lundi 29 avril 2019

De malaise en malaise, la campagne de Nathalie Loiseau vole en piqué


Mayday
Par Louis Nadau

La tête de liste LREM pour les élections européennes a été accusée ce dimanche de banaliser l'homophobie, ce dont elle s'est défendue à coups de clichés sur les gays. Ce lundi, l'ex-directrice de l'ENA a justifié son soutien à la suppression de l'école en employant l'expression "romanichel", péjorative à l'endroit de la communauté rom…

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas... Au fil de sa campagne comme tête de liste de La République en marche (LREM) aux élections européennes du 26 mai, Nathalie Loiseau n'en finit pas de s'empêtrer dans les polémiques et les erreurs de communication. Dernier épisode en date ce lundi 29 avril : sur France Culture, il s'agit alors de s'aligner sur la volonté de suppression de l'ENA exprimée par Emmanuel Macron, une contorsion a priori pour l'ancienne directrice… de l'ENA. La candidate, qui n'avait pas hésité un peu plus tôt sur Radio J à se dire "soulagée qu'on donne un coup de pied dans la fourmilière", enfonce le clou en se mettant dans la coquille de Calimero afin de pointer à son tour l'entre-soi de l'école des hauts fonctionnaires : "Disons les choses : je n'ai pas été accueillie avec des fleurs, en n'étant pas ancienne de l'ENA, femme de moins de cinquante ans, j'avais l'impression d'être une romanichelle quand je suis arrivée à la tête de l'ENA".
"Romanichelle", donc, rien de moins. Un terme péjoratif désignant un membre de la communauté tsigane ou rom... Ballot, pour une candidate qui, dans la même émission, dénonce par ailleurs "la montée des nationalismes en Europe", prenant en exemple le "recul des libertés" et la montée de l'antisémitisme dans la Hongrie de Viktor Orban. Or, devinez qui fait aussi l'objet d'une stigmatisation dans ce même pays ? La communauté rom ! 

L'affaire tombe mal, la semaine suivant la révélation par Mediapart de son appartenance passée, quand elle était étudiante à Sciences Po en 1984, à une liste étudiante composée notamment d'anciens membres du GUD, qui avait déjà plombé son message de rempart contre l'extrême droite.

"contribuer à la banalisation de l’homophobie"

La veille déjà, Nathalie Loiseau avait été mise face à une autre contradiction, au sujet de la Pologne cette fois, quand des photos de sa dernière publication, "L'Europe en BD", publiée le 17 avril aux éditions Casterman, ont surgi sur les réseaux sociaux. On y voit que pour prôner la tolérance vis-à-vis des différences culturelles entre les 28 pays membres de l'Union européenne, l'auteure du texte a choisi la question du mariage des homosexuels. Faisant dire à un enfant : "Moi, je suis Polonais. Eh bien, deux garçons qui se marient, en Pologne, même pas en rêve !". Les autres personnages prennent acte de cette déclaration, avec la bénédiction du professeur qui conclut : "Nous avons des différences, c'est sûr, et il faut les respecter. D'ailleurs, voici la devise de l'Europe : 'Unie dans la diversité'". Gloups.
Une banalisation de l'opinion homophobe qui n'a pas manqué d'être pointée sur Twitter. "Présenter des propos et comportements homophobes dans un livre destiné aux jeunes comme relevant de la diversité de l’Union européenne, c’est contribuer à la banalisation de l’homophobie. Ceci est incompréhensible et très maladroit", a notamment réagi SOS homophobie. "Triste baffe aux personnes LGBT de toute Europe qui veulent l'égalité", a écrit de son côté le député socialiste Boris Vallaud, demandant : "Cette démonstration absurde marche avec tout ? L'IVG ? L'accueil des réfugiés? Avec de tels "progressistes", à quoi servent les conservateurs ?".

Nathalie Loiseau brandit ses "frères homosexuels"

Pas de quoi faire douter la reine de la com', qui rétorque : "Décrire la Pologne telle qu'elle est ne veut pas dire qu'on l'approuve". Un message accompagné d'un passage d'une autre de ses œuvres, son livre écrit en 2014 ("Choisissez tout"), censé la dédouaner de tout soupçon d'homophobie : "Gais, il l'étaient tous et ils étaient tous gays. Le Paris de la mode, c'est eux, leur fantaisie, leur lucidité parfois noire et souvent drôle, leur capacité à jouer à fond la comédie de la mode et à en connaître la vanité… J'ai commencé avec eux un bout de chemin que je n'ai plus jamais arrêté. Minorités extralucides, mes frères homosexuels observent, analysent décryptent le mainstream comme personne"… Soit plus de clichés en une page que dans un livre entier de Yann Arthus-Bertrand.
Constatant une certaine suspicion quant à l'efficacité de cette démonstration, revoilà l'ancienne ministre qui envoie un tweet solennel pour manifester son opposition à Jaroslav Kaczynski, leader du parti conservateur nationaliste polonais (PiS) dont est issu l’actuel président polonais : "L’homophobie de Jaroslav Kaczynski, qui désigne les LGBT comme une 'menace contre la Pologne', est en réalité une menace contre les valeurs de l’Europe. Ne laissons pas l’obscurantisme gagner en Europe". Tiens donc, et l'union dans la diversité des opinions, alors ?


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