Pas de tournant social dans les annonces d'Emmanuel Macron ce lundi 25
avril, lors de son discours suivi d'une conférence de presse après 5
mois de crise des gilets jaunes.
Deux heures et demie riches de constats lucides et... d’annonces
contradictoires. Au fil de sa présentation, comme de ses réponses aux
questions des journalistes lors de sa conférence de presse ce lundi 25
avril, Emmanuel Macron a posé des diagnostics décisifs. Oui, a d’abord
reconnu le chef de l’Etat, les effets pervers de la mondialisation
mettent à ce point les salaires des moins qualifiés et des plus
précaires sous pression qu’ils ne peuvent vivre dignement de leur
travail, comme ils le clament depuis des mois, notamment dans les
cortèges des gilets jaunes.
Pour autant, première incohérence de sa part, Emmanuel Macron
s’interdit d’augmenter le Smic de peur, affirme-t-il, de détruire des
emplois. Surtout, il n’annonce pas d’élargissement des critères
d’attribution de la prime d’activité, dont le montant varie pourtant en
fonction des revenus des ménages et non en fonction des seuls bulletins
de paye. Choix qui prive nombre de familles des « 100 euros de hausse du
Smic » annoncées en fanfare en décembre dernier. Certes, les
partenaires sociaux et les élus, enfin appelés à discuter avec le
gouvernement le mois prochain, se saisiront sans doute de ce sujet. On
regrettera cependant ces quatre mois de perdus, puisque la CFDT de
Laurent Berger avait appelé à un Grenelle du « pouvoir de vivre » dès
avant Noël.
Sur le sujet explosif des retraites, même incohérence du président de
la République. D’abord il admet, c’est le moins, avoir été inéquitable
en ponctionnant trop les anciens, dont il a élevé la CSG tout en
augmentant les pensions moins que l’inflation. Et promet donc, pour se
racheter, de réindexer d’abord les retraites inférieures à 2.000 euros
sur l’inflation en 2020, puis toutes les pensions à partir de 2021. Mais
lorsqu’il aborde la future réforme de retraites, sur laquelle Jean-Paul
Delevoye et les syndicats se concertent depuis huit mois, il reprend un
chemin inéquitable... Ainsi, en reconnaissant que nombre de séniors ne
peuvent travailler jusqu’à 64 ans parce qu’ils ont déjà le plus grand
mal à se maintenir en emploi jusqu’à 62 ans - notre marché du travail
discriminant lourdement les plus âgés, à la différence de l’Allemagne -,
le Emmanuel Macron annonce qu’ils subiront une décote s’ils liquident
leurs pensions à 62 ans et non à 63 ou 64 ans. Ne leur serait alors
garanti qu’un minimum de 1.000 euros par mois.
Or, ce tour de
passe-passe revient à rendre plus pénibles les vieux jours des actifs
déjà les plus pénalisés sur le marché de l’emploi. « 1.000 euros ne permettent pas de vivre dignement »,
critique Philippe Martinez le secrétaire général de la CGT. Certes, une
part du produit de cette décote serait consacrée au financement de la
dépendance. Mais ce risque, qui relève de l’assurance maladie, devrait
être financé par l’impôt.
Finalement, il n’y a guère que sur les
suppressions de postes de fonctionnaires qu’Emmanuel Macron, à la veille
d’une mobilisation unitaire des agents des services publics le 8 mai,
gagne en cohérence.
Puisqu’il propose de créer, dans chaque canton, une maison des services publics qui faciliterait la vie des Français en leur donnant un accès plus direct aux agents publics, il n’exigera plus de son gouvernement 120.000 suppressions de postes dans les trois dernières années de son quinquennat. Les économies seront davantage ciblées sur les 140 milliards d’aides et de niches fiscales accordées aux entreprises. Enfin !
Puisqu’il propose de créer, dans chaque canton, une maison des services publics qui faciliterait la vie des Français en leur donnant un accès plus direct aux agents publics, il n’exigera plus de son gouvernement 120.000 suppressions de postes dans les trois dernières années de son quinquennat. Les économies seront davantage ciblées sur les 140 milliards d’aides et de niches fiscales accordées aux entreprises. Enfin !
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