Sur
les murs de sa chambre d’enfant sont encore affichés les articles
de la presse locale relatant se premiers exploits lors des
manifestations contre contre le CPE, en 2006.
« Mais
pourquoi moi ? » s’est pourtant demandé Manon Aubry
lorsque Jean-Luc Mélenchon lui propose en août, d’être en
position éligible sur la liste FI aux européennes. Elle est alors
porte parole d’Oxfam en France et spécialiste de l’évasion
fiscale et de la lutte contre les inégalités, « je me suis
dit que ce n’était pas pour moi , que je me sentais plus
utile là où j’étais» raconte-t-elle, assise dans le canapé de
la maison familiale de Saint Raphaël (Var), où elle passe les
fêtes. Elle s’est aussi interrogée sur ce qu’elle ferait après
un mandat si elle perdait son job à 29 ans… Elle sollicite Cécile
Duflot, sa patronne à Oxfam : « On a discuté de ce que
c’était qu’être une femme dans un milieu d’hommes, une jeune
chez les vieux, une novice parmi les requins, énumère-t-elle. Ça
ne m’a pas rassurée ! »
Au deuxième
rendez-vous avec le leader de la France insoumise qu’elle connaît
peu mais qui l’ »impressionne », elle arrive avec une
liste de onze pages de questions. Elle a relu le programme pour la
présidentielle et une partie des livrets thématiques et souhaite
clarifier certains points. Comme la position de la France insoumise
sur l’immigration. Elle en sort convaincue et dit oui il y a un
mois.
Elle
qui n’a jamais milité, est quasiment assurée d’être élue
députée
Elle voit dans ce
premier engagement politique le prolongement de son parcours dans les
mondes syndicaux et associatifs. Investie dans son lycée que
fréquente David Rachline, alors à la tête du FN de la jeunesse,
aujourd’hui maire RN de Fréjus, Manon Aubry intègre ensuite
Science po et se retrouve dans la même promotion que Gabriel Attal
le secrétaire d’État chargé de la jeunesse. Présidente de la
section locale de l’Unef, antichambre du PS, et notamment du
courant de Benoît Hamon, elle refuse d’assister à la moindre
réunion politique. Ironie de l’histoire, elle a aussi été
approchée pour les européennes par le fondateur de Génération-s
et par Place publique. Elle qui n’a jamais milité ni même adhéré
à un parti se retrouve avec la quasi-certitude d’être élue
députée européenne en mai. « Je passe directement de l’autre
côté, c’est un peu bizarre », dit-elle avec un sourire, en
espérant avoir encore le temps de s’entraîner avec son équipe de
water-polo. « La politique, c’est la voie pour changer le
monde », insiste sa mère Catherine. Engagée au parti de
gauche depuis 2015, candidate FI aux législatives de 2017, elle
figure aussi sur la liste des européennes. « J’ai proposé
de me retirer lorsque Manon a pris la tête de la liste, explique
l’ex-journaliste de 63 ans. Mais comme je ne suis pas en position
éligible … » Chez les Aubry, la politique c’est une
affaire de famille. Et pourtant elles le répètent : elles
n’ont aucun lien avec Martine !
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