mardi 19 juin 2018

Concours de lèche chez les macronistes pour applaudir le sermon de "Manu" Macron à un ado

Par Magazine Marianne

Ce lundi 18 juin, le chef de l'Etat Emmanuel Macron a sermonné un ado qui a osé l'appeler "Manu". L'histoire aurait pu s'arrêter là mais pas pour les plus éminents macronistes, qui voient dans cet embrouillamini ni plus ni moins que la marque d'un grand président.

A-t-on vécu sans le savoir un grand moment politique ce lundi ? Oubliez l'appel du 18 juin 40, c'est en effet à la magistrale leçon d'Emmanuel Macron à un ado qu'il faudra désormais relier cette date. En tout cas, si l'on en croit plusieurs cadres éminents de la République en Marche (LREM), qui se pâment littéralement devant la fameuse séquence vidéo qui tourne en boucle depuis 24 heures sur les réseaux sociaux, où l'on voit le président reprendre sèchement un ado qui vient de l'interpeller trivialement d'un "Ça va Manu ?".
Bien que le collégien de troisième se soit immédiatement excusé devant le "Non, non" présidentiel, le chef de l'Etat développe sa leçon : "Tu es là dans une cérémonie officielle. Tu te comportes comme il faut. (...) Tu peux faire l'imbécile (...) Mais aujourd'hui, c'est la 'Marseillaise' et le 'Chant des Partisans'. Tu m'appelles Monsieur le président de la République, ou Monsieur(...) Tu fais les choses dans le bon ordre. Si un jour tu veux faire la révolution, tu apprends d'abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même. Et après tu donneras des leçons aux autres".
Ivres de cet étalage d'autorité, les mots paraissent manquer aux fidèles macronistes pour saluer cette séquence. La palme du zèle revenant sans nul doute au député Gabriel Attal, présent à ce déplacement du président de la République au Mont Valérien. Dans les yeux de Chimène du parlementaire, ce recadrage cassant d’un simple ado prend des allures d'acte de résistance digne d'entrer au panthéon de la geste macronienne. Et de tweeter : "Il va falloir que chacun s’y habitue : nous avons désormais un Président de la République qui, en plus d’être au niveau de la fonction, s’attache sans cesse à la défendre, et à ne rien céder sur les règles de vie en société, y compris lors d’un échange banal comme celui-ci". Emoji applaudissements.
Sur France 2 ce mardi 19 juin, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux n'hésite pas à mettre les pieds dans ce plat grotesque en convoquant carrément le cortège d'ombres de la Résistance : "C’était le 18 juin, il y a encore des compagnons de la Libération qui sont en vie. Ce sont ceux qui, comme Monsieur Cordier, ont rejoint la France libre. Ils avaient l’âge de ces jeunes qui passent le brevet ou le baccalauréat hier (…) Il faut aussi transmettre des valeurs et c’est parfaitement assumé". On parle toujours du recadrage d'un collégien ayant osé donner du "Manu" au président. Et qui, au passage, est bien plus jeune que Daniel Cordier, qui avait 20 ans en juin 1940. Mais Griveaux l'a déjà montré : aucune exagération n'arrive à la cuisse de Jupiter.
Filant la comparaison historique, le porte-parole de l'Elysée Bruno Roger-Petit surenchérit, frôlant le point Godwin : "La politesse, première des vertus du futur citoyen en société. D’autant plus requise un 18 juin, au Mont Valérien, quand sont célébrés des Héros français ayant combattu le Nazisme". On n'ose imaginer ce qu'il aurait dit si le petit malin avait tenté un "Heil Manu"
Pour une fois, c'est chez le fidèle grognard de la Macronie, le patron des députés LREM Richard Ferrand, qu'il faut chercher un peu de mesure, sur RTL : "Le président a simplement voulu rappeler au jeune homme que voilà, lorsqu’on croise le président de la République, c’était pas personnel sa remarque, on ne le traitait pas comme un copain mais comme le premier des Français". Mais chassez le naturel, il revient au galop de charge : "C’est une forme de spontanéité aussi, c’est une des forces d’Emmanuel Macron, c’est de réagir simplement et de manière directe. Moi, c’est comme ça que je l’aime". Un collégien n'ajouterait à cela que l'emoji cœurs dans les yeux.

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