mardi 11 décembre 2018

Manon Aubry, l'insoumise varoise en pôle position

Var Matin 11/12/18
"La politique n’est pas un métier": 
Qui est Manon Aubry, varoise tête de liste pour la France insoumise aux élections européennes
La Raphaëloise franchit le Rubicon entre engagement citoyen et vie politique.




La Raphaëloise de 29 ans vient d’être élue à la convention de la France insoumise tête de liste pour les élections européennes de mai prochain. Un sacré défi pour une novice en politique.



A la radio, sur les plateaux de télévision, les chiffres de l’évasion fiscale qu’elle présente, la liste des paradis fiscaux qu’elle détaille sont commentés avec assurance.
Co-auteur du rapport CAC 40: des profits sans partage, et de bien d’autres, Manon Aubry a été élue dimanche tête de liste de la France insoumise aux élections européennes de mai 2019.

La Varoise, responsable de plaidoyer justice fiscale et inégalités à l’ONG Oxfam, est un atout pour le mouvement de Jean-Luc Mélenchon qui cherche des profils issus de la société civile. Elle le rencontre en août dernier à Marseille mais cette fonceuse a pris le temps de la réflexion avant d’accepter la proposition, qui la propulse en pleine lumière.

Restez-vous à Oxfam?
Non. Même si la politique n’est pas un métier, le mélange des genres ce n’est pas ma façon d’agir. Il faut que je puisse travailler – une campagne ça demande du temps, de la disponibilité – et qu’Oxfam garde son indépendance.

A-t-il été facile de franchir le Rubicon entre engagement citoyen et vie politique?
Après avoir été approchée à la fois par le comité électoral puis la direction des Insoumis cet été, j’ai eu une longue hésitation. C’est une décision majeure pour ma vie personnelle.

Vous êtes jeune, novice en politique, n’est-ce pas risqué?
Je mesure la difficulté. Je me suis posé la question: est-ce que je ne devrais pas être plus utile au monde associatif qu’au monde politique? En même temps, c’est un prolongement naturel de mon engagement. Donner un débouché politique à mon engagement, concrétiser mes combats… Il y a une cohérence. Ce que je dénonçais hier, je le dénonce aujourd’hui. Ce qui compte, ma priorité, c’est la sincérité, sinon, les gens ne croient plus à la politique. Je suis moi, avec tout mon engagement. La sincérité, ce doit être le maître mot quand on fait de la politique.
Avez-vous été encartée dans un parti politique?
Une année au PS, il y a plus de dix ans, mais je ne me retrouve pas dans ce parti. C’est un choix audacieux de la part de la France Insoumise…
Un choix assumé, celui d’aller chercher les compétences là où elles sont. J’ai une expertise dans la lutte contre l’évasion fiscale, les inégalités, que je vais porter dans l’arène politique. Aucun mouvement politique ne confie de telles responsabilités à quelqu’un qui n’a jamais fait de politique. La France Insoumise ne fonctionne pas comme les autres partis. J’étais à la convention à Bordeaux où été réunies 1500 personnes, dont les deux-tiers, tirés au sort, sont des militants lambda, pas des cadres, qui participent à la vie démocratique. Ce n’est pas une succession de discours, mais des tables rondes de cinq à huit personnes qui travaillent sur des sujets précis. Quel parti fait cela, donner la voix à des militants de base pour faire remonter des idées, des propositions? Il y a une vraie vitalité. ça renouvelle la vie politique. La France insoumise innove, peut-être pas de manière parfaite, mais elle le fait.
Vous allez prendre des coups. Êtes-vous prête?
Oui, je sais que je vais en prendre, que c’est difficile, violent, surtout pour une jeune femme inexpérimentée comme moi.
Mais notre force, ce sont nos projets, nos convictions, notre programme. Toutes les fois où je serai attaquée, je reviendrai à ça. La sincérité, c’est aussi refuser certains débats de personnes pour revenir au débat d’idées. Celui-là ne me fait pas peur.
Viendrez-vous en campagne électorale dans le Var?
Oui, mais les dates ne sont pas encore fixées.
Née à Fréjus
Née à Fréjus le 22 décembre 1989, Manon Aubry a grandi à Saint-Raphaël. Fille d’un couple de journalistes, cette très bonne élève, qui aime citer Victor Hugo, s’est engagée très tôt.
D’abord au lycée Saint-Exupéry, où elle organise les manifestations en 2005, contre la loi Fillon qui visait à supprimer des postes dans l’Éducation nationale. Elle se souvient avoir croisé dans les couloirs du bahut un autre élève, David Rachline, devenu depuis maire de Fréjus et porte-parole de Marine Le Pen.
Leurs rapports sont "très tendus". Élue porte-parole des lycéens, elle les représente au conseil régional des jeunes en 2006.
Cette année-là, elle prend la tête (déjà…) de la fronde contre le CPE, avant d’être élue pour siéger au Conseil national de l’éducation en 2007.
Elle poursuit le militantisme à Sciences po Paris, au syndicat étudiant UNEF. Ses premières expériences professionnelles pour diverses ONG humanitaires la font voyager en Afrique Subsaharienne.
Encartée "un an seulement" au parti socialiste, Manon Aubry entre désormais de plain-pied dans l’arène politique.
Telle mère telle fille
Très attachée à Saint-Raphaël où elle revient chaque année pour les fêtes de fin d’année, Manon Aubry aime rappeler qu’elle a aussi des origines corses, du côté de sa mère, Catherine Aubry, notre ancienne consœur.
Elle partage avec cette dernière de solides convictions, le goût du débat, et un caractère bien trempé. Elles mèneront ensemble la bataille des Européennes puisque Catherine Aubry, qui avait été candidate aux élections législatives de 2017 dans la 5e circonscription du Var, figure également sur la liste de la France insoumise… en 59e position.
L’élève va assurément dépasser le maître.





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