A
partir de ce mardi 3 avril, de nombreux trains et avions seront à
l’arrêt, le ramassage des poubelles sera délaissé, le secteur de
l’électricité et du gaz sera mobilisé. Et dans l’enseignement supérieur,
certaines universités seront bloquées. A chaque mouvement ses
revendications et son lot de perturbations. "Marianne" fait le point.
Grève à la SNCF
A partir du 3 avril et jusqu’au 28 juin, la circulation des trains sera perturbée à raison de deux jours sur sept, grève perlée contre la réforme de la SNCF oblige. Pour les deux premiers jours d’action des cheminots, ce mardi 3 et mercredi 4, les perturbations seront nombreuses. En effet, 77% des conducteurs cesseront le travail mardi. Les conséquences se lisent sur les prévisions de trafic. Au niveau national, seuls 12% des TGV circuleront, 13% pour les intercités. Les TER sont eux davantage épargnés : deux sur dix seront maintenus en moyenne. Un chiffre à relativiser : 95% de ces trajets seront assurés par des bus de remplacement.Pour les Franciliens, ces deux journées s’annoncent aussi compliquées. Sur le RER A, un train sur deux sera au rendez-vous, un sur trois pour le RER B. Le RER C sera de loin le plus perturbé, avec 20% des trains maintenus, tandis que le RER D verra un train sur quatre sur les voies et un sur trois pour le RER E. Pour les transiliens, les prévisions s’annoncent dans la même tonalité.
Dans ce mouvement de grève des cheminots, seules les lignes internationales ne connaîtront que peu de perturbations. Le trafic des Thalys sera très proche de la normale et 75% des Eurostars pourront traverser la Manche.
Quatrième jour de protestation à Air France
Depuis cinq semaines, le personnel de la compagnie aérienne enchaîne les journées de grève non consécutives. Après le 22 février, le 23 mars et le 30 mars, les vols du 3 avril seront également perturbés. Onze syndicats exigent la revalorisation de certaines primes pour les pilotes, accompagnée d’une augmentation générale de 6%, jugeant celle de 1% promise pour cette année comme insuffisante. Jeudi dernier, des discussions se tenaient pourtant entre la direction et les syndicats sur ce sujet. Résultat ? Un échec : “Nous avons quitté la salle de négociations, la direction refusant ne serait-ce que d’écouter nos demandes”, a fait savoir jeudi matin Grégoire Aplincourt, président du SPAF (2e syndicat de pilotes).Air France a indiqué que, malgré ce mouvement, 75% de ses vols seront assurés ce mardi. Dans le détail, 70% des vols long-courrier au départ et vers Paris-Charles de Gaulle seront assurés, comme 85% des vols court-courrier, selon les données communiquées par la compagnie.
Que cette journée soit une réussite ou pas, les syndicats ont d’ores et déjà prévu la suite des opérations : deux autres journées de grève sont annoncées pour le 7, le 10 et le 11 avril. Une mobilisation pensée pour être complémentaire à celle des cheminots, prévue les 8 et 9 avril.
Les éboueurs lancent leur mouvement pour un “service public” du déchet
A l’appel des fédérations CGT des transports et des services publics, une grève reconductible dans l’ensemble de la filière des déchets (balayeur, collecte, centre de tri…) débute également ce 3 avril.Les grévistes demandent la création d’un “service public national” du déchet et donc un “statut unique” pour les employés de la filière. Un statut qui doit permettre d’élargir à ces salariés la possibilité d’un départ anticipé de cinq ans pour tous et de dix ans pour les métiers “exposés à l’insalubrité et la pénibilité”. Le but affiché par la CGT, c’est avant tout de “protéger” ces travailleurs d’un certain “dumping social”. Dans de nombreuses municipalités, le traitement des ordures relève aujourd’hui d’entreprises privées via des délégations de services publics, ce qui entraîne, selon les représentants du personnel, une “dégradation des conditions de travail”.
Le mouvement sera-t-il suivi ? Les ordures gagneront-elles les rues en masse ? Pour l’instant, impossible de le dire. Mais Baptiste Talbot, secrétaire général de la fédération CGT des services publics, s’est dit “assez confiant” sur l’ampleur de la mobilisation “au vu de celle observée dans la fonction publique”. La grève, prévue de longue date, doit toucher la région parisienne, Marseille, Montpellier, “ainsi que l’Est et le Nord”, a communiqué la fédération CGT des Transports sans donner davantage de précisions.
Le secteur de l’énergie mobilisé
Dans les pas de la mobilisation des cheminots et des éboueurs, le secteur de l’énergie (électricité et gaz) prépare sa grève qui débutera également ce mardi pour un “nouveau service public de l’électricité et du gaz” et “la fin de la libéralisation du marché”. Par ce mouvement, la CGT souhaite également “peser” sur la programmation pluriannuelle de l’énergie pour la période 2019-2023, que le gouvernement élabore actuellement et qui doit déterminer la trajectoire énergétique de la France.La CGT des Mines-Energie, premier syndicat du secteur, a déposé un préavis qui court jusqu’au 30 avril et qui “sera reconduit tous les mois”, précise-t-on dans les rangs du syndicat. Si des “initiatives” seront prises en guise de protestation, la nature des perturbations reste encore floue. Pas de panique pour les particuliers, les coupures de courant sont exclues. En tout cas pour le moment.
Blocages dans les universités
Dans les universités, la fronde contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) continue. Accusée de mettre en place un système de sélection à l’entrée de la fac, le texte a provoqué les blocages de plusieurs établissements dans toute la France. A Toulouse et Bordeaux, certains sites sont bloqués depuis plusieurs semaines. Même chose à Nancy ou Montpellier. Récemment, la faculté de sciences humaines de Rouen et Nantes ont suivi le mouvement, entre autres. Tandis qu’à Lyon, Dijon ou Caen par exemple, des “blocages ponctuels” ont été organisés.En marge de ces mobilisations, des incidents sont survenus. A Lille et à Strasbourg, respectivement lundi et mercredi dernier, des groupes de militants d’extrême droite ont attaqué plusieurs militants autour des facs. A Montpellier, un groupe de personnes armées de bâtons et cagoulées ont brutalement chassé des étudiants qui occupaient un amphithéâtre pour ces mêmes revendications, entraînant la mise en examen du doyen de l’université pour “complicité d’intrusion”entraînant la mise en examen du doyen de l’université pour “complicité d’intrusion”. Des violences qui ont fait grandir la mobilisation. Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu dans toute la France.
Si les blocages sont un classique des mobilisations étudiantes, la suite reste difficile à prévoir. D’autant que, les examens approchant, des tensions pourraient naître entre ceux qui protestent et ceux qui désirent la réouverture des salles de cours. Et le mouvement pourrait en être impacté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires sont les biens venus, sachez qu'ils seront validés par notre modérateur, merci