samedi 27 avril 2019

Smic, réformes des retraites… Macron reste dans l’incohérence

Par Laurence Dequay

Pas de tournant social dans les annonces d'Emmanuel Macron ce lundi 25 avril, lors de son discours suivi d'une conférence de presse après 5 mois de crise des gilets jaunes.

Deux heures et demie riches de constats lucides et... d’annonces contradictoires. Au fil de sa présentation, comme de ses réponses aux questions des journalistes lors de sa conférence de presse ce lundi 25 avril, Emmanuel Macron a posé des diagnostics décisifs. Oui, a d’abord reconnu le chef de l’Etat, les effets pervers de la mondialisation mettent à ce point les salaires des moins qualifiés et des plus précaires sous pression qu’ils ne peuvent vivre dignement de leur travail, comme ils le clament depuis des mois, notamment dans les cortèges des gilets jaunes.
Pour autant, première incohérence de sa part, Emmanuel Macron s’interdit d’augmenter le Smic de peur, affirme-t-il, de détruire des emplois. Surtout, il n’annonce pas d’élargissement des critères d’attribution de la prime d’activité, dont le montant varie pourtant en fonction des revenus des ménages et non en fonction des seuls bulletins de paye. Choix qui prive nombre de familles des « 100 euros de hausse du Smic » annoncées en fanfare en décembre dernier. Certes, les partenaires sociaux et les élus, enfin appelés à discuter avec le gouvernement le mois prochain, se saisiront sans doute de ce sujet. On regrettera cependant ces quatre mois de perdus, puisque la CFDT de Laurent Berger avait appelé à un Grenelle du « pouvoir de vivre » dès avant Noël.

Sur le sujet explosif des retraites, même incohérence du président de la République. D’abord il admet, c’est le moins, avoir été inéquitable en ponctionnant trop les anciens, dont il a élevé la CSG tout en augmentant les pensions moins que l’inflation. Et promet donc, pour se racheter, de réindexer d’abord les retraites inférieures à 2.000 euros sur l’inflation en 2020, puis toutes les pensions à partir de 2021. Mais lorsqu’il aborde la future réforme de retraites, sur laquelle Jean-Paul Delevoye et les syndicats se concertent depuis huit mois, il reprend un chemin inéquitable... Ainsi, en reconnaissant que nombre de séniors ne peuvent travailler jusqu’à 64 ans parce qu’ils ont déjà le plus grand mal à se maintenir en emploi jusqu’à 62 ans - notre marché du travail discriminant lourdement les plus âgés, à la différence de l’Allemagne -, le Emmanuel Macron annonce qu’ils subiront une décote s’ils liquident leurs pensions à 62 ans et non à 63 ou 64 ans. Ne leur serait alors garanti qu’un minimum de 1.000 euros par mois.
Or, ce tour de passe-passe revient à rendre plus pénibles les vieux jours des actifs déjà les plus pénalisés sur le marché de l’emploi. « 1.000 euros ne permettent pas de vivre dignement », critique Philippe Martinez le secrétaire général de la CGT. Certes, une part du produit de cette décote serait consacrée au financement de la dépendance. Mais ce risque, qui relève de l’assurance maladie, devrait être financé par l’impôt.
Finalement, il n’y a guère que sur les suppressions de postes de fonctionnaires qu’Emmanuel Macron, à la veille d’une mobilisation unitaire des agents des services publics le 8 mai, gagne en cohérence.
Puisqu’il propose de créer, dans chaque canton, une maison des services publics qui faciliterait la vie des Français en leur donnant un accès plus direct aux agents publics, il n’exigera plus de son gouvernement 120.000 suppressions de postes dans les trois dernières années de son quinquennat. Les économies seront davantage ciblées sur les 140 milliards d’aides et de niches fiscales accordées aux entreprises. Enfin !

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