lundi 16 mars, la France entre en quarantaine. Avant même l’allocution présidentielle, les rumeurs annonçant un couvre-feu et la fin des transports se multiplient sur WhatsApp ou Facebook. Ce téléphone arabe 2.0, signe d’une panique générale, entraîne un exode urbain. Ça n’est pas juin 1940, mais, en quarante-huit heures, quelque 17 % des Parisiens se sont « réfugiés » en province. Les supermarchés ont été pris d’assaut, entraînant parfois des bagarres pour un simple paquet de pâtes.
D’autres pénuries ont des effets plus graves. Depuis une semaine, les hôpitaux et laboratoires ont toutes les peines à mettre la main sur des écouvillons, ce coton-tige que l’on place dans le nez des patients. Le 20 mars, les CHU de Strasbourg et de Béziers ont dû solliciter les maigres réserves de laboratoires privés. Pourtant, ce même jour, Trump obtenait 800.000 écouvillons auprès d’un fournisseur italien. « Ailleurs, les gouvernants ont mis en place ce qu’il fallait. Nous, on a été oubliés », regrette Georges Ruiz, le président d’Inovie, un des principaux groupes d’analyses médicales. La France paye aussi son absence de souveraineté médicale. Et d’anticipation. Sans compter ces pieds de nez, comme celui de bioMérieux, cette grande entreprise française qui vient d’annoncer la commercialisation d’un test plus rapide, à destination prioritaire… du département de la Défense américain, qui l’a cofinancé.
A plusieurs endroits, le personnel hospitalier annonce aussi un manque de médicaments anesthésiques. Ce qui pourrait entraîner un rationnement. La faute à ces principes actifs qu’il faut se faire envoyer de pays étrangers, comme la Chine et l’Inde. Et puis il y a ces masques, que les soignants ne cessent de réclamer. Samedi 28 mars, Olivier Véran annonce finalement la commande d’un milliard de masques. Soit l’équivalent du stock de 2011. Tout le monde en portera contrairement aux « consignes » antérieures. Quant au dépistage, le ministre reconnaît la nécessité de « faire évoluer la stratégie », et promet jusqu’à 100.000 tests par jour d’ici à fin mai. A ses côtés, ce jour-là, Jérôme Salomon s’est tu.
La présidence, elle aussi, s’est mise en confinement. Seuls 20% des effectifs se rendent encore au bureau. Le président enchaîne les appels, y compris avec le Dr Philippe Klein, à Wuhan, et avec ce professeur Didier Raoult, qui ne cesse de clamer, depuis son hôpital marseillais, l’efficacité de la chloroquine pour traiter le virus. Avant même la publication d’études définitives sur le sujet, un décret publié en urgence le 26 mars autorise sa prescription pour les cas les plus critiques. Signe de la gravité de la situation qui nécessite de s’affranchir des protocoles qu’on apprend en école de médecine. Mais, déjà, sur les réseaux sociaux, les messages complotistes fleurissent.
En une semaine, entre le 20 et le 27 mars, la cote de confiance du gouvernement a baissé de onze points. Comme une réponse à Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée déclarant le 22 mars que « notre actif le plus précieux, c’est la confiance ». Le même qui rembarrait, sans ménagement, dans un échange de mails de décembre 2016, issu des « Macron Leaks », un Jérôme Salomon « inquiet » pour « un hôpital au bord de l’explosion » : « Je partage à mon tour mon inquiétude avec toi […] On doit être très rigoureux sur le volet budgétaire. » Trois ans plus tard, l’heure n’est plus aux économies. Emmanuel Macron a annoncé qu’il fera tout pour sortir le pays de l’épidémie, « quoi qu’il en coûte ». La France entrera bientôt en récession. Depuis le coup de gong du 21 janvier, il ne s’est écoulé que deux mois… Une éternité.

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