jeudi 19 janvier 2017

Le Film "La Sociale"

En racontant l’étonnante histoire de la Sécu, La Sociale rend justice à ses héros oubliés, mais aussi à une utopie toujours en marche, et dont bénéficient 65 millions de Français.
Résumé :


Il y a 70 ans, les ordonnances promulguant les champs d’application de la sécurité sociale étaient votées par le Gouvernement provisoire de la République. Un vieux rêve séculaire émanant des peuples à vouloir vivre sans l’angoisse du lendemain voyait enfin le jour.
Le principal bâtisseur de cet édifice des plus humaniste qui soit se nommait Ambroise Croizat. Qui le connait aujourd’hui?
70 ans plus tard, il est temps de raconter cette belle histoire de «  la sécu ». D’où elle vient, comment elle a pu devenir possible, quels sont ses principes de base, qui en sont ses bâtisseurs et qu’est-elle devenue au fil des décennies ?
Au final, se dresseront en parallèle le portrait d’un homme, l’histoire d’une longue lutte vers la dignité et le portrait d’une institution incarnée par ses acteurs du quotidien.




Vidéo :  Bande Annonce "La Sociale"

Perret sort la “Sécu” de son trou

ENTRE HISTOIRE ET PRÉSENT, ENTRE PÉDAGOGIE ET ÉMOTION, LE RÉALISATEUR HAUT-SAVOYARD RAPPELLE QUE LA SÉCURITÉ SOCIALE N’EST PAS UN DOSSIER COMPTABLE MAIS UN ENJEU HUMAIN

Par Éric Renevier

Et si, plutôt que financier, le plus grand trou de la Sécu était mémoriel ? C’est la question que l’on peut se poser après avoir vu La Sociale, le nouveau flm du réalisateur haut-savoyard Gilles Perret. L’historien Michel Etievent,, qui est d’ailleurs l’un des intervenants du flm, avait déjà ressorti de l’oubli le “père” de la Sécurité sociale, le Savoyard ministre du Travail en 1945-1946, Ambroise Croizat (Éco du 9 octobre 2015). Le film poursuit l’œuvre. Ainsi, le réalisateur se rend à l’École nationale de la Sécurité sociale, qui forme les futurs cadres. Il y trouve un amphi au nom de Pierre Laroque, haut fonctionnaire gaulliste et premier directeur général de la Sécu. Mais pas même une petite plaque à la mémoire de son ministre (communiste) de tutelle d’alors, dont une responsable de l’école avoue d’ailleurs ne pas savoir grand-chose… Mais bien plus que le rôle de tel ou tel (Croizat, Laroque, la CGT puis Pompidou, Juppé, la CFDT…), c’est la Sécu elle-même que Perret sort du trou. Car pendant 1 heure 25 la Sécurité sociale, qui comprend, ne l’oublions pas, les branches maladie mais aussi retraite et famille, n’est plus une histoire de déficit, ou un objet de débat “comptablo-technique” mais (re) devient une immense œuvre sociétale. «La Sécu, c’est le droit de vivre», résume Michel Etievent, en rappelant le cas de ce pauvre paysan forcé, avant guerre (donc avant la Sécu), de vendre deux de ses trois vaches pour que son petit garçon puisse se faire opérer de l’appendicite. La Sécu, c’est la vie au sens stricte, confirme la sociologue Colette Bec : en 1945, le taux de mortalité infantile est de 108 pour 1 000, 9 ans plus tard seulement, il a été divisé par trois (37/1 000) et c’est avant tout grâce à la Sécu.

CHOISIR LA SOCIALE N’EST PAS LA SÉCURITÉ 

Avec ce nouvel opus, Perret prolonge l’exploration entamée avec Les Jours heureux (2013), qui était dédié aux 70 ans du Conseil national de la Résistance (CNR). Il en reprend les mêmes ingrédients : des images d’archives, des précisions percutantes de spécialistes et des témoignages forts. Sans commentaire ni voix off. Et sans passéisme : si l’histoire, une fois de plus, occupe une place importante (mais le dernier tiers du flm est très contemporain), il ne s’agit toujours pas d’un documentaire historique. En lui rappelant le passé, Perret aide le spectateur à mieux comprendre son présent et semble l’interroger sur l’avenir : «et maintenant, tu fais quoi ?». Le flm Les Jours heureux s’était classé parmi les trois documentaires les plus vus en France en 2014-2015, avec 80 000 spectateurs. Pourtant l’auteur de Ma mondialisation ou de De mémoire d’ouvriers en a encore une fois “bavé” avant de convaincre une chaîne télé (France 3 en l’occurrence) de soutenir son nouveau projet, ce qui constitue une étape clef dans le financement. «Ce fut une belle désillusion», avoue-t-il, pas complètement surpris pour autant : depuis le temps qu’il filme avec la caméra côté gauche, il sait bien que, pour un réalisateur, magnifer la Sociale, ce n’est pas choisir la sécurité.


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