vendredi 12 janvier 2018

Emmanuel Macron se prend pour un électeur italien



De passage en Italie pour participer à un mini-sommet sur la Méditerranée, Emmanuel Macron s’est invité dans la campagne électorale italienne en demandant aux Italiens de faire rempiler l’actuel président du Conseil, Paolo Gentiloni.
Entre un paragraphe sur l’immigration, un autre sur le renforcement des relations bilatérales franco-italiennes - avec la signature d’un traité s’inspirant de l’accord signé avec l’Allemagne en 1963 - et un discours contre le populisme alimenté par la faiblesse de l’Europe, Emmanuel Macron s’est invité dans la campagne électorale italienne ce 11 janvier.
« L’Italie entre dans une phase électorale et je veux souligner ma satisfaction d’avoir travaillé avec Paolo Gentiloni (…). J’espère que nous pourrons continuer ce que nous avons commencé », a lancé le chef de l’Etat durant une conférence de presse. Ces propos sont pour le moins inhabituels, même si ce n’est pas la première fois que l’Europe ou l’un de ses dirigeants s’invite dans le débat politique italien. En 2011, les pressions de Bruxelles avaient poussé le président de la République italienne à licencier Silvio Berlusconi pour sauver l’euro et l’Italie que le milliardaire avait mal gérés. L’ingérence d’Emmanuel Macron dans la campagne électorale italienne n’a donc au final rien d’étonnant. D’autant qu’il n’a pas seulement exprimé ses affinités politiques avec l’actuel président du Conseil italien. Il a plutôt fait part des inquiétudes européennes face aux derniers sondages qui indiquent une montée en flèche du Mouvement 5 étoiles (M5s) et la descente aux enfers du parti démocrate auquel appartient Paolo Gentiloni.

La menace du Mouvement 5 étoiles

Avec son attirail anti-européen, le mouvement fondé par le comique Beppe Grillo en 2009 est, pour les gens comme Macron, aussi séduisant qu’un épouvantail. Certes, obtenir la majorité dans les deux chambres lui sera quasiment impossible à moins d’un énorme coup de théâtre électoral. Mais le M5s, aujourd’hui prêt à explorer la voie des alliances post-électorales pour prendre le pouvoir, pourrait participer à la formation du prochain gouvernement. Plusieurs pays, à commencer par la France et l’Allemagne, veulent absolument éviter ce scénario cauchemardesque.
Apprécié par une bonne partie des démocrates tout comme par Silvio Berlusconi - bien placé dans les sondages mais pas au point d’obtenir la majorité aux deux chambres - Paolo Gentiloni plait donc à la fois au couple franco-allemand et aux marchés, en raison de ses positions pro-euro et pro-Europe. Tout cela lui valait bien un gros coup de pouce public de la part de Macron.

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