Une analyse qui donne à réfléchir sur le blog de François Cocq
Le flou stratégique entretenu à dessein autour de la candidature de Benoît Hamon par le principal intéressé vient enfin de se lever au détour de deux émissions sur RMC-BFM et France-Inter : Benoît Hamon se présentera quoi qu’il en coûte à l’élection présidentielle s’il est investi par le PS et, si tant est qu’il soit élu (hum…), il gouvernerait avec Macron plutôt qu’avec Mélenchon. Tout un programme.
Mieux vaut toujours se dire les choses sans biaiser. Benoît Hamon l’a enfin fait ce matin sur RMC-BFM en affirmant qu’ « il y aura un bulletin de vote Benoît Hamon à l’élection présidentielle ». Autrement dit « l’unité » qu’il propose consiste en un regroupement derrière lui. Voilà qui éclaire les électeurs, nombreux au regard de la participation famélique à la primaire du PS, qui tout en ayant dès à présent fait le choix de l’insoumission et de la candidature Jean-Luc Mélenchon ont profité du vote de dimanche dernier pour infliger une défaite à Manuel Valls et ont ce faisant en grande partie fait le résultat de Benoît Hamon.
Le vote à la primaire du PS est respectable pour qui croit à la nature démocratique du processus et bien sûr qui adhère au corpus programmatique d’au moins l’un des candidats. S’y ajoute également le jugement porté sur l’action du candidat lorsque celui-ci fut en responsabilité et la confiance dans les pratiques de pouvoir du candidat une fois qu’il sera élu, et notamment sa capacité à maintenir l’orientation annoncée. Qui participe à la primaire sans souscrire à tout cela introduit de fait un biais démocratique.
Or les propos rapportés par le journaliste de France-Inter Thomas Legrand permettent de préciser le cadre dans lequel s’inscrit Benoît Hamon. Après avoir refusé de dire s’il se sentait plus proche de Macron que de Mélenchon, Benoît Hamon a finalement avoué, à la question de savoir s’il pourrait plus facilement gouverner avec l’un qu’avec l’autre : « Pas Mélenchon ».
Résumons : Benoît Hamon qui se voit en vainqueur de la primaire entend porter jusqu’au bout l’étendard du PS : bien peu matérialiste, il préfère le 5ème strapontin de la présidentielle en s’asseyant sur le message de désertion populaire du PS signifié dimanche dernier par les non-électeurs. Et non content d’introduire une candidature inutile, le même assume de faire le choix de préférer recréer les gouvernements Hollande sous l’égide de Macron et gouverner avec celui-ci plutôt qu’avec Mélenchon. Tout cela a sa propre cohérence mais méritait d’être clarifié, même s’il est un peu mesquin que ce second aspect ait dû être divulgué par un journaliste plutôt qu’assumé par Benoît Hamon.
Chacun agira désormais en responsabilité. Le PCF d’abord, qui grenouille autour de Benoît Hamon pour feindre de travailler à un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon et dont Benoît Hamon vient de dire lui-même qu’il ne veut pas (à moins que le PCF n’ait naïvement escompté faire passer la Frane Insoumise et Jean-Luc Mélenchon sous les fourches caudines du PS…pour donc gouverner avec M. Macron ?). Les citoyen-ne-s surtout, qui pour certains ont été tentés de faire le choix d’aller voter à la primaire du PS pour rendre à Manuel Valls la monnaie de sa pièce pour son action désastreuse à Matignon. Beaucoup, forts de la dynamique populaire qui accompagne la campagne de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise, anticipaient un retrait d’un Benoît Hamon désigné candidat pour permettre au camp de l’humanisme émancipateur d’atteindre le second tour. On voit au regard des déclarations de Benoît Hamon que non seulement ce fût une erreur, mais que derrière les palinodies de campagne de la primaire l’orientation stratégique et la compatibilité macronniste de tous ceux qui se reconnaissent encore dans le PS reste la même.
La primaire est donc ramenée à ce qu’elle a toujours été : un enjeu interne au PS dont contrairement à ce qui est affirmé l’objet n’est pas de trancher entre deux lignes stratégiques à gauche mais de rassembler le parti sur la seule ligne qui continue à faire synthèse entre tous : la voie Hollande.
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