lundi 29 janvier 2018


L'école de formation de la France insoumise ouvre ses portes

POLITIQUE Les formations dispensées sont gratuites, en accès libre, y compris aux 
non-Insoumis (qui ne se sont pas inscrits sur la plate-forme Internet du mouvement)...
20 Minutes avec AFP
 
 — 


Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, lors d'un meeting à Montreuil le 25 mai 2017.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, lors d'un meeting à Montreuil le 25 mai 2017. — YANN BOHAC/SIPA

La rentrée a sonné pour les Insoumis. Cours de philosophie, d’économie ou tutoriel de prise de parole en public : l’école de formation insoumise (eFI), lancée ce lundi, a pour but de « rendre possible la révolution citoyenne », sans pour autant dispenser des « éléments de langage ».
En accès libre, y compris aux non-Insoumis (qui ne se sont pas inscrits sur la plate-forme Internet du mouvement) et entièrement gratuite, cette « école » consistera en un cours magistral mensuel devant un public mais retransmis en ligne et suivi de questions, en plus de la mise à disposition d’une série de tutoriels vidéo consacrés à l’activité militante plus concrète.

Un refus de la professionnalisation de la vie politique

« Il ne s’agit pas de donner des éléments de langage mais de nourrir et fortifier leur militantisme », explique Manon Le Bretton, ancienne candidate LFI aux législatives et co-responsable de l’école, se moquant des conseils donnés par La République en marche pour parler politique au repas de Noël.
« Nous refusons la professionnalisation de la vie politique et le tri social de ceux qui sont appelés aux responsabilités : si les Insoumis ont des savoirs et des savoir-faire, la révolution citoyenne est possible », renchérit le politologue proche de Jean-Luc Mélenchon, Thomas Guénolé, autre responsable de l’eFI.
« Pendant ce temps, En Marche fait des séminaires de formation ouverts à ses seuls cadres et sur le modèle des séminaires d’entreprise », persifle le politologue. En réalité, si le délégué général de LREM, Christophe Castaner, a annoncé vendredi l’ouverture d’un « institut de formation » cette année afin de préparer les futurs candidats LREM, notamment dans la perspective des municipales de 2020, des moocs (formation en ligne gratuite) longs et courts existent déjà en libre accès.

Endoctrinement ?

Les cours seront dispensés par des membres de son mouvement, bénévolement. Après une session d’introduction, samedi, à la « philosophie insoumise » mené par Benoît Schneckenburger, professeur de philo, ceinture noire de karaté et garde du corps de Jean-Luc Mélenchon à ses heures, suivront les thématiques correspondant aux campagnes annuelles du mouvement : le nucléaire le 10 mars, la pauvreté le 21 avril et la fraude fiscale en mai.
Puis, viendront de grands sujets généraux comme l’économie, la santé ou la réforme constitutionnelle aboutissant à une VIe République, une des mesures phares du programme « l’Avenir en commun ». L’un des objectifs est d’ailleurs de reprendre et d’expliquer ce programme afin que les militants se l’approprient et puissent eux-mêmes « devenir des relais de savoirs partagés ».
Mais pour autant, pas d'« endoctrinement », se défendent-ils. Les deux responsables de l’eFI revendiquent un héritage plutôt lié à l'« humanisme de la Renaissance », aux « universités populaires de la fin du XIXe » ou encore de celles organisées par les syndicats dans l’entre-deux-guerres.

dimanche 28 janvier 2018

Pour une alternative au système Linky


Bonsoir les ami-e-s de la côte,

Je viens de lire un peu la "pub" des pro Linky et je pense que leur stratégie 
consiste à nous faire passer pour des "gens du passé" qui ne comprennent 
rien à la modernité et à la nécessité de rendre "intelligent" le réseau EDF.

Je pense que nous devons en être conscients et nous placer dans le même 
contexte qu'eux en démontrant que d'autres moyens existent.

J'ai eu envie de faire un texte qui répondrait à cet objectif. Je vous le 
propose ci-dessous pour qu'éventuellement vous puissiez apporter votre 
avis vos propositions ou vos critiques. Le but est de l'améliorer en restant 
concis.

Ensuite, nous pourrions proposer ce texte "pédagogique" à des personnes 
qui cherchent à comprendre ce qui nous motive

Bien cordialement,
Daniel Colombo pour le collectif de Fayence 

Si vous voulez, contacter le Collectif Varest ;stoplinkyvarest.canalblog.com



  POUR UNE ALTERNATIVE AU SYSTÈME LINKY ! 

              La nécessité d'un réseau EDF "intelligent"

La production d'électricité par les énergies renouvelables, le solaire et l'éolien,
est par nature excessivement variable.

La consommation d'électricité, par la charge croissante des batteries des futures 
véhicules électriques et des appareils à accumulation de chaleur, est appelée à devenir 
également de plus en plus variable.

Il en résulte la nécessité de réguler la production et la consommation de manière
judicieuse avec un double objectif : 

  -  Éviter les surcharges de consommation qui feraient disjoncter le réseau.

  -  Éviter une marge trop importante de sécurité constante production/ consommation 
     qui augmenterait le coût de l'électricité et gaspillerait de l'énergie. 

          D'où la nécessité d'une "nouvelle intelligence" du réseau EDF. 

                  Et le système Linky devint la panacée !

Le problème, avec le système Linky, c'est l'absence ou l'insuffisance flagrante de 
concertation avec les milieux scientifiques, sanitaires, associatifs et politiques qui à
précédé la prise de décision. Résultats : Deux graves inconvénients majeurs :
Une intrusion inutile dans nos vies privées et l'accroissement  du brouillard des ondes 
électromagnétiques reconnues potentiellement cancérigène par l'Organisation Mondiale
de la Santé. Par ailleurs, aucune instance politique n' a réellement validé ce système. 

    Pourquoi nous sommes opposés au système Linky ?

Pour rendre le réseau électrique national "intelligent" d'autres solutions étaient 
évidemment possibles et les interrogations sur le choix du système Linky sont nombreuses :

  -  EDF connait très bien les courbes de charge de nos consommations. Elles varient selon les 
     prévisions météorologiques pour le chauffage électrique et selon les durées journalières et  hebdomadaires des activités professionnelles pour les habitants et pour les entreprises.
     EDF n'avait pas besoin de connaître la consommation individuelle, heure par heure de 
     chacun des 35 million de foyers. Pourquoi ce choix intrusif et inutile ?
    
 La régulation du réseau électrique existe déjà dans trois tarifications EDF : Tarif Jour / Nuit,
   Tarif EJP ( Effacement Jour de Pointe ), Tarif Tempo ( 6 tarifications différentes )
    Ces tarifs sont également commandés  par des courants porteurs en ligne ( CPL ), comme 
    le système Linky. mais ce ne sont que des impulsions qui ne durent qu'une fraction de seconde. 
    avant et après la durée du tarif appliqué. Le système Linky, lui, contrôlera votre consommation 
    en permanence avec des émissions d'ondes pulsées 24h sur 24.

 Il était possible de remplacer ces tarifications par de nouvelles qui auraient pris en compte les 
    nouveaux paramètres de demain ( Solaire, éolien, recharges des batteries de voitures ... )
    sans lancer ce projet pharaonique de 7 milliards d'euros.
   
  -  Pourquoi EDF n'a pas mis en oeuvre une telle solution plus économique, plus écologique, 
     plus respectueuse de nos libertés et moins risquée pour notre santé ? 

  -  Le Linky ne permettra pas d'économie d'énergie. À part quelques lampes qui seront un peu
     plus souvent éteintes pendant quelques temps, les abonnés consommeront toujours autant
     d'électricité pour se chauffer, faire la cuisine, laver le linge ou la vaisselle ....

  -  Le Linky apporte d'autres services qui n'existent pas actuellement : Signalement immédiat des
     pannes sectorielles. Désabonnement et abonnement à distance. Relevés des compteurs à 
     distance.Coupures du courant à distance en cas de non paiement ....mais le système filaire 
     pouvait apporter les mêmes services par un réseau téléphonique et fibre optique sans provoquer 
     un accroissement dangereux  du brouillard des ondes électromagnétiques du Linky avec ses 
     740 000 antennes supplémentaires et ses CPL qui pollueront nos habitations.

                              POUR UNE ALTERNATIVE AU SYSTÈME LINKY !

Nous n'acceptons pas qu'une solution aussi mauvaise ait été retenue. Nous faisons appel aux
pouvoirs politiques à tous les niveaux, du communal au national. Nous devons imposer un
moratoire pour remettre en cause ce choix désastreux. De nouvelles études devront être
menées avec les milieux scientifiques, sanitaires, associatifs et politiques et de nouveaux choix
répondant à l'intérêt général seront  alors décidés.

Le Collectif "Stop Linky du Pays de Fayence"


La pétition :

 
          

Catherine insoumise

Articles issus de "Bah Alors?"









































Article de Bah alors (janvier) :Un comité vigilant

 


Inégalités : des chiffres hallucinants !

Rapport Oxfam : les milliardaires sont le plus gros problème de ce monde !

 dans #Desintox
Un nouveau rapport de l’ONG Oxfam pointe le niveau délirant et néfaste atteint par les inégalités dans le monde. 2017 fut une fois de plus l’année de tous les records. Le 1% des plus riches au niveau mondial se sont accaparés 82% des richesses produites. Les 2043 milliardaires ont vu leur fortune s’accroitre de 762 milliards de dollars. Soit 7 fois le montant nécessaire à l’élimination de l’extrême pauvreté dans le monde.
Le rapport insiste sur le lien entre ces accumulations gigantesques de richesse et la persistance de la pauvreté. En multipliant données et exemples, il bat totalement en brèche le mythe du ruissellement. Ainsi, pointe-t-il le cas du Nigéria, un des pays les plus inégalitaires du monde qui a obtenu pendant la dernière décennie une croissance du PIB parmi les plus fortes du monde… et une augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté. A l’échelle mondiale, la voracité des riches est responsable de bien des situations de misère. Si les richesses produites avaient été équitablement réparties lors des 20 dernières années, 700 millions de personnes seraient sorties de l’extrême pauvreté.
L’ONG indépendante montre que la majorité des plus grandes fortunes est constituée par des biais illégitimes. C’est bien loin de l’image des entrepreneurs, créateurs et preneurs de risque ! La première composante de la fortune des milliardaires est l’héritage à hauteur d’un tiers. Dans les vingt prochaines années, les 500 plus riches de la planètes transmettront 2400 milliards de dollars à leurs héritiers, soit plus que le PIB de la France. Un autre tiers de la fortune des milliardaires est obtenue via des situations de monopole établies grâce à leurs relations de connivence voir de corruption qu’ils entretiennent avec les pouvoirs politiques. Comme par exemple, quand ils sont reçus en grande pompe et à huis-clos au château de Versailles par le Président français.
La France aussi est touchée par cette vague d’inégalités mondiale. 32 milliardaires français possèdent autant de richesses que les 40% les plus pauvres de notre pays. En 20 ans, les 10 plus gros oligarques de notre pays ont vu leur fortune multipliée par 12. Dans le même temps, 1,2 millions de personnes passaient sous le seuil de pauvreté. Le capitalisme français se distingue par l’appétit particulièrement vorace de ses actionnaires. En 15 ans, alors les salariés n’ont du se contenter d’une maigre progression de 14% du salaire moyen, les actionnaires ont eux vu leurs dividendes bondir de 200%. Une situation qui va en s’empirant avec la politique d’Emmanuel Macron.
Oxfam avance des solutions proches des propositions de l’Avenir en commun. Ainsi, l’ONG prend position pour l’instauration d’un salaire maximum, le développement de services publics universels financés par la dépense publique et l’imposition d’une égalité salariale entre les hommes et les femmes : autant de mesures qui améliorent la vie de la grande majorité, et imposent des limites à l’indécence des prédateurs financiers.

(Article sur le site de la France insoumise)

A Calais, capitulation encore!



samedi 27 janvier 2018

Il faut une opposition plus franche et plus argumentée au macronisme

mercredi 24 janvier 2018
Par
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org
 
2017 a permis au mouvement réformateur néolibéral de radicaliser ses attaques anti-sociales face à une opposition syndicale qui combat encore avec les armes d’hier alors que le président Macron a franchi un nouveau stade dans la lutte des classes. Ras le bol de la succession des manifestations saute-moutons sans préparation au sein du peuple. Ce mode de fonctionnement a montré que cela démobilisait les travailleurs. Ras-le-bol de voir que le mouvement syndical revendicatif est insuffisamment structuré et préparé en structures territoriales interprofessionnelles (UL et UD) alors que de nombreuses attaques depuis des années concernent l’interprofessionnel (retraites, assurance-maladie, branche famille, lois travail, formation professionnelle, assurance-chômage, etc.). Combien de réunions publiques ouvertes aux travailleurs ont été organisées pour expliquer au plus grand nombre les conséquences des ordonnances Macron ? Trop peu bien sûr ! Cette question est-elle taboue ?
L’abandon du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, qui constituait une aberration écologique et économique, montre comment une lutte peut être victorieuse si elle est suivie dans le temps (50 ans !) et qu’elle s’accompagne d’un travail opiniâtre d’explication permettant une mobilisation significative dans la région et dans le pays.
Ainsi, comment va-t-on s’opposer à l’action du « Comité Action publique 2022 » qui vise à détruire encore plus les services publics en détruisant 120.000 emplois de fonctionnaires ? La mobilisation de la fonction publique ne suffira pas, on le sait d’avance ! Aujourd’hui, il s’agit de mobiliser principalement les usagers des services publics et les assurés sociaux et pas seulement les syndicats de la fonction publique. Car si on continue à « faire comme d’hab », la défaite est assurée.
Comment va-t-on s’opposer sérieusement à la nouvelle attaque contre le système de retraites. Le dispositif Macron, gérant du capital, vient d’avancer de 6 mois son offensive. Il l’a déclaré lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour des comptes. Cela veut dire qu’il pense que l’opposition n’est pas en ordre de marche pour pouvoir s’opposer de façon efficace et propulsive. Tout cela va toucher les régimes spéciaux et complémentaires,les droits familiaux, les pensions de réversion, le minimum vieillesse et tous les autres mécanismes de solidarité pour nous amener sur un système dit universel de comptes notionnels. Suffira-t-il de dire que ce n’est pas bon pour les travailleurs et faire quelques meetings dans l’entre soi militant? Où sont les dispositifs d’explication, le millier de réunions publiques nécessaire pour permettre que tous soient à égalité d’expertise et la campagne d’éducation populaire refondée pour développer la puissance d’agir du peuple ?
La politique contre les migrants devient de plus en plus ignoble. Va-t-on faire comme si cela n’existait pas ? Oui, la tribune de Yann Moix1 remet les pendules à l’heure. Et on doit remettre en cause les ordres données aux policiers mais aussi les lois d’immigration et de la nationalité qui permette ces atrocités sur notre territoire. Là, aussi, il faut lier les luttes sociales et politiques à une campagne d’éducation populaire refondée.
Va-t-on, au moment où la baisse des prestations de la protection sociale s’accélère, continuer à financer, au mépris de la loi de 1905, de plus en plus sur fonds publics la construction des lieux de culte de l’ensemble des structures religieuses à commencer par celle qui en bénéficie le plus, c’est-à-dire l’église catholique ? Aujourd’hui, il y a plus d’argent par tête d’élève dans les écoles privées confessionnelles que dans les écoles publiques. Et le gouvernement Macron a enlevé en décembre 2017 10 millions nécessaires à l’école publique pour financer les écoles privées confessionnelles ! Sans compter tous les projets anti-laïques du gouvernement pour continuer à détricoter la loi de 1905. Va-t-on accepter longtemps la division du peuple organisée par les trois dérives à la laïcité à savoir la laïcité usurpée de l’extrême droite, la laïcité d’imposture des communautaristes de gauche et d’extrême gauche (et au sein de ceux-ci ceux qui, en plus, pratiquent le racisme inversé en ménageant l’islamisme politique) sans oublier la dérive néo-concordataire du macronisme2?
Pas de souveraineté du peuple et pas de fédération du peuple sans une clarté laïque. Il faut en finir avec le relativisme culturel, directement lié au mouvement réformateur néolibéral, qui dénature tous les principes républicains. Ce mouvement réformateur néolibéral étant la réponse de l’oligarchie capitaliste à la crise du capital lui-même pour rester dans le capitalisme !
D’une façon générale, le combat des gauches a été forgé dans la phase précédente du capitalisme pour le partage des gains de productivité (le fameux grain à moudre !). C’est comme Capri, c’est fini. L’oligarchie capitaliste a besoin de l’ensemble des gains de productivité pour maintenir des taux de profits élevés ce qui est la base du capitalisme. Voilà pourquoi les appareils deviennent de plus en plus inefficaces et donc inaudibles. Aujourd’hui, toute réforme progressiste demande d’intégrer tous les combats dans une perspective de changement de système pas seulement politique mais aussi économique et culturel. Mais en recréant les liens sociaux et politiques perdus par l’ensemble des gauches. Et ce sera de longue haleine donc c’est aux militants plus jeunes de se préparer à cette bataille.
C’est bien à une révolution holistique qu’il faut se préparer. Et donc avec toute une série de ruptures. Oui, il faut une nouvelle rupture démocratique (qui ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise par exemple), une nouvelle rupture laïque liée à un anti-racisme radical et universel3, une nouvelle rupture sociale, une nouvelle rupture énergétique et écologique, une nouvelle rupture féministe, qui débouchent sur des nouvelles exigences : voilà le projet de la République sociale ! Il est temps de reprendre le flambeau de la révolution de 1848, de la Commune de Paris, des grandes lois de la période d’avant première guerre mondiale, du Front populaire, du programme du conseil national de la Résistance pour porter enfin la République sociale jusqu’au bout !

Le marché juteux des maisons de retraite. Le personnel sera en grève le 30 janvier

Maisons de retraites EHPAD, un marché juteux

« En matière d'immobilier, on dit généralement qu'il faut acheter où l'on aimerait vivre. L'investissement dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui consiste à acheter une chambre dont on confiera la gestion à un exploitant, est certainement l'exception qui confirme la règle. Car il s'agit bien là d'un investissement porteur, bien que personne n'ait véritablement envie d'y résider » .C’est ainsi que le site de L’Express « Votre argent.fr » s’adresse non sans cynisme aux investisseurs gourmands, dans un article au titre aguicheur : « Cet investissement immobilier aux rendements quasi assurés et à la douce fiscalité ». Particuliers, banques, fonds de pensions ou courtiers s’y bousculent : une fiscalité avantageuse, des rendements « autour de 4,5%, et plus encore pour les biens acquis sur le marché secondaire »... les Ehpad intéressent les placements financiers au moins autant que le placement de personnes âgées.
Comment en est-on arrivé là ?
On aurait tort de penser que cette situation résulte simplement d’une stratégie agressive du secteur privé lucratif sur les acteurs traditionnels non lucratifs. En réalité la responsabilité des politiques publiques est considérable dans cette évolution. Créés par la loi du 24 janvier 1997, les Ehpad proposent un hébergement longue durée associant services sanitaires et services d’hébergement. Leur financement se décompose en 3 parties : le « soin », financé par l’assurance maladie via les Agences Régionales de Santé (ARS) ; la « dépendance » financée par le résident lui-même, et par le Conseil Départemental lorsqu’il bénéficie de l’APA (Allocation Personnalisée Autonomie) ; enfin la partie « hébergement », également financée par le résident. Avant la loi de création des EHPAD, le financement dépendait du statut juridique des établissements : seuls les établissements non lucratifs - publics ou associatifs - percevaient des dotations publiques. Désormais, l’attribution de ces financements dépend uniquement du niveau de dépendance moyen (GIR) des résidents accueillis, ce qui permet aux établissements privés lucratifs de bénéficier des mêmes fonds que les non-lucratifs.
Du point de vue du régulateur public, cela permet de laisser la part « hébergement » à la charge des familles tout en contrôlant les budgets « soin » et « dépendance » qui lui reviennent. Mais par là même, les établissements privés lucratifs peuvent assurer l’hébergement des personnes âgées dépendantes exactement au même titre que les acteurs traditionnels (publics ou issus de l’économie sociale), obtenir des autorisations pour la construction de nouveaux établissements, et accueillir des bénéficiaires de l’APA. Autrement dit, les groupes privés vont se développer et gagner en rentabilité grâce aux financements publics et socialisés ; de leur côté les EHPAD non lucratifs se trouvent directement affaiblis par cette mise en concurrence avec des groupes capables de dégager des bénéfices d’autant plus conséquents qu’ils facturent l’hébergement bien plus cher : le prix médian est de 1801 € /mois dans les EHPAD publics et de 2620 € dans le privé lucratif (source : CNSA). Cette logique trouve son aboutissement dans la « Loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement » de 2015, qui annonce : « Cette loi est porteuse d’un changement de regard sur la vieillesse. [...] Afin de permettre d’accompagner au mieux l’avancée en âge de la population, les acteurs publics et privés continueront d’être mobilisés pour le développement de la silver économie, filière d’innovation stimulant la croissance et l’emploi. » Pour la première fois, le vieillissement et la dépendance ne sont plus envisagés par le législateur comme un risque, mais comme une opportunité économique pour le public et le privé, main dans la main.
Le Privé au détriment du Public
Pourtant, malgré la mise en place de nouveaux outils de financement - journée de solidarité de 2005 et Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie, CASA, en 2013 – le vieillissement de la population représente une augmentation considérable de la dépense publique : 24 milliards d’euros en 2016, plus 10 milliards d’ici 2040, pour faire face à cette hausse des personnes âgées dépendantes. Dans un contexte austéritaire, les collectivités n’ont qu’une obsession : maîtriser cette dépense, et de plus en plus, s’en délester. Aussi freinent-elles de plus en plus l’ouverture de nouvelles places en EHPAD. Une directrice de groupe d’EHPAD de l’économie sociale pouvait ainsi déclarer en 2016 : « l’ARS refuse toute création de nouveaux établissements parce qu’elle sait que derrière, elle devra payer des emplois pérennes »(1). En face, les investisseurs privés se frottent les mains : le doublement de la population de plus de 65 ans d’ici 2060 booste ce marché en expansion, comme en témoigne cet extrait d’un article de Les Echos.fr vantant sans vergogne « Le nouvel Eldorado des Résidences services » : « les EHPAD répondent à un besoin grandissant de structures adaptées au vieillissement de la population. Or, la France en manque et l'Etat n'a plus les moyens de financer ces maisons médicalisées ». « L'achat dans une résidence médicalisée dispose d'une bonne visibilité sur trente ans », affirme Benjamin Nicaise, PDG de Cerenissimo.
Par ailleurs, le principe du libre choix de l’établissement par les familles justifie la parution de palmarès des meilleurs EHPAD, qui, comme dans d’autres secteurs (éducation, hôpitaux), encouragent des comportements de consommateurs de la part des familles. Phénomène de « bench-marking » qui vient encore accentuer la mise en concurrence des établissements ; il encourage en outre l’importation dans le public de méthodes managériales issues du monde lucratif.
Performances chiffrées, soins minutés : il est en effet frappant de constater que la dénonciation de la maltraitance institutionnelle n’est en rien l’apanage du secteur lucratif. Mais il est certainement d’autant plus choquant de constater que certains groupes n’hésitent pas à augmenter des marges déjà colossales en imposant aux résidents et aux personnels des conditions de vie et de travail proprement insoutenables. C’est ce que dénonçait le magazine « Pièces à conviction » sur France 3, en octobre 2017, à travers l’exemple de Korian : ce groupe dont les bénéfices ont bondi de 400 % entre 2015 et 2016, n’hésitait pas à rationner les couches de ses résidents… pourtant financées par l’argent public. Ce sont au total entre 7000 et 10000€ par an d’économies pour l’établissement. Il en faut plus sans doute pour couper l’appétit des actionnaires du groupe.
Manon Lebretton
Retrouvez sur notre site notre entretien avec Caroline Fiat, députée France insoumise « EHPAD : la ministre ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas »

(1) Citée par I. Delouette et L. Nirello dans la revue « Journal de gestion et d’économie médicale »2016-7 p.387 : « Le processus de privatisation du secteur des EHPAD ».

L'intersyndicale (CGT, CFDT, FO, UNSA et CFTC) appelle à une grève nationale dans les EHPAD le 30 janvier prochain, pour dénoncer un nouveau projet de réforme de la tarification qui aggraverait encore l'insuffisance des effectifs et des moyens.
Aricle de "l'ère du peuple", une très bonne revue qui donne à réfléchir