samedi 27 janvier 2018

Il faut une opposition plus franche et plus argumentée au macronisme

mercredi 24 janvier 2018
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2017 a permis au mouvement réformateur néolibéral de radicaliser ses attaques anti-sociales face à une opposition syndicale qui combat encore avec les armes d’hier alors que le président Macron a franchi un nouveau stade dans la lutte des classes. Ras le bol de la succession des manifestations saute-moutons sans préparation au sein du peuple. Ce mode de fonctionnement a montré que cela démobilisait les travailleurs. Ras-le-bol de voir que le mouvement syndical revendicatif est insuffisamment structuré et préparé en structures territoriales interprofessionnelles (UL et UD) alors que de nombreuses attaques depuis des années concernent l’interprofessionnel (retraites, assurance-maladie, branche famille, lois travail, formation professionnelle, assurance-chômage, etc.). Combien de réunions publiques ouvertes aux travailleurs ont été organisées pour expliquer au plus grand nombre les conséquences des ordonnances Macron ? Trop peu bien sûr ! Cette question est-elle taboue ?
L’abandon du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, qui constituait une aberration écologique et économique, montre comment une lutte peut être victorieuse si elle est suivie dans le temps (50 ans !) et qu’elle s’accompagne d’un travail opiniâtre d’explication permettant une mobilisation significative dans la région et dans le pays.
Ainsi, comment va-t-on s’opposer à l’action du « Comité Action publique 2022 » qui vise à détruire encore plus les services publics en détruisant 120.000 emplois de fonctionnaires ? La mobilisation de la fonction publique ne suffira pas, on le sait d’avance ! Aujourd’hui, il s’agit de mobiliser principalement les usagers des services publics et les assurés sociaux et pas seulement les syndicats de la fonction publique. Car si on continue à « faire comme d’hab », la défaite est assurée.
Comment va-t-on s’opposer sérieusement à la nouvelle attaque contre le système de retraites. Le dispositif Macron, gérant du capital, vient d’avancer de 6 mois son offensive. Il l’a déclaré lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour des comptes. Cela veut dire qu’il pense que l’opposition n’est pas en ordre de marche pour pouvoir s’opposer de façon efficace et propulsive. Tout cela va toucher les régimes spéciaux et complémentaires,les droits familiaux, les pensions de réversion, le minimum vieillesse et tous les autres mécanismes de solidarité pour nous amener sur un système dit universel de comptes notionnels. Suffira-t-il de dire que ce n’est pas bon pour les travailleurs et faire quelques meetings dans l’entre soi militant? Où sont les dispositifs d’explication, le millier de réunions publiques nécessaire pour permettre que tous soient à égalité d’expertise et la campagne d’éducation populaire refondée pour développer la puissance d’agir du peuple ?
La politique contre les migrants devient de plus en plus ignoble. Va-t-on faire comme si cela n’existait pas ? Oui, la tribune de Yann Moix1 remet les pendules à l’heure. Et on doit remettre en cause les ordres données aux policiers mais aussi les lois d’immigration et de la nationalité qui permette ces atrocités sur notre territoire. Là, aussi, il faut lier les luttes sociales et politiques à une campagne d’éducation populaire refondée.
Va-t-on, au moment où la baisse des prestations de la protection sociale s’accélère, continuer à financer, au mépris de la loi de 1905, de plus en plus sur fonds publics la construction des lieux de culte de l’ensemble des structures religieuses à commencer par celle qui en bénéficie le plus, c’est-à-dire l’église catholique ? Aujourd’hui, il y a plus d’argent par tête d’élève dans les écoles privées confessionnelles que dans les écoles publiques. Et le gouvernement Macron a enlevé en décembre 2017 10 millions nécessaires à l’école publique pour financer les écoles privées confessionnelles ! Sans compter tous les projets anti-laïques du gouvernement pour continuer à détricoter la loi de 1905. Va-t-on accepter longtemps la division du peuple organisée par les trois dérives à la laïcité à savoir la laïcité usurpée de l’extrême droite, la laïcité d’imposture des communautaristes de gauche et d’extrême gauche (et au sein de ceux-ci ceux qui, en plus, pratiquent le racisme inversé en ménageant l’islamisme politique) sans oublier la dérive néo-concordataire du macronisme2?
Pas de souveraineté du peuple et pas de fédération du peuple sans une clarté laïque. Il faut en finir avec le relativisme culturel, directement lié au mouvement réformateur néolibéral, qui dénature tous les principes républicains. Ce mouvement réformateur néolibéral étant la réponse de l’oligarchie capitaliste à la crise du capital lui-même pour rester dans le capitalisme !
D’une façon générale, le combat des gauches a été forgé dans la phase précédente du capitalisme pour le partage des gains de productivité (le fameux grain à moudre !). C’est comme Capri, c’est fini. L’oligarchie capitaliste a besoin de l’ensemble des gains de productivité pour maintenir des taux de profits élevés ce qui est la base du capitalisme. Voilà pourquoi les appareils deviennent de plus en plus inefficaces et donc inaudibles. Aujourd’hui, toute réforme progressiste demande d’intégrer tous les combats dans une perspective de changement de système pas seulement politique mais aussi économique et culturel. Mais en recréant les liens sociaux et politiques perdus par l’ensemble des gauches. Et ce sera de longue haleine donc c’est aux militants plus jeunes de se préparer à cette bataille.
C’est bien à une révolution holistique qu’il faut se préparer. Et donc avec toute une série de ruptures. Oui, il faut une nouvelle rupture démocratique (qui ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise par exemple), une nouvelle rupture laïque liée à un anti-racisme radical et universel3, une nouvelle rupture sociale, une nouvelle rupture énergétique et écologique, une nouvelle rupture féministe, qui débouchent sur des nouvelles exigences : voilà le projet de la République sociale ! Il est temps de reprendre le flambeau de la révolution de 1848, de la Commune de Paris, des grandes lois de la période d’avant première guerre mondiale, du Front populaire, du programme du conseil national de la Résistance pour porter enfin la République sociale jusqu’au bout !

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