Par Magazine Marianne
Alors
qu'Emmanuel Macron doit dévoiler ce mercredi 13 juin le cadre de sa
politique sociale, l'Elysée a publiée une vidéo dans laquelle le
président de la République fustige les aides sociales qui coûtent un
"pognon de dingue" sans endiguer la pauvreté.
Décidément,
le coup de barre à gauche attendra. Alors qu'il doit se rendre ce
mercredi 13 juin à Montpellier pour définir l'orientation de sa
politique sociale, une vidéo publiée quelques heures auparavant sur
Twitter par sa conseillère presse Sibeth Ndiaye montre Emmanuel Macron
peaufinant son discours, entouré de ses conseillers. Dans un langage
familier, le président de la République peste contre des aides sociales
qui coûteraient trop cher à l'Etat : "La politique sociale, regardez, on met un pognon de dingue dans des minimas sociaux et les gens sont quand même pauvres".
Le Président ? Toujours exigeant. Pas encore satisfait du discours qu’il prononcera demain au congrès de la Mutualité, il nous précise donc le brief ! Au boulot !
— Sibeth Ndiaye (@SibNdiaye) June 12, 2018
Dans cette vidéo faussement off, Emmanuel Macron pose un diagnostic tranché sur le système social français. "On met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif",
explique-t-il avec une gestuelle très sarkozyenne, tapant du poing sur
son bureau. Il dévoile alors ses intentions sur le sujet : "Toute
notre politique sociale, c’est qu’on doit mieux prévenir - ça nous
coûtera moins, ensemble - et mieux responsabiliser tous les acteurs, s’écrie-t-il. [Aujourd'hui] les
gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres.
On doit avoir un truc qui permet aux gens de s’en sortir. Par
l’éducation…".
Une "politique de responsabilité"
"Responsabilisation",
le mot revient plusieurs fois dans la bouche du chef de l'Etat, comme
s'il fallait donner un coup de pied au derrière des bénéficiaires
d'aides sociales : "Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser
les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. Et sur la santé, c’est
pareil. Tout le système de soins que je veux repenser, c’est aller vers
plus de prévention pour responsabiliser, y compris les acteurs de soins".
C'est alors qu'il mentionne la mise en place prochaine de l'une de ses promesses de campagne : le "reste à charge zéro".
Soit le remboursement à 100% de certaines lunettes, prothèses auditives
et dentaires. Une réforme destinée aux personnes qui renoncent aux
soins et une façon de tenter de se débarrasser de l'étiquette de "président des riches" qui lui colle à la peau : "C’est
dans ce contexte-là qu’on fait le reste à charge zéro. C’est une
politique de responsabilité car tout le monde va au pot […], je
demanderai des efforts aux mecs qui font des lunettes, aux types qui
font des verres". Et de conclure sur une métaphore culinaire, en rejetant le discours que ses collaborateurs lui avaient porposé : "Là, c’est cohérent. Sinon vous n’aviez pas de fil directeur. C’était de la lasagne à la feta avec de la paella !".
Un plan d'économie de 7 milliards d'euros
Une
rhétorique qui correspond à la petite musique gouvernementale jouée ces
dernières semaines sur les aides sociales. La diffusion de cette vidéo
semble en effet s'inscrire dans un plan de communication de l'exécutif
visant à faire avaler à l'opinion une baisse à venir des minimas sociaux
dans le but de réaliser des économies. C'est en tout cas ce qu'a assuré
la semaine dernière Le Canard Enchaîné, qui a dévoilé le chiffre
de 7 milliards d'euros d'ici à 2022, et qui ce mercredi 13 juin cite un
conseiller gouvernemental sous le couvert de l'anonymat : "Pour
éviter que les oppositions se coagulent contre ces économies
budgétaires, il était prévu qu'aucune donnée chiffrée ne devait sortir
avant que l'opinion soit préparée par des sondages opportuns et par une
communication gouvernementale justifiant par avance ces mesures".
Un objectif qui avait été démenti par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, sur RTL le 6 juin, tout en concédant tout de même qu'il y a "trop" de prestations sociales en France. "Nous recherchons ce qui fonctionne, nous arrêtons de financer ce qui ne fonctionne pas", dans le but que la "totalité des prestations" soit passée au crible de "l'exigence d'efficacité". Des déclarations qui intervenaient quelques jours après celles de Gérald Darmanin également sur RTL. Assurant également qu'il y a "trop" d'aides sociales en France, le ministre de l'Action et des Comptes publics soulignait pour sa part qu'il fallait "revoir le système d'aides sociales" : "Il y a une multiplicité d'allocations qui sont parfois contradictoires dans leur objectif". Et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire de reprendre le refrain ce mercredi 13 juin sur RTL, appelant une politique d'aides sociales plus "utile". Vous l'avez, la petite musique ?
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