mercredi 28 février 2018


Le politologue de la France insoumise Thomas Guénolé publie un livre en forme de coup de poing intitulé "Antisocial".
Alors même que certains rêvent d'enterrer le modèle français pour y substituer les règles en vigueur dans le monde anglo-saxon, le politologue Thomas Guénolé publie un livre en forme de coup de poing intitulé Antisocial (1). A cette occasion, il signe une déconstruction systématique de la doxa dont nous abreuve le discours ambiant à propos de la question sociale, parfois oubliée par ceux qui lui préfèrent les sujets sociétaux, bien plus consensuels, et si souvent caricaturaux quand ils s'imposent sur la table du débat. Que n'entend-on pas à propos des salauds de pauvres, des chômeurs fainéants, des grévistes qui prennent les Français en otages ou des fonctionnaires qui se la coulent douce ? Thomas Guénolé remet les paroles à l'endroit, à la lumière du positionnement idéologique d'un homme connu pour son engagement au sein de La France insoumise. Pour nourrir un débat qui intéresse tous les citoyens, Marianne publie ci-après des extraits, en l'occurrence le prologue, de son livre qui devrait prêter à controverse. Nous avons également organisé une confrontation entre Thomas Guénolé et l'essayiste Nicolas Baverez, éditorialiste au Point et au Figaro, libéral-étatiste revendiqué, qui a publié en janvier dernier un ouvrage géopolitique intitulé Violence et passions (2).

(1) Antisocial. La guerre sociale est déclarée, de Thomas Guénolé, Plon, 272 p., 17,90 €. En librairies le 1 mars.
(2) Violence et passions. Défendre la liberté à l'âge de l'histoire, de Nicolas Baverez, éd. de l'Observatoire, 144 p., 15 €.

EXTRAITS

Qu'il s'agisse de personnalités politiques, de chercheurs ou encore d'intellectuels engagés, voilà plus de trente ans que la mort du modèle social français est annoncée par diverses Cassandres. Il est donc tentant de réagir en haussant les épaules. Il est tentant de se rassurer envoyant dans ces réformes un mal nécessaire, qui n'irait quand même pas jus qu'à ratiboiser notre système de protection sociale. Spécifiquement chez les plus favorisés des classes moyennes, il est même tentant de se dire -avec soulagement - que, soi-même, on sera épargné ; et donc que, tout compte fait, le fléau antisocial n'est pas si grave.
C'est une erreur. Réveillez-vous. Car, cette fois, c'est différent. Non, l'antisocial ne va pas s'arrêter ; non, si vous ne faites pas partie des 10 % les plus riches, vous ne lui échapperez pas.
Parmi les 90 % restants de la population française, ceux qui ne sont pas déjà des perdants de l'Antisocial vont, au cours des toutes prochaines années, le devenir. Ils ne doivent avoir aucune illusion. A la manière de l'eau qui monte inexorablement dans les cales du Titanic, la mécanique implacable de l'Antisocial les atteindra tous tôt ou tard. Ce n'est qu'une question de temps. Puisque sa finalité est d'accaparer le maximum de ressources au bénéfice de la minorité oligarchique de la population, il est inhérent à l'Antisocial d'être incapable de s'arrêter. Les 90 % concernés ont donc deux attitudes possibles. La première consiste à se battre entre eux. C'est ce que font, par exemple, ces ouvriers et ces chômeurs qui votent FN afin d'obtenir la priorité sur leurs compagnons d'infortune d'origine maghrébine dans la file d'attente pour les emplois insuffisamment nombreux et les protections sociales de plus en plus réduites que l'Antisocial leur laissera. C'est tomber dans un piège : laisser l'Antisocial « diviser pour régner ». La seconde attitude, plus constructive, consiste à se battre ensemble contre l'Antisocial afin d'arrêter sa course destructrice. J'appelle Antisocial le processus politique de destruction du modèle français de solidarité sociale. Remise en cause après remise en cause, rabotage après rabotage, ce programme nous fait méthodiquement reculer de plusieurs décennies, voire de plus d'un siècle. Quelques exemples suffisent à l'attester. Le recrutement d'agents non titulaires dans la fonction publique est devenu un phénomène massif : ils sont près de 1 million en 2015. Pour eux, c'est reculer jus qu'en 1983, époque où les protections modernes des fonctionnaires titulaires n'existaient pas encore. La retraite à 65 ans est de plus en plus ouvertement débattue : l'appliquer serait reculer jus qu'en 1910, quand cet âge de départ fut adopté. Le service public de la téléphonie a été petit à petit privatisé pour faire de France Télécom la firme multinationale Orange : ce processus nous fait reculer jus qu'en 1989, quand la téléphonie n'était pas encore nationalisée. Quant à l'ubérisation du travail, dont les cas les plus connus sont les chauffeurs de voiture et les « autoentrepreneurs », elle instaure le retour pur et simple de l'ouvrier payé à la tâche de la fin du XIX siècle, au temps de la révolution industrielle. Le reste est à l'avenant.
En d'autres termes, l'Antisocial est un puissant mouvement en marche arrière.
Ce mouvement s'inscrit dans un phénomène plus large, que j'ai baptisé « mondialisation malheureuse » dans de précédents travaux (First, 2016). Si la mondialisation est l'interconnexion croissante, vraisemblablement irréversible, des peuples, des économies et des cultures à la surface de la Terre, la mondialisation malheureuse, elle, n'est qu'une façon possible (parmi d'autres) d'organiser cette grande interconnexion. Son programme consiste à supprimer le contrôle des prix des biens et services de première nécessité, pour que cette consommation captive assure une rente à de grands groupes privés organisés en cartels ; à baisser les protections et les droits sociaux de la population active pour la contraindre à des conditions de travail plus dures ; à baisser les dépenses de solidarité sociale, pour forcer ses bénéficiaires à payer eux-mêmes ces services à de grandes firmes privées (s'ils le peuvent) ; à baisser les prélèvements obligatoires sur les plus fortunés, tandis qu'augmentent ceux sur les classes moyennes ou populaires ; à baisser le niveau de contrôle des Etats sur les activités des grandes firmes financières, ce qui accroît leurs perspectives de profit mais rend les krachs financiers plus graves et plus fréquents ; et à vendre les entreprises publiques, voire les biens communs, à de grandes firmes et à de grandes fortunes, renforçant dès lors leur position de rentières.
Ce programme est souvent appelé « néolibéralisme ». Je pense que c'est une erreur. Les politiques anti sociales consistent à démanteler l'Etat-providence entant que prestataire de services publics, à déposséder l'Etat actionnaire entant que propriétaire d'entreprises publiques, à abolir l'Etat stratège entant que planificateur des grandes évolutions du pays, et à défaire l'Etat arbitre entant que contrôleur des abus du secteur privé, financier notamment. Puisqu'il s'agit, dans tous ces aspects, de revenir à une situation passée caractérisée par moins de service public, moins de protection sociale, moins d'intervention de l'Etat dans l'économie, et moins d'encadrement du secteur privé, le préfixe « néo » est inapproprié. […]

BATAILLE DES REPRÉSENTATIONS

Cela étant, si l'Antisocial n'est pas néolibéral, alors comment le qualifier ? D'un côté de la fracture sociale, les prélèvements obligatoires des plus riches baissent et les intérêts des grandes firmes sont favorisés. De l'autre côté de celle-ci, les prélèvements obligatoires des classes moyennes augmentent et le degré de solidarité sociale diminue, au détriment en particulier des plus démunis cependant que les petites et moyennes entreprises tirent la langue. L'Antisocial correspond donc à ce qu'Aristote baptisa jadis « oligarchie » : le gouvernement de la cité au bénéfice d'une minorité, au détriment de la majorité. Ni nouveau ni libéral, le projet antisocial est, en somme, rétrograde et oligarchiste. Tantôt l'Antisocial procède par petits pas ; c'est généralement le cas pour les privatisations de services publics, réalisées en plusieurs fois afin d'atténuer les levées de boucliers. Tantôt il procède au contraire par grands bonds en arrière : par exemple lorsque, en 2004, il devint légal qu'une entreprise adopte chez elle des règles moins favorables aux salariés que les accords de branche.
POUR RÉUSSIR À FAIRE RECULER
LES SOLIDARITÉS SOCIALES, L'ANTISOCIAL DOIT OBTENIR AU PRÉALABLE LA RÉSIGNATION DU PLUS GRAND NOMBRE.
Mais, faute d'un mouvement social suffisamment fort pour lui mettre un coup d'arrêt, et faute de victoire électorale d'un mouvement politique proposant une politique de progrès social, cette grande marche arrière est à l'œuvre sous nos yeux et dans nos vies à un rythme qui va s'accélérant.
Les conditions d'accès aux allocations chômage sont durcies année après année. Des protections inscrites dans le code du travail sont remises en cause, en particulier en autorisant chaque entreprise à les supprimer chez elle. La possibilité réelle de manifester ou de faire grève s'affaiblit en pratique, notamment du fait de réformes destinées à limiter la portée de l'exercice. L'accès aux soins de l'hôpital public se révèle de plus en plus coûteux. Les droits à la retraite sont sans cesse retardés et amoindris. Les enseignants sont sous-payés par rapport à la moyenne européenne en même temps que la machine éducative reproduit et perpétue de plus en plus les inégalités sociales de départ. Les conditions de travail de nombreux fonctionnaires se dégradent au point de mettre en danger leur santé et la qualité du service. Les prélèvements obligatoires les plus équitables, c'est-à-dire plus lourds dans le budget des plus privilégiés, baissent, tandis que les prélèvements obligatoires les plus injustes, ceux plus lourds dans le budget des plus démunis, augmentent. Les réfugiés méditerranéens et les sans-papiers se voient refuser une politique humainement décente d'accueil et d'accompagnement. Le mal-logement s'enracine profondément dans notre société et frappe plus violemment les plus jeunes. Les habitants des banlieues pauvres sont systématiquement plus durement touchés que les autres par les maux du pays : principalement le chômage, la précarité et la criminalité. La population rurale est lentement abandonnée à un inexorable isolement par la fermeture progressive des services publics et des commerces de proximité. Quant aux populations victimes de l'extrême pauvreté et de la faim, elles sont quasiment absentes des préoccupations de la cité : c'est comme si elles étaient invisibles.
Pour réussir à faire reculer les solidarités sociales dont des millions de foyers ont un besoin réel voire vital, l'Antisocial doit cependant obtenir au préalable l'acceptation ou la résignation du plus grand nombre. Cette capitulation dans les esprits est d'autant plus indispensable que, recul après recul, les perdants du projet antisocial deviennent majoritaires dans la population. C'est pourquoi ces réformes sont précédées et accompagnées par une bataille des représentations. De fait, systématiquement, une propagande massive prépare les esprits au démantèlement des politiques sociales visées. Elle repose sur une triple diabolisation : la diabolisation des populations qui ont besoin de ces politiques, notamment des chômeurs ; la diabolisation des acteurs de ces politiques, au premier rang desquels les fonctionnaires ; et la diabolisation des protections elles-mêmes, en particulier du code du travail. […] Ainsi les médias audiovisuels dominants en viennent-ils à la diffusion en boucle d'un véritable catéchisme antisocial. Résumons ce credo, qu'ils répètent inlassablement comme les prières d'un chapelet.
- Il y a trop d'assistanat en France, ce qui encourage les chômeurs à ne pas travailler.
- Si les chômeurs n'ont pas d'emploi, c'est surtout parce qu'ils ne cherchent pas assez.
- Le code du travail est l'une des principales causes du manque d'embauches en France.
- Faciliter les licenciements crée des emplois.
- Baisser les charges des entreprises, qui sont trop lourdes, est la meilleure voie pour créer des millions d'emplois.
- Notre système de protection sociale est beaucoup trop généreux. - La Sécurité sociale est en déficit à cause de ceux qui profitent de son excessive générosité.
- Les syndicats défendent des positions archaïques et, lors qu'ils lancent des grèves, c'est pour défendre les privilèges des fonctionnaires.
- Il y a beaucoup trop de grèves en France : les usagers sont pris en otages.
- Air France est en difficulté à cause des privilèges des pilotes et du refus chez les salariés de faire les efforts nécessaires.
- C'est à cause des syndicats et des régimes spéciaux des cheminots que la SNCF va mal.
- Le secteur privé fonctionne plus efficacement que le secteur public, qui gagnerait à copier ses méthodes de management.
- Les fonctionnaires sont trop paresseux et trop nombreux.
- L'Education nationale échoue à éduquer les jeunes d'aujourd'hui, qui sont beaucoup moins bien cultivés et éduqués que ne l'étaient leurs grands-parents.
- Les réfugiés, les sans-papiers, les immigrés sont traités trop généreusement en France, et souvent mieux que ne le sont les Français.
- On paie beaucoup trop d'impôts en France.
Comme nous le verrons au fil des pages, toutes ces croyances, et d'autres de même teneur antisociale, sont fausses.

Les retraités nous coûtent cher, de plus en plus cher ...


« Les retraités nous coûtent cher, de plus en plus cher, et pèsent sur le travail des actifs ! », entend t-on quotidiennement.
Et si la vérité était radicalement différente ? Et si les pensions versées aux retraités finançaient un travail souvent indispensable à la société ? Tiens, que se passerait-il si les retraités se mettaient en grève ?...

Le Site du Réseau Salariat Finistère site http://www.reseausalariat29.infini.fr/siteRS29/site

Les retraités les plus modestes ne devaient pas souffrir de la hausse de la CSG





https://drive.google.com/open?id=1TraIzPUewCH

lundi 26 février 2018

Comptes de campagne d'Emmanuel Macron : quatre donateurs signalés au fisc et à la justice


Réforme de la SNCF : Macron et Philippe ressortent les ordonnances

 Par Hadrien Mathoux

Edouard Philippe a annoncé ce lundi 26 février que l'exécutif utiliserait la même méthode pour la réforme la SNCF que lors de la loi Travail : les ordonnances. En clair, les modalités de l'avenir de la compagnie ferroviaire ne seront pas débattues à l'Assemblée nationale. L'annonce promet de déclencher la colère des syndicats du rail.
"Ce serait une déclaration de guerre". Dans le Canard enchaîné, un responsable syndical Unsa prévenait la semaine dernière le gouvernement : un recours aux ordonnances pour la réforme de la SNCF déclencherait immédiatement les hostilités avec les partenaires sociaux. Ce lundi 26 février, Edouard Philippe a renoncé à tout armistice en entérinant la méthode qui avait été employée pour la loi Travail à l'automne dernier. A la mi-mars, a annoncé le Premier ministre, son gouvernement déposera "un projet de loi d'habilitation au Parlement", par laquelle le pouvoir législatif "prête" ses prérogatives à l'exécutif.
Le procédé est moins radical que le fameux "49.3" qu'avait utilisé Manuel Valls, mais il escamote une partie fondamentale de la fabrication de la loi : le débat parlementaire.
Pas de longues discussions à l'Assemblée pour débattre du texte, l'amender ou l'adoucir. Le Parlement ne s'exprimera que pour accepter ou refuser la réforme, en étant mis devant le fait accompli. Conscient des tensions que le procédé ne manquera pas de susciter, Edouard Philippe a argué ce lundi que les ordonnances Travail avaient "prouvé que cette méthode ne confisquait aucunement le dialogue". En omettant deux détails, le premier étant que les ordonnances Travail, contrairement aux futures ordonnances SNCF, avaient été annoncées par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle. Deuxièmement, le Premier ministre rappelle que les partenaires sociaux avaient participé en amont à une phase de concertation : sauf que concernant la SNCF, celle-ci promet d'être très rapide, pour ne pas dire expéditive... Décidé à "faire voter les principes-clés de la réforme avant l'été", l'exécutif a invité la SNCF à lui présenter une feuille de route de méthode dès le 15 mars.

jeudi 22 février 2018

Mise au point de la France insoumise sur les comptes de campagne de Mélenchon

Pourquoi on cherche des poux dans les comptes de Mélenchon ? Peut-etre pour ne pas parler de ceux de Macron.
La réponse de la France insoumise dans ce communiqué.

PLUTÔT QUE LES RÉVÉLATIONS DE «MARIANNE» SUR MACRON, RADIO FRANCE PRÉFÈRE RECOPIER «LE MONDE»
Il aura fallu une semaine pour que curieusement, le « service public » de l'« information » nous mette en cause à propos de nos comptes de campagne. Le jour où l'on apprend par « Marianne » que certains versements excessifs sur le compte de campagne de Macron ont été signalés à la justice. Dès les premier mots des radios officielles, le ton est donné : « soupçons », « révélations », « étranges factures ». Tout est fait pour faire douter le lecteur de notre sincérité.
Nous le répétons, donc : nos comptes de campagne sont validés. Ils ne comportent aucune irrégularité.
Nous nous étonnons d'avoir à répéter aujourd'hui des explications déjà formulées. En effet, la semaine dernière, nous avons publié sur le sujet un communiqué, une vidéo explicative, et une note de blog détaillée répondant déjà aux insinuations faites cette semaine par Radio France. Étrangement, aucune de nos réponse n'est citée par l'« information » du service public. Pourquoi ?
Cette pratique étrange, si loin d'une volonté d'« informer » honnêtement interroge. Encore une fois, ces insinuations de propagande partisane se produisent au lendemain de la publication d'un article de « Marianne » mettant en cause des donateurs « trop zélés » de la campagne d'Emmanuel Macron. Quatre d'entre eux seraient même signalés au fisc et à la justice. Mais Radio France préfère recopier les dénonciations « anonymes » et un article du « Monde » vieux d'une semaine.
Comme son confrère, Radio France met en cause l'association « L'Ere du peuple » qui a servi de support technique à notre campagne. Pourquoi passer par une association ? Parce que nous avons commencé la campagne en février et que les comptes de campagne n'ouvrent qu'en avril (déjà dit la semaine dernière). Comment est-on censés faire autrement ?
Radio France interroge ensuite avec impertinence (une semaine après son confrère) sur les « grosses factures ». Rappelons que, quoi que nous ayons commencé tôt, notre campagne a coûté moins cher en quinze mois que celle de Macron en neuf et celle d'Hamon en trois mois.
Dans le détail, le service public de l'« information » accuse « L'Ere du peuple » de « surfacturations », donnant des chiffres faux et surévalués. Là encore, une réponse a déjà été faite. Cette association a facturé au prix du marché afin d'éviter un problème autrement plus dangereux qui est la sous-facturation (en cause, pour rappel, dans l'affaire Bygmalion). C'est précisément le rôle ensuite de la CNCCFP de décider ce qui entre ou n'entre pas dans le remboursement et nous nous conformons bien évidemment à sa décision. Nous ajoutons qu'il serait plus facile que la CNCCFP fournisse les règles avant la campagne plutôt qu'après.
Autre question ensuite sur la TVA. Pourquoi « L'Ere du peuple » n'en a pas payé ? Parce que c'est une association loi 1901 à but non lucratif et qu'au-delà d'un certain montant, il n'est pas question de cela. Là encore, nous nous sommes conformés à la législation en vigueur (déjà dit la semaine dernière).
Enfin, nous précisons une fois encore que toutes ces « informations » n'en sont pas. Elles partent toutes de la démission du rapporteur de la CNCCFP en charge de nos comptes. Soumis au devoir de réserve, il s'exprime pourtant depuis largement dans les médias. Jamais, pourtant, il n'est précisé qu'il s'agit d'un ancien directeur de cabinet d'un ministre PS dont la « neutralité » pose question.
Au total, cet acharnement du « service public » contre nous interroge. Pourquoi reprendre les mêmes insinuations que « Le Monde » une semaine après lui ? Pourquoi ne faire jamais mention de nos réponses, quoi qu'elles soient publiques ? Pourquoi publier ces articles au lendemain de celui de « Marianne » sur la campagne d'Emmanuel Macron ? S'agit-il de faire une nouvelle fois diversion sur les irrégularités constatées des versements excessifs des donateurs du président de la République ? Pourquoi le » service public » n'en dit-il pas un mot ? Qui paie commande ?
- Manuel Bompard, directeur de campagne.

La monnaie et les lois tendancielles du capitalisme

mardi 8 mars 2016

  (vidéo) Interview de Michel Zerbato par Bernard Teper, et documents annexes


Cette entrevue a été réalisée à l’occasion de la formation assurée par Michel Zerbato, les 12 et 13 décembre 2015 à la demande du Réseau Education Populaire (REP).
On retrouvera l’essentiel de ces journées dans les documents suivants : que je vous recommande  particulièrement,  (Didier)
– un diaporama général  ICI
– le texte de la première partie (La nature de la monnaie) ICI
– le texte de la deuxième partie (La valeur de la monnaie)  ICI

P.S.: C’est avec beaucoup de tristesse que j’apprends la disparition de Michel Zerbato. En ces temps de destruction systématique de notre pays au nom d’un libéralisme qui n’est autre que l’impérialisme en tant que  stade suprême du capitalisme ses analyses et ses connaissances en économie politique nous manquerons.

mardi 20 février 2018

L'asile en danger : rassemblement à Draguignan

D’une réforme à l’autre, l’asile en danger

Alors qu’une nouvelle réforme de l’asile et de l’immigration se prépare, sans qu’aucune évaluation de la précédente réforme n’ait été faite par les pouvoirs publics, la Coordination Française du droit d’asile (CFDA) vient de publier le rapport « D’une réforme à l’autre, l’asile en danger ».
Moins de deux ans et demi après l’entrée en vigueur de la loi relative à la réforme de l’asile de 2015 et alors qu’aucune évaluation n’a été menée par les pouvoirs publics, la CFDA confronte les principales mesures qu’elle contient avec la situation concrète des personnes qui demandent l’asile en France.
Sur la base de leurs actions quotidiennes aux côtés de ces personnes, les associations membres de la CFDA mettent en évidence, dans ce rapport, une nette dégradation de leur situation à toutes les étapes de leur parcours.
Alors que le nombre de demandes d’asile n’a jamais été aussi important en France, le rapport de la CFDA va à l’encontre de l’analyse du gouvernement : la dite « crise migratoire » n’est pas la cause des multiples dysfonctionnements qui caractérisent la procédure d’asile. Ces dysfonctionnements sont dus à l’inadaptation des pratiques administratives ainsi qu’à une gestion de l’urgence qui a contribué à rendre opaque et incompréhensible le dispositif procédural et d’accueil des personnes.
Le 21 février prochain, le gouvernement présente en conseil des ministres un « projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ». Cette nouvelle réforme de la loi sur l’asile ne comporte aucun élément relatif à l’amélioration des délais d’enregistrement et de l’accès aux droits. Elle multiplie les chausse-trappes pour dissuader les demandes et recourir à des procédures expéditives, et se concentre principalement sur l’accélération des délais de traitement des demandes d’asile à l’OFPRA et à la CNDA, déjà fortement réduits depuis la réforme de 2015 (en moyenne 4 mois à l’OFPRA et 5 mois et demi à la CNDA). Pourtant, la réduction des délais est préjudiciable aux demandeurs du fait du peu de temps que les agents de l’Office consacrent à chaque dossier.

Dans son rapport, la CFDA attire l’attention sur la situation des personnes placées en procédure « Dublin ». Il est temps de prendre la mesure des dommages qu’entraîne cette procédure inéquitable (entre les États membres de l’UE) pour les candidats à l’asile. Elle invite à une analyse des cas des personnes en procédure accélérée, des personnes protégées et déboutées, en préalable à l’adoption de toute nouvelle loi.

À contre-courant d’une réforme élaborée au pas de charge, nous demandons avec la CFDA qu’une réflexion en profondeur soit menée pour améliorer durablement les conditions d’accueil et d’examen des demandes d’asile en France.

Une partie de la population est contre le projet de loi sur l'immigration (analyse de la Cimade en pièce jointe et du Gisti sur https://www.gisti.org/IMG/pdf/pjl2018_pjl-norintx1901788l-rose-1.pdf ). 
Rassemblement ce mercredi 21 février à 18h devant la sous-préfecture de Draguignan, habillé.e.s de noir



La CFDA rassemble les organisations suivantes : ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), Amnesty International France, Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l’immigration et au séjour), Centre Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique), La Cimade (Service oecuménique d’entraide), Comede (Comité pour la santé des exilés), Dom’Asile, ELENA (Réseau d’avocats pour le droit d’asile), Fasti (Fédération des associations de solidarité avec tout-e-s les immigré-e-s), GAS (Groupe accueil solidarité), Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s), JRS-France (Jesuit Refugee Service), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Secours Catholique (Caritas France), SNPM (Service national de la pastorale des migrants).

La Croix-Rouge française et la représentation française du Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés sont associées aux travaux de la CFDA.
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Augmentation de la CSG, Darmanin fait comme si tous les retraités étaient célibataires









vendredi 16 février 2018

HEROS DU QUOTIDIEN


Extrait de Marianne de cette semaine







Base nature : la lutte s'amplifie

La bataille pour défendre la base nature contre le béton municipal continue. Elle prend de plus en plus une tournure politique, comme en témoigne cet article du jour dans Var matin.  Continuez à signer la pétition, en attendant d'autres actions ! 

Les rangs des opposants s'étoffent ... Merci à tous ! 

jeudi 15 février 2018

"Nuit de la solidarité" à Paris : les méthodes du gouvernement pour cacher les SDF


Alors qu'Emmanuel Macron a fixé pour objectif "zéro SDF", le gouvernement a changé les méthodes de décompte des personnes sans abri. Les associations dénoncent une "manipulation" visant à travestir la réalité.

"Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues". Pour réaliser la promesse estivale d'Emmanuel Macron, le gouvernement avait deux possibilités : régler la situation sur le terrain… ou dans les statistiques. La première option étant évidemment plus compliquée, le ministère de la Cohésion des territoires a opté pour des changements dans la méthode de recensement des personnes sans abri. Et voilà comment, avec quelques tours de passe-passe dans des tableaux Excel, l'équipe d'Edouard Philippe peut plastronner dans les médias à coups de bons chiffres. Explications.
L'entourloupe a été mise au jour quand le ministre de la Cohésion des territoire, Julien Denormandie, a affirmé droit dans ses bottes le 30 janvier sur France Inter que seulement "une cinquantaine d'hommes isolés en Île-de-France" dormiraient dehors. Absurde, évidemment, de l'avis des associations concernées et même pour n'importe quel Parisien qui peut constater la réalité dans la rue. Quelques jours plus tard, invité de RTL, le ministre précise son estimation : il parlait en fait du "nombre de personnes qui appellent le Samu social de Paris en fin de journée et à qui on dit 'nous ne sommes pas en capacité de vous offrir un hébergement'". La nuance est de taille. "Nous le chiffre que l'on a, c'est 50 SDF par jour dorment malgré eux dehors dans le froid", l'appuiera pourtant le député LREM Sylvain Maillard. Le message étant : si le gouvernement donne ce chiffre si bas, ce n'est pas par stratégie de communication ni pour minimiser un phénomène qu'il n'a pas su régler mais parce que, pauvre de lui, il ne dispose que de cette donnée. Sauf que ce n'est pas si simple…

C'est clairement un bidouillage des chiffres, on veut laisser croire que la situation s'améliore alors que ce n'est pas le cas !


Le fameux chiffre de 50 sans-abri en Ile-de-France, comme l'ont expliqué le ministre et le député, correspond effectivement à des cas bien spécifiques : ce sont uniquement les personnes qui appellent le numéro spécial, le 115, après 19 heures et qui se voient refuser un hébergement faute de place dans les centres prévus à cet effet. Mais si les Samu sociaux ne remontent que cette donnée aux ministères, c'est à la demande… du gouvernement ! Comme le rapporte cette semaine Le canard enchaîné, c'est en effet d'en haut qu'est venu l'ordre de ne répertorier que ces cas. Ce faisant, le gouvernement fait l'impasse sur celles et ceux que les bénévoles du Samu social rencontrent en maraude et qui n'ont pas pensé à joindre le 115, qui ne l'ont pas voulu pour diverses raisons ou qui sont tombés sur un numéro occupé. Une consigne relayée par les préfets que confirme à Marianne Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe les principaux gestionnaires du 115. "C'est clairement un bidouillage des chiffres, peste-t-il, on veut laisser croire que la situation s'améliore alors que ce n'est pas le cas !". 

Mais ce n'est pas tout… Car appeler le 115 après 19 heures et se voir opposer une fin de non-recevoir ne suffit pas pour être répertorié comme sans-abri. Encore faut-il entrer dans une autre case : celle des cas "avérés à la rue". Or, si le SDF a réussi à s'abriter dans un parking, une gare ou une station de métro, il est considéré comme "non avéré à la rue" et ne figurera donc pas dans les statistiques qui devront être remontées à l'Etat, nous signale le Samu social. "C'est d'une absurdité totale, juge Eric Pliez, président du Samu social de Paris. Est-ce qu'une personne qui porte une casquette sera bientôt considérée comme 'logée' ?". Conclusion : les données rendues publiques dans les médias par le ministre ne permettent pas de mesurer l'évolution du problème et ne servent à rien, sinon à enjoliver les résultats produits par l'action gouvernementale. "Le gouvernement se défausse du problème, il semble se refuser à le traiter mais il laisse quand même croire qu'on se rapproche de l'objectif du président", insiste le directeur de la FAS.
Une communication permise par l'absence d'une réelle enquête statistique sur le sujet des SDF en France. Jusqu'à présent, deux indices étaient scrutés pour avoir une idée réaliste de leur nombre. Les enquêtes de l'Insee d'abord, dont la dernière date déjà de 2012 et qui recensait 28.000 sans-abri rien que dans l'agglomération parisienne. Puis le "baromètre du 115", réalisé depuis 2011 par la Fédération des acteurs de la solidarité en partenariat avec les Samu sociaux. Un outil qui pourrait disparaître, selon Florent Guegen. Et là aussi, le gouvernement n'y est pas étranger : "L'Etat impose à chaque 115 un nouveau logiciel unique pour permettre l'analyse des données des appelants, nous explique-t-il. Jusqu'à cet hiver, avec l'accord de l'Etat, nous utilisions les données récoltées par chaque Samu pour faire notre propre baromètre. Mais désormais, l'accès à ces données centralisées nous est interdit, ce qui accentue en outre le risque de manipulation des données". Au ministère du Logement, on nous fait savoir que des discussions sont en cours pour rétablir cet accès. Car enfin, qui mieux que les acteurs de terrain peut évaluer le nombre de personnes à la rue ?

Une "Nuit de la solidarité" organisée à Paris


Face à cette farce des chiffres, la mairie de Paris a décidé d'organiser son propre comptage ce jeudi 15 février. Selon le Samu social, 2.500 à 3.000 personnes dorment chaque nuit dans les rues de la capitale ou dans des lieux non prévus pour l'habitation, mais aucune étude récente ne pose de diagnostic chiffré précis. A l'occasion de cette "Nuit de la solidarité", entre 20 heures et 1 heure du matin, plus de 300 équipes de bénévoles, constituées de 1.700 Parisiens qui ont répondu à l'appel, auront pour mission de décompter le nombre de personnes à la rue. Seront-ils plus de 50 ? Julien Denormandie retient son souffle… 

SNCF : un rapport "décoiffant" envisage la fin du statut de cheminot

 Par Magazine Marianne

Fin du statut de cheminot, SNCF transformée en société privée : un rapport de l'ex-PDG d'Air France Jean-Cyril Spinetta, remis ce jeudi 15 février à la ministre des Transports, préconise un big-bang dans le monde du train.
Terminus, tous les cheminots descendent. Tel est l'objectif, à terme, d'un rapport consacré à la SNCF remis ce jeudi 15 février à la 
ministre des Transports, Elizabeth Borne. Son auteur, Jean-Cyril Spinetta, ex-PDG d'Air France, préconise rien de moins que de transformer l'établissement public en société privée. Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, cela permettrait d'abandonner le recrutement de cheminots, ces fonctionnaires aux conditions de travail et de retraite dérogatoires au droit commun.
Plusieurs syndicats, comme la CGT, Sud-Rail et l'Unsa, refusent la libéralisation et souhaitent au contraire que le "monopole de la SNCF" soit "confirmé pour améliorer le service public", selon l'AFP. Reste à connaître la situation des fonctionnaires qui seraient transférés dans les entreprises privées qui succéderont à la SNCF : conserveront-ils leur statut actuel et l'ensemble de leurs avantages ? Tous les syndicats le réclament.

Demande de Bruxelles

Cette proposition d'un big-bang du train français a été largement soufflée par l'Union européenne. Au nom de la concurrence, la Commission européenne réclame depuis 2010 que la SNCF devienne une société privée, afin qu'elle ne puisse plus bénéficier des garanties de crédit de l'Etat. Bruxelles a donc appelé l'Etat à transformer la SNCF en société anonyme d'ici à 2023.
Le rapport Spinetta devrait également émettre des préconisations sur la reprise de la dette de 50 milliards d'euros de la SNCF par l'Etat. Selon Les Echos, il pourrait également demander la révision à la baisse du nombre de gares TGV. Ces propositions, qualifiées à l'avance de "décoiffantes" par la ministre ne sont pas vouées à mourir dans un tiroir : le gouvernement prévoit une loi d'orientation sur les transports, dès ce printemps. Ce qui promet de beaux débats.

L'ancien patron d'Air France-KLM doit présenter ses propositions pour sortir le système ferroviaire de l'impasse financière. La fin progressive du statut de cheminot et la fermeture de petites lignes sont notamment évoquées.
Jusqu'à présent surtout connu dans le transport aérien, l'ancien patron d'Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta est en train de rattraper son déficit de notoriété chez les cheminots, puisque c'est à lui que le gouvernement a commandé un rapport sur « la refondation du modèle ferroviaire français ».
Le document, qui sera rendu public ce jeudi, devrait faire date : selon plusieurs sources, il proposera des solutions plus ou moins radicales à la quasi-totalité des problèmes qui minent depuis trois décennies le modèle économique du rail. Des problèmes soigneusement esquivés jusque-là. Et il n'est pas destiné, une fois publié, à prendre la poussière dans les archives du ministère des Transports : le texte doit ouvrir la voie à la future loi d'orientation sur les mobilités,  que le gouvernement prévoit pour ce printemps .

Aborder tous les sujets qui fâchent, ou presque

L'exécutif a réussi à limiter les fuites sur le contenu du rapport, mais a tout de même laissé filtrer que tous les sujets qui fâchent seraient abordés. A deux exceptions près : contrairement à ce qu'avait laissé entendre Emmanuel Macron l'été dernier, la réforme du régime spécial de retraites des cheminots devrait être repoussée à début 2019, et abordée dans le cadre d'une réforme plus générale du système. Par ailleurs, les facilités de circulation, ces billets gratuits dont bénéficient les cheminots et leurs familles, ne devraient pas être remises en question.
Pour le reste, tout est sur la table, au point que les syndicats du groupe public, qui ont été reçus par Jean-Cyril Spinetta ces derniers jours, sont ressortis de leurs rendez-vous partagés entre la colère et l'incrédulité, face à la témérité des scénarios agités par le rapporteur.

Le statut des cheminots en question

Selon les derniers bruits de couloir, celui-ci pourrait proposer l'extinction progressive du statut de cheminot (en le supprimant pour les nouveaux embauchés), la transformation de SNCF Mobilités (l'opérateur des trains, aujourd'hui établissement public)  en société anonyme , la fermeture de milliers de kilomètres de petites lignes peu utilisées, ou encore la révision à la baisse du nombre de gares TGV. Rien de moins.
Ces pistes ont déjà été proposées dans plusieurs rapports, mais aucun gouvernement n'a eu jusqu'ici l'audace de passer à l'acte. Emmanuel Macron, à la recherche de symboles illustrant la rupture avec ses prédécesseurs, a l'embarras du choix.

Le statut des cheminots en question

Selon les derniers bruits de couloir, celui-ci pourrait proposer l'extinction progressive du statut de cheminot (en le supprimant pour les nouveaux embauchés), la transformation de SNCF Mobilités (l'opérateur des trains, aujourd'hui établissement public)  en société anonyme , la fermeture de milliers de kilomètres de petites lignes peu utilisées, ou encore la révision à la baisse du nombre de gares TGV. Rien de moins.
Ces pistes ont déjà été proposées dans plusieurs rapports, mais aucun gouvernement n'a eu jusqu'ici l'audace de passer à l'acte. Emmanuel Macron, à la recherche de symboles illustrant la rupture avec ses prédécesseurs, a l'embarras du choix.

Le statut des cheminots en question

Selon les derniers bruits de couloir, celui-ci pourrait proposer l'extinction progressive du statut de cheminot (en le supprimant pour les nouveaux embauchés), la transformation de SNCF Mobilités (l'opérateur des trains, aujourd'hui établissement public)  en société anonyme , la fermeture de milliers de kilomètres de petites lignes peu utilisées, ou encore la révision à la baisse du nombre de gares TGV. Rien de moins.
Ces pistes ont déjà été proposées dans plusieurs rapports, mais aucun gouvernement n'a eu jusqu'ici l'audace de passer à l'acte. Emmanuel Macron, à la recherche de symboles illustrant la rupture avec ses prédécesseurs, a l'embarras du choix.

Sortir de l'impasse financière

Mais si des mesures fortes doivent être envisagées, c'est d'abord parce que la situation l'exige, rappelait il y a quelques semaines un proche de l'exécutif. Le système ferroviaire français, structurellement déficitaire, est dans une impasse financière, et s'endette d'environ 3 milliards d'euros par an. L'endettement cumulé atteindra 50 milliards en 2018, et génère chaque année 1,5 milliard d'intérêts.
La reprise de cette dette par l'Etat est inéluctable, et Jean-Cyril Spinetta doit notamment en examiner les modalités. Mais la puissance publique ne fera pas cet effort financier considérable si la SNCF, de son côté, ne fait pas sa part du chemin (soit 1,5 milliard d'économies par an) pour ramener le système à l'équilibre.
Ce qui passe par une palette de mesures, dont certaines ont déjà été lancées.  La direction de la SNCF poursuit sa politique de restriction drastique des frais de structures , et prépare un grand plan de productivité pour l'activité TGV. La filialisation de l'activité fret (encore 120 millions de pertes opérationnelles l'an dernier) se profile.
Si les rumeurs de ces dernières semaines se confirment, entre fermetures de petites lignes et extinction progressive du statut de cheminot, Jean-Cyril Spinetta devrait compléter le tableau. De quoi provoquer un conflit social majeur, à côté duquel celui de 15 jours en 2016 pourrait passer pour une aimable mise en jambe.
Lionel Steinmann

 

 

mercredi 14 février 2018

Défendons la Base Nature de Fréjus !



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"L'Insoumis" : pourquoi un cinéma marseillais a fini par "censurer" un film sur Mélenchon



Gilles Perret, réalisateur du film "l'Insoumis", consacré à la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, dénonce une "censure" de son film à Marseille, entérinée ce dimanche 11 février. Le propriétaire du cinéma, clairement anti-Mélenchon, assume son refus de diffuser un "panégyrique" à la gloire du tribun de la France insoumise.
« Je n’ai jamais vécu ça pour aucun de mes films, c’est de la folie » Réalisateur expérimenté, avec une vingtaine de films à son actif, Gilles Perret a du mal à se faire à l’accueil totalement binaire accordé à son dernier long-métrage, l’Insoumis, en salles à partir du 21 février.« Certains me disent qu’ils le passeront, sans même l’avoir visionné. Et pour d’autres, c’est par principe hors de question ». Le sujet n’y est sans doute pas étranger : il s’agit d’une immersion au cœur de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
Cette cristallisation extrême des réflexions sur l’objet même du film, peu banale dans le milieu du cinéma « art et essai » où l’on revendique souvent l’ouverture d’esprit comme une valeur cardinale, a trouvé son paroxysme au cinéma « Les Variétés » de Marseille, qui se trouve… dans la circonscription de Jean-Luc Mélenchon. Alors que le film y était programmé , que deux dates spéciales – une projection presse et une avant-première – étaient déjà calées, le propriétaire a subitement décidé, ce dimanche 11 février… de tout annuler. « La censure est évidente », regrette Gilles Perret, qui pointe le fait que le propriétaire du cinéma, Jean Mizrahi, a pris cette décision… sans même avoir vu le film.
"Mechancon est une honte ambulante"
Au détour de plusieurs messages Facebook, Jean Mizrahi a, il est vrai, fait savoir toute l’aversion que lui inspire le personnage du film. « Insoumis mon œil. Ce type n’est qu’un arriviste qui manipule ses groupies dans l’espoir de capter du pouvoir et de l’argent comme ses idoles Chavez et Maduro. Mechancon est une honte ambulante », écrit-il par exemple récemment en réaction à la bande-annonce du film. Le 21 juin 2017, il prenait la défense du député macroniste Cédric Villani, qualifié de « matheux » par Jean-Luc Mélenchon. « Quand l’intelligence répond à la stupide arrogance », assenait-il.
Ce propriétaire de cinéma, par ailleurs PDG de la société Ymagis, spécialisée dans la fourniture de matériel cinématographique, n’est pas tout à fait vierge de tout engagement politique. Entre 1988 et 1990, il a fait partie du cabinet ministériel de Roger Fauroux, ministre rocardien de l’Industrie. Ce qui n’implique toutefois pas, en théorie, une hostilité automatique au leader de la France insoumise.

"Panégyrique"


Contacté, Jean Mizrahi explique avoir dans un premier temps « suspendu » la programmation du film lorsqu'il en a eu connaissance, afin de pouvoir le visionner. Il confirme que « Les Variétés » ne le diffuseront pas « pour deux raisons ». La première a trait à l’orientation du film, bien trop favorable à Jean-Luc Mélenchon selon lui : « Ce reportage n’est en aucun cas un film de cinéma mais plutôt un document télévisuel, qui ne prend aucune distance vis à vis de son sujet mais constitue plutôt un panégyrique. Il s’agit d’un exercice purement idéologique sans aucune volonté artistique, ou du moins sans résultat artistique. »
Si Gilles Perret ne cache pas sa proximité avec les idées de Jean-Luc Mélenchon, qui transparaissent dans sa filmographie, la décision de Jean Mizrahi, prise ce dimanche, est lourde de conséquences. Elle aboutit à ce que les Marseillais, qui ont placé Jean-Luc Mélenchon en tête à la présidentielle, ne puissent voir le film, programmé seulement dans cette salle.
"Il s'agit d'un exercice purement idéologique"
Ce n’est pas le souci de Jean Mizrahi, qui ne souhaite justement pas mettre en avant dans son cinéma une personnalité impliquée dans la vie politique locale : « Le rôle des 'Variétés' n’est pas de promouvoir, ou à l’inverse de dénigrer, tel ou tel personnage public jouant un rôle local, et je ne souhaite pas que le cinéma puisse être considéré comme prenant parti dans le débat politique. » Réserve prudente, étant donné que la mairie LR de Marseille se trouve être… le bailleur du cinéma « Les Variétés ».
En catastrophe, le cinéma Pathé du quartier de la Madeleine a récupéré la programmation. Histoire que les cinéphiles marseillais ne soient pas privés du seul document sur l’intérieur de la campagne mélenchoniste... « J’espère qu’on n’aura pas d’autres annulations », soufflait Gilles Perret ce lundi. Le réalisateur saura désormais que l'accueil d'un film politique déborde souvent du cadre cinématographique.

Base nature : la bataille continue


Communiqué de presse de la France insoumise à propos de la base nature


La France insoumise (groupe d'action de l'est Var) a pris connaissance sans étonnement de la décision du tribunal administratif de Toulon concernant la base nature de Fréjus. Mais si ce tribunal n'a pas donné gain de cause aux opposants, il en faudrait plus pour arrêter notre combat contre le projet municipal consistant à bétonner et à privatiser une partie de ce lieu magnifique qu'est la base nature. Et auquel de très nombreux citoyens sont attachés.
La preuve : la pétition lancée par nos soins (sur change.org) a recueilli déjà, en une dizaine de jours, près de 3700 signatures. Nous allons continuer à la faire tourner pour mesurer l'opposition des citoyens face à ces projets municipaux néfastes. Nul doute que ce mécontentement saura se faire entendre au plus haut niveau.
Nous lançons aussi l'idée d'un grand pique-nique fraternel et festif, à l'ombre des grands arbres de cet espace naturel, pour nous rencontrer, échanger nos idées, nos projets, nos désirs d'avenir pour ces lieux magiques. Pour lancer enfin cette concertation que la municipalité de Fréjus n'a pas voulu initier. Tout le monde sera le bienvenu pour des débats sereins, pour prendre la parole librement et partager le bonheur de respirer tous ensemble dans ces espaces naturels qui doivent rester entièrement publics.
A bientôt donc, pour ces rencontres.

Catherine Aubry et Jean-Claude Macé, co-animateurs du groupe d'action Var Est de la France Insoumise
14 février 2017


Catherine Aubry lance une pétition en ligne pour sauver la Base nature de Fréjus "contre le béton""

L'Insoumise Catherine Aubry est à l'origine d'une pétition en ligne pour dire "non aux  projets de la municipalité" à la Base nature de Fréjus.

Catherine Aubry, l'ex-candidate aux législatives et responsable des groupes d'action pour la France insoumise dans la 5e circonscription du Var, est à l'initiative d'une pétition qui a dépassé les 3600 signatures.






"Le béton, non! Sauvons la Base nature de Fréjus!"
La pétition, mise en ligne il y a un peu plus d'une semaine, a déjà été paraphée - électroniquement parlant - par plus de 3.600 personnes.

>> RELIRE. Une décision sera prise d'ici trois semaines concernant le réaménagement de la base nature de Fréjus
À son initiative, Catherine Aubry, ex-candidate aux législatives et responsable des groupes d'action pour la France Insoumise dans la 5e circonscription, souhaite "alerter l'opinion publique" et tenter "le tout pour le tout".

"Un espace littoral exceptionnel"

Car selon elle, "si les recours des associations et le référé du préfet devaient être rejetés par le tribunal administratif de Toulon (son délibéré sera rendu à la mi-février), c'est un espace littoral exceptionnel, un des derniers du genre dans l'environnement malmené de la Côte d'Azur, qui serait exposé à l'aménagement et à la gestion par des opérateurs privés".
Dans le collimateur de Catherine Aubry, "la municipalité de Fréjus qui s'est mis en tête de construire, sur une partie de la Base nature, à la place des 32.000 m² de bâtiments militaires. Par une simple délibération prise au conseil municipal, elle a modifié le Plan local d'urbanisme (PLU) pour pouvoir commencer à bétonner ce magnifique espace public. Malgré l'opposition du sous-préfet, malgré un rapport défavorable du commissaire enquêteur."
"Rien n'arrête le maire FN de Fréjus. Les projets municipaux consistent, pour commencer, à bâtir un hôtel de luxe, un aquarium et une boîte de nuit sur une partie de la base. Excusez du peu".
Dans son combat, l' "Insoumise" sait notamment pouvoir "compter sur le Comité de défense de Fréjus-plage et l'association EME (écocitoyenneté entre mer et Estérel), appuyés par des citoyens, qui se battent comme des beaux diables pour arrêter ces noirs desseins".

Face au terrorisme:Jeunes sous emprise. L’endoctrinement par le Net


mercredi 14 février 2018
Par
Directrice de recherche au CNRS, associée au CEVIPOF

Le net est un redoutable outil de propagande aux mains des extrémistes. La rapidité de diffusion, l’ampleur de l’audience, le ciblage des internautes par les algorithmes, l’interactivité sous couvert d’anonymat. Il permet de toucher les plus désenchantés et les plus vulnérables dans leur intimité, il étend son influence en multipliant les connexions en réseau tout en laissant croire à chacun qu’il est l’objet unique de l’attention. La toile devient ainsi l’univers où se projettent les frustrations et où se déploient les rêves, parfois les plus délirants. L’emprise mentale prospère sur la victimisation de ceux qui se sentent humiliés, atteints dans leur dignité et leur identité. La religion surgit souvent au cœur de cette blessure.
Les pouvoirs publics tentent de lutter contre le cyber-endoctrinement, notamment en bloquant certains sites. Toutefois, la fermeture d’un site risque d’entraîner l’ouverture de plusieurs autres. Et, surtout, la liberté d’expression est la raison d’être des réseaux sociaux : elle s’oppose à des interventions intrusives. Comment analyser ces nouvelles formes d’embrigadement chez des jeunes qui restent plusieurs heures devant leur écran ? Certainement en aidant à construire un ensemble de défenses contre la manipulation, en apprenant à décrypter les messages, à exercer son esprit critique, à argumenter et débattre sur le sens des paroles et des actes de propagande… et d’abord à comprendre.
Le travail mené avec l’association Olympio dans les Yvelines, l’Essonne, le Val-de-Marne, les départements normands, sur le cyber-endoctrinement chez les jeunes internautes révèle les réticences des adultes à se pencher sur ce que regardent les adolescents1. « Cela n’est pas dans mes références culturelles », « Cela nécessiterait une requalification technique que je ne suis pas prêt à engager », « C’est pour les ados, c’est leur univers, je n’ai pas le temps de m’amuser » « Cela me fait peur, je ne veux pas finir sur le fichier des signalés ». Pour aborder la question du cyber-endoctrinement, il est donc nécessaire d’inciter les adultes à se confronter à un monde qu’ils redoutent et qui est pourtant familier à la majorité des adolescents.

Une démarche originale

Les actions de sensibilisation réalisées avec l’association Olympio2, dans le cadre des politiques de prévention de la « radicalisation », ont touché plusieurs milliers de personnes, dans une trentaine de villes, depuis novembre 2015. Les séances avec des élus, des éducateurs, des associatifs, des parents, des animateurs, des élèves, se sont déroulés sur des journées entières, par petits groupes, dans des Maisons de quartier, des établissements scolaires, des mairies, des lieux institutionnels ou associatifs.
Dans un premier temps, l’animation consiste à libérer la parole et à susciter des débats en visionnant un support audiovisuel réalisé par trois game designers s’inspirant de jeux vidéo, clips, films, réseaux sociaux et sites propagandistes. Le décryptage du graphisme, de la bande son, du montage des images, des thèmes abordés permet de mieux saisir leur impact sur ceux qui les regardent en boucle. Dans un deuxième temps, les participants sont invités à monter des saynètes sur les situations dont ils ont à connaître dans leur vie quotidienne – « en vrai » – ou sur des cas cités.
Le thème général proposé s’intitule Jeunes sous emprise et le propos est d’analyser la relation aux écrans, telle qu’elle peut apparaître sous forme d’une véritable addiction. Les mécanismes du cyber-endoctrinement sont étudiés avec l’analyse des stéréotypes et archétypes véhiculés par les écrans. Un parti pris : aucune référence, dès l’abord, à la religion.
Les différentes étapes du processus d’emprise sont caractérisées par des mots-clés marquant les changements d’attitudes ou de postures des internautes. Dans toutes les réunions, les participants ont exprimé, dès la bande annonce, le désir d’aller plus avant dans le visionnement du support audio-visuel, avouant l’attrait que cela exerçait sur eux. Un comédien professionnel anime le débat tout en favorisant une certaine distanciation pour éviter des implications personnelles trop fortes. Les échanges sont ponctués d’informations sur le net, sur des données sociologiques et juridiques, et des pratiques observées sur d’autres territoires3. Les études de cas et les saynètes, choisies par les participants, sont l’occasion d’une expression libre sur les difficultés du quotidien. Les participants donnent leur interprétation des faits, leurs opinions, critiques ou suggestions. Un verbatim est établi. Par ailleurs, pour ouvrir le dialogue avec les lycéens et les collégiens, des journées d’animations scolaires sont organisées, à partir des mêmes supports (plusieurs centaines d’animations ont eu lieu avec l’appui des rectorats, des CAF, des Conseils départementaux et des préfectures).

Les premiers enseignements

Les séances auprès des adultes ont fait apparaître des points importants, similaires d’une ville à l’autre, malgré les différences notables de l’environnement local et de du profil des participants. Ces enseignements ont été complétés par ceux collectés lors de formations auprès d’éducateurs spécialisés et de Juges des enfants, lors de rencontres avec des bailleurs sociaux et des élus, avec des psychiatres tunisiens et algériens.
Le parti pris initial était de ne pas parler de confession ou de radicalisation (seulement de cyber-endoctrinement, de « jeunes sous emprise »). Pourtant, dès les premiers échanges, les participants firent référence à la radicalisation religieuse et les saynètes sur les thèmes choisis par les participants furent centrées sur des pratiques se réclamant du culte musulman (femmes voilées, refus des hommes de serrer la main d’une femme, revendication de temps de prière, refus de se joindre à une fête d’anniversaire, d’écouter de la musique, de sortir avec une fille non-musulmane, de participer à des activités mixtes…). L’irruption des pratiques liées à l’islamisme fut un enseignement majeur, reconnu non sans gêne par tous les participants, ceux qui se déclaraient musulmans ou ceux qui affirmaient leur volonté de ne pas stigmatiser les musulmans, de ne pas céder à « l’islamophobie ».
Ce premier constat s’est accompagné d’autres observations. Tout d’abord, le grand désarroi, la « sidération » des professionnels, des éducateurs, des associatifs, des parents, face à des situations qu’ils ne comprennent pas. La prise de conscience d’une possible fracture générationnelle au-delà de l’apparente familiarité de la vie quotidienne, semblait difficilement acceptable à ceux qui prônaient la communication avec les jeunes comme le remède aux accrocs de la vie adolescente. Parallèlement, tous les adultes ont exprimé, à quelques rares exceptions près, un manque d’information sur les attitudes à adopter, sur les dispositifs actuellement mis en place, y compris le Numéro vert, relativement peu connu ou qui est parfois associé à un signalement voire, par certains parents, à une « dénonciation », aux autorités, une délation : « Je ne vais pas dénoncer mon enfant à la police. Je ne suis pas une balance ».
Autre constat, la demande de solutions rapides. Chacun attend une liste précise de « signes d’alerte » et un « kit de bonnes pratiques » qui permettraient une intelligibilité immédiate des faits et laisseraient espérer des réponses pouvant endiguer le phénomène, aussi bien pour des cas individuels que collectivement. S’ajoute à cela l’idée répandue que, lorsqu’il s’agit d’une radicalisation religieuse, les solutions ne peuvent venir que de « bons docteurs » partageant la même confession et donc « en mesure d’expliquer aux jeunes embrigadés que ce qu’ils voient sur les écrans n’est pas la vraie foi ». Cet espoir est naïf. La réponse n’est évidemment pas théologique, même si la connaissance des sources religieuses est susceptible d une réflexion critique. En vérité, les facteurs de la radicalisation sont multiples et le processus est intimement lié à des archétypes et aux ressorts psychologiques des idéologies totalitaires, confessionnelles ou non. La réponse ne peut être que citoyenne et républicaine.

L’emprise, un processus partiellement invisible

Le processus d’emprise s’observe chez des jeunes de milieux différents, chez des garçons ou des filles : il n’y a pas de profil type. En revanche, on observe plusieurs étapes qui obéissent à une véritable programmation. En grande partie invisible à l’entourage, le processus se caractérise par quatre faits récurrents : la rapidité de la radicalisation par le cyber-endoctrinement (parfois une ou deux semaines suffisent) ; l’aveuglement de l’entourage, qui « n’a rien vu venir » ; le rôle déterminant des applications sur les smartphones, plus efficaces que les leçons des parents ou les prêches du religieux local ; l’influence des fratries et des fraternités virtuelles du net.
En travaillant sur les sites, les jeux vidéo, les clips, on mesure la fascination de l’image, du son, des montages, qui renforcent la logique manichéenne du bien et du mal, du pur et de l’impur, du croyant et de l’impie, du soldat de Dieu et de l’apostat. Une logique binaire qui se nourrit de deux terreaux fertiles : la victimisation et le complotisme. Les clichés prennent appui sur des archétypes, auxquels toutes les religions ou les idéologies ont eu recours : la lumière qui surgit des ténèbres, les éclairs qui suggèrent la création et la puissance, des guerriers exhibant des armes et portant une cape ou un habit qui ne permet pas d’identifier une personne, la main tendue vers celui qui se sent humilié, le noir de la mort salvatrice et purificatrice, le blanc de la sainteté… Le virtuel confère à ce symbolisme une universalité qui peut atteindre des jeunes de cultures différentes. Mais si les archétypes sur lesquels s’appuie l’embrigadement ont traversé les siècles, il est remarquable que le graphisme et les codes visuels utilisés pour le cyber-endoctrinement sont largement inspirés des films et des séries de science fiction, de recueils de BD tel Marvel. Curieusement, les sites djihadistes reproduisent, dans leur graphisme et leur bande son, les spots destinés à l’enrôlement dans l’armée américaine !
Citons des phrases clés recueilles sur les sites : « Toi qui est isolé, humilié, je te reconnais » ; « Tu vas découvrir un monde sans corruption, ni perversion, ni injustice, un monde de fraternité » ; – « Il te faut rompre avec tes amis, ta famille, ton identité (en changeant d’apparence et de nom) » ; – « Tu deviendras alors un héros, un homme nouveau » ; – « Tu porteras la promesse d’un monde purifié, transformé, et ton martyr ouvrira les portes du Paradis à toi et à ta famille » ; « Avec nous, tu terrasseras le dragon du Mal, les feux de l’enfer ». Les professionnels eux-mêmes se prennent vite au jeu de ce genre de Star Wars ou de Matrix. Le cyber-endoctrinement a quelques années d’avance sur nos méthodes pédagogiques ; il jour sur l’émotionnel, le symbolique et les fantasmes !
L’un des fils rouges de cet embrigadement est l’image d’un univers fortement sexué, où l’homme « viril », le guerrier, a besoin d’une femme à sa dévotion, « sa perle », sans laquelle il n’y aurait pas de héros ni de martyr. Parfois, la femme, surtout si elle a été « souillée », peut accéder au statut de martyr, en donnant sa vie. La place croissante des filles sur le net montre une extension du cyber-endoctrinement par des méthodes de propagande spécifiques, avec un jeu de persuasion fondé sur des représentations sexuées valorisées. La complémentarité dissymétrique est fondatrice d’un intégrisme religieux, qui prétend combler le mal être des adolescentes. Les jeunes filles rêvent du prince charmant et d’offrir leurs services à une cause humanitaire : elles préfèrent l’illusion du choix (sur photo) au choix réel qu’elles ont dans une société démocratique. Mais il est vrai que l’enfermement dans les quartiers accentue ce paradoxe « « Vous croyez que les mecs de mon quartier me font rêver ! » Les manipulateurs ont alors beau jeu d’utiliser les traditions : « Ne cherche pas l’égalité qui est l’indifférenciation. Affirme ta dignité dans la complémentarité de l’homme : tu seras la femme du héros et tu lui donneras une descendance pour la propagation de la foi ». La répartition des rôles donne des repères, un semblant d’intelligibilité de soi et du monde, une apparence de loyauté aux ancêtres. Les adeptes acquièrent ainsi une identité qui les prémunit contre une alliance avec un mécréant.

Les étapes de l’embrigadement

L’endoctrinement se présente comme un chemin initiatique, marqué par des épreuves, qui sont autant d’étapes vers la naissance d’un « homme nouveau ».
1. La première étape est celle de la séduction. Le repérage se fait par le moyen d’algorithmes permettant de cibler progressivement un noyau de personnes à la recherche d’un « ailleurs », d’une autre vie. C’est la métaphore du pêcheur qui jette son filet pour attraper quelques poissons. Le ciblage prend en compte une batterie de critères qui vont de caractéristiques psychologiques et familiales à des différences culturelles, linguistiques, de genre, des trajectoires migratoires…il utilise des langages différents et certains sites visent plus particulièrement les filles, les convertis, les étudiants. Cette première phase de la séduction joue sur l’isolement, sur des failles narcissiques, l’ennui de soi et du monde, les addictions. Elle reste le plus souvent invisible, car elle a besoin du secret pour manipuler la personne dans son intimité.
2. La deuxième étape de l’embrigadement requiert l’implication du manipulé, qui va devenir à son tour manipulateur. Elle est celle du prosélytisme visible qui recourt à des attitudes, des gestes, des paroles, une apparence, destinés à être remarqués. Des applications sur les smartphones servent d’aide-mémoire pour indiquer la liste de ce qu’il est permis ou interdit de faire, ce qui rapporte des points pour aller au paradis et ce qui en fait perdre. L’endoctrinement demande alors à l’internaute de devenir à son tour manipulateur en l’alimentant de slogans et de réponses-types, en indiquant les lieux où se montrer et où tester la résistance des impies. Le manipulé/manipulateur se sent choisi, « élu ».
Les signes visibles de l’implication sont récurrents : changements d’apparence physique (maigreur, barbe), de vêtement (djellaba, niquab, pantalons au dessus des chevilles et qui « ne montrent pas l’entrecuisse »), de modes de vie (enfermement dans sa chambre) ; respect formel de prescriptions et de rituels (nourriture, prières, jeûne). Ces changements visibles s’accompagnent de comportements en rupture : décrochage scolaire, abandon d’activités de loisirs ou sportives (sauf les sports de combat) ; éloignement de l’entourage, des anciens copains et copines ; refus de serrer la main d’une personne d’un autre sexe ou d’un mécréant (geste qualifié de « symptôme de schizophrénie » par une psychiatre tunisienne) ; refus de la mixité ; rupture avec la famille ; transformation de la personnalité tel le renoncement à la séduction, l’absence de coquetterie (« on s’enlaidit sciemment ») ; la perte du sens de l’humour, de l’esprit critique et l’interdiction du rire. Si certains de ces signes rappellent des provocations adolescentes, les changements opérés par un processus de radicalisation participent d’une transformation profonde de la personnalité.
3. La troisième phase est celle de la dissimulation, l’effacement de toute manifestation extérieure. La personne, déterminée dans son engagement, se « fond » dans l’environnement pour mieux agir. C’est l’étape de la taqiya (dissimulation) où il s’agit de « tromper l’ennemi de la foi ». S’arrêter à qualifier la radicalisation à travers quelques signes visibles est donc en partie un leurre, alors que le moment le plus irréversible et dangereux ne se voit pas : « Il était gentil, il tenait toujours la porte et il sortait avec des filles, je ne comprends pas » disent les voisins. La crainte de se signaler conduit, aujourd’hui, à entrer plus rapidement dans cette troisième phase. Le cyber-endoctrinement peut favoriser des passages à l’acte en quelques jours. La rapidité de l’élément déclencheur rend le phénomène particulièrement difficile à détecter. Lors de la troisième phase, les recrutés sont aux ordres. Ils peuvent commettre des actes graves ou former le « deuxième cercle » de ceux qui fournissent un appui logistique aux auteurs d’agressions. Ils n’ont plus besoin de partir dans un pays éloigné, ils peuvent agir sur le territoire national et, de plus en plus, « infiltrer » les institutions ou les organismes en contact avec des jeunes.

Le terreau fertile de la radicalisation

La radicalisation est donc un processus de rupture qui a pour but la transformation de soi et la transformation du monde, quels que soient les moyens pour y parvenir, y compris la violence jusqu’au terrorisme. Pour se développer, elle a besoin d’un terreau fertile qui réunit un ensemble d’éléments : la victimisation, le complotisme, le rejet des valeurs républicaines et de la laïcité.
1. La victimisation chez ceux qui se sentent peu reconnus, discriminés ou humiliés par la société, par l’école, favorise l’endoctrinement. Mais l’attitude victimaire est ambivalente : certains revendiquent d’être « stigmatisés » pour exister en renvoyant en miroir la culpabilité à « l’homme dominant », la responsabilité à la « société occidentale » ; d’autres, à l’inverse, cherchent le chemin initiatique du héros combattant. Les jeunes radicalisés rejettent la première attitude et la condescendance de ceux qui les assignent à une identité de « victimes de la société », ils veulent devenir des acteurs de leur vie. La question est alors posée du comportement des professionnels et des associatifs, qui, avec de bonnes intentions, entretiennent les images conjointes de l’exclusion et de la compassion. Le regard condescendant est jugé insupportable par les jeunes entrés dans un processus de radicalisation. Entre la bienveillance et le paternalisme, il n’y a qu’un pas. Celui qui possède le savoir, qui exerce le pouvoir, qui est bien « assis » et arbore son paternalisme, est honni – les « idiots utiles » n’ont pas compris que leur crainte de stigmatiser les jeunes des « quartiers » est ridiculisée et rejetée par ces mêmes jeunes. Et c’est là où se noue le lien avec la théorie du complot : « On vous ment », « Les choses ne sont pas telles qu’elles apparaissent » : les radicalisés se veulent des « chercheurs de vérité » pas des assistés.
2. Le recours fréquent à la « théorie du complot » est utilisé pour justifier la recherche d’une vérité qui serait « ailleurs », et révèlerait « les mensonges » des médias et des puissants. Le « complotisme » entretient une paranoïa qui favorise le projet d’actions destructrices et mortifères contre « une société du mensonge ». La violence devient alors une catharsis. Mais il permet aussi de se sentir distingué, « d’être dans le secret ». Le complotisme est fréquemment alimenté par un antisémitisme qui s’exprime avec virulence, mêlé à la dénonciation des illuminati, des banquiers, des francs-maçons, de la CIA…La récurrence des images archétypales du complot est étonnante. Elle rassure ceux qui ont été traités de « nuls » à l’école et qui se croient au dessus des lois. Désormais, ce sont eux qui sont dans le vrai ! Avec la théorie du complot, ils se distinguent des autres, arborent le savoir occulte et prédisent « l’avenir sombre d’un monde dépravé », « l’apocalypse ». « Ils savent, les autres sont ignorants ».
3. Le rejet du pluralisme des convictions, considéré comme de l’impiété, et de la laïcité, entendue comme une série d’interdits « islamophobes » font le lit de l’embrigadement. Celui-ci se veut la réponse à une série d’interrogations qui n’ont pas été entendues, à une quête de vérité qui n’a pas été satisfaite, à une initiation aux valeurs qui n’a pas été engagée. Cela s’accompagne fréquemment d’un discours sur la dégradation des mœurs, la corruption des politiques, la vanité de la société de consommation. Et les intellectuels, les élus, les éducateurs, qui se croient obligés de dénigrer systématiquement les valeurs de la République, pour prouver leur liberté de pensée et leur compassion à l’égard des « damnés de la terre », développent en fait le tapis rouge sous les pas des nouveaux dictateurs, à l’instar de la fin de la République de Weimar. Certains discouraient pendant qu’Hitler utilisait la propagande par l’image et le son, le symbolisme et les fantasmes.
Nous sommes tous partie prenante de la prévention du cyber-endoctrinement : l’éducation nationale, la culture, les médias, les politiques, les parents. Arrêtons de feindre la découverte du phénomène, de nous servir d’alibis pour nier les ravages de la victimisation auprès de jeunes que l’on enfonce dans l’échec, d’ignorer les liens entre antisémitisme et complotisme comme lors de la sortie du dernier sondage sur le Conspirationnisme commandé par Conspiracy Watch et la Fondation Jean Jaurès, cessons d’accréditer les interprétations fumeuses de l’islamophobie à chaque dénonciation des pratiques liberticides commises par des intégristes. Le net ne doit pas conduire à la forclusion du débat démocratique. Il peut aussi montrer la beauté de la complexité du monde.