vendredi 29 juin 2018

Lettre ouverte à François Léotard, dont la base nature porte le nom ....


Cher François Léotard,

Nous ne sommes pas du même côté de l'échiquier politique. Mais la cause – celle de l'avenir de la base nature - est trop sérieuse pour ne pas surmonter ces barrières. D'autant que vous cultiviez, me semble-t-il, un certain goût pour la nature, au sein de laquelle vous avez pendant longtemps usé vos baskets lors de vos joggings, notamment sur cette fameuse base, lorsque vous étiez maire de Fréjus.
Donc, M. Léotard, vous ne pouvez pas ne pas réagir. Vous ne pouvez pas laisser ce magnifique espace naturel de 135 hectares qui porte votre nom depuis 2007, se laisser grignoter par le béton. Car le maire actuel peut jurer sur tous les tons qu'il ne touchera pas à un mètre carré de verdure, tout le monde sait bien que dès qu'apparaîtront sur le site de « votre » base, l'hôtel, l'aquarium et la discothèque prévus par David Rachline (à la place de hangars certes bien moches), les lieux commenceront à changer de destination. Irrémédiablement. Ces premières constructions privées, pensées dans le flou, sans concertation, sans plan d'ensemble, en appelleront d'autres. Et puis, des parkings privés. Et puis une plage privée pour l'hôtel. Et puis ….
Et puis, le public familial et décontracté, qui passe ses journées entre terrains de foot, pistes de skate, rollers ou sieste sous les arbres, ce public-là disparaîtra au fil des mois. Repoussé par la clientèle de luxe (un hôtel 5 étoiles !), par la privatisation. Rien ne sera plus comme avant, comme maintenant.

M. le ministre, vous étiez fier d'acquérir pour votre commune, en 1995, cet espace naturel incomparable. Il s'est passé, en ces lieux, des centaines d'événements remarquables, du gigantesque Roc d'azur aux splendides concentrations de cerfs-volants du festival de l'air et du vent, en passant par d'innombrables rassemblements associatifs. Certes, Marine Le Pen y a aussi lancé sa dernière campagne pour l'élection présidentielle, ce qui ne restera sans doute pas le meilleur souvenir que gardera le fameux hangar Caquot. Certes, on a cru bon, un été, de couper des arbres pour y organiser un concert de Johnny Hallyday, ce qui n'était sans doute pas l'idée du siècle. Mais passons.
Ne retenons que les 600 000 visiteurs par an, au bas mot, qui fréquentent ce lieu unique dans la région, à deux doigts d'être défiguré. Ce qui semblait pourtant impensable. En effet, quand la commune que vous dirigiez a acheté cette base au ministère de la défense, l'acte de cession a précisé que seuls des équipements pour des services publics pouvaient se trouver sur la partie construite de la base. C'était une belle exigence, que la municipalité actuelle va tordre sans vergogne. A moins qu'un hôtel haut de gamme soit considéré comme un équipement public ….Allez-vous laisser faire cela, M. Léotard ? Il y aurait eu tant de projets intelligents à développer en ces lieux, avec un peu de concertation et d'intelligence.
Nous, citoyens, tentons de protester en nous adressant aux tribunaux, en alertant le public à travers une pétition (qui frise les 65 000 signatures, ce qui n'est pas négligeable). Et dimanche 1er juillet, nous organisons un pique-nique festif sur place pour échanger avec les habitants d'ici et d'ailleurs, sur les menaces qui pèsent sur l'avenir de cet espace. Pas d'agressivité dans notre démarche, juste un désir d'informer et la volonté de freiner des projets qui nous semblent démesurément mal adaptés au site.
M. Léotard, nous vous invitons à venir partager avec nous, en toute simplicité, ce moment convivial, à partir de midi. Venez nous parler de cette base que vous avez faite entrer dans le patrimoine fréjusien. Celle sans doute que vous connaissez mieux que quiconque, et que vous avez certainement à cœur de protéger. Et nous aussi. Voilà qui nous fait au moins un point commun. De taille.
                                        A bientôt donc.
                                          Catherine Aubry, co-animatrice de la France insoumise
PS : Je vous prie d'excuser la liberté que je prends de vous interpeller ainsi publiquement, mais je n'ai pas vos coordonnées personnelles.
                 


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