samedi 24 mars 2018

Ciné, cinémas ....

Entretoiles
L'évènement de la semaine à ne pas rater c’est bien sûr le festival "Amérique du sud", avec 4
films : vendredi 23 mars Mariana de Marcela Saïd et l'intervention de Téo Saavedra, directeur
des Nuits du Sud à Vence et écrivain chilien, samedi 24 mars Citoyen d'honneur de Mariano
Cohn et Gaston Duprat, et El Presidente de Santiago Mitre avec un apéritif Entretoiles spécial
"Amérique du Sud", et dimanche 25 mars 7 jours à La Havane par 7 réalisateurs différents,
suivi de l'intervention de Francisco Tulu, peintre cubain.
CGR proposera un pass pour les 4 films à 19€ pour les adhérents et 30€ pour les non
adhérents.Ce sera un moment cinématographique réellement intéressant !
Ensuite, le dimanche 8 avril, Entretoiles vous proposera Ni juge ni soumise, de Jean Libon et
Yves Hinant, avec la participation d'une magistrate, ancienne juge d'instruction, qui a accepté de
débattre avec nous.
Le dimanche 15 avril, ce sera une soirée sur le thème "Partir ?" avec Les bienheureux de Sofia
Djama et Une saison en France de Mahamat Saleh Haroun, avec, bien sûr, l'apéritif Entretoiles
entre les deux !
Notons aussi les prochains films ciné-club de CGR jusqu'à fin avril : 3 Billboards Les panneaux de
la vengeance, Phantom Thread et Gaspard va au mariage.
Pour cette semaine à CGR dans le cadre du ciné club Les heures sombres , un biopic
historique magistralement porté par Gary Oldman.
A Cotignac et au Luc La fête est finie une histoire d’amitié sur fond de toxicomanie, un premier
film porté par deux jeunes actrices talentueuses.
A Salernes, séance de “ Ciné-solidarité migrants” avec le film L’amour et la révolution un
documentaire dans lequel le réalisateur Yannis Youlountas ,qui sera présent , revient sur la crise
grecque 10 ans après les premières émeutes
Au Vox parmi les films nouveaux La prière un film “qui passe de la conviction au doute, de la
mort à l'amour... il ne répond pas à la question de la foi mais l'interroge “ selon son réalisateur
Cédric Kahn, Mektoub my love nouveau film d’Abdellatif Kechiche et America, que reste-t-il du
rêve américain, une plongée au coeur de l ‘Arizona à la rencontre des habitants d’une petite ville,
qui nous livrent leurs espoirs et leurs crainte à la veille de l élection du nouveau président
A Lorgues c’est le Festival Cin'Edison de 2018 du vendredi 23 mars au vendredi 30 mars avec
une pléiade de films dont vous pouvez trouverez le détail en vous rendant sur le site :
https://www.cinebleu.fr/festivalcinedison2018. Parmi eux : Mala Junta un film chilen,l'histoire d'un
amitié adolescente sur fond de conflit mapuche, Wallay , joli récit initiatique sur les origines et
l’identité et Easy, une comedie macabre qui ne manque pas d’humour.
Nous vous rappelons comme toujours que les adhérents Entretoiles bénéficient du tarif
réduit à 4€90 au CGR pour les films ciné clubs et à 6 € au Vox de Fréjus pour tous les
films sur présentation de leur carte. (Le parking est gratuit après 18h au Vox).
Nous vous souhaitons une bonne semaine au cinéma.

Et comme toujours, on vous le redit : transférez, adhérez, renouvelez (bulletin ci-
dessous), demandez à recevoir cette lettre si vous ne l'avez pas directement dans

votre boîte (à entretoiles83@laposte.net, et même si vous n'adhérez pas!)

MARIANA
(LOS PERROS) Écrit et réalisé par Marcela SAID - Chili / France 2017 1h34mn VOSTF - avec
Antonia Zegers, Alfredo Castro, Rafael Spregelburd, Alejandro Sieveking...

Instantanément on sait que Mariana ne fait pas partie de la race des serfs. Son regard gris qui joue à
être glaçant, son sourire qu’elle fige à loisir, sa prestance, sa démarche, sa posture assurées, tout en
elle semble induire, avec un naturel désarmant, qu’elle est née pour commander. Commander dans
l’espace qui lui est concédé par les hommes, bien sûr. On a tôt fait de comprendre aussi que sa liberté
est sensée se limiter à faire ce que son père, son mari, les autres patrons du coin attendent d’elle. La
haute société bourgeoise dont elle est issue ne tolère pas un cheveu qui dépasse et les prises de
paroles de ces dames se bornent à entretenir un peu de fantaisie dans les conversations ou à donner
des ordres aux domestiques du domaine. Mariana vit mal cette dichotomie un peu schizophrénique.
Elle ne sait qu’être entière. Dressée pour diriger, elle s’entête à le faire en toutes circonstances et
déborde du cadre imposé par son paternel quand il lui confie la main. Sans doute pour ce dernier eût-il
était plus simple qu’elle soit née homme, il aurait pu dès lors lui lâcher la bride, se reposer sur elle,
mais lui aussi est victime des codes de sa classe sociale, de son époque, de son pays. Bien des
années après le régime militaire de Pinochet, le Chili reste encore corseté par un virilisme
aveuglément puissant.
Dans ce no woman’s land où on ne la traite jamais complètement comme une adulte malgré sa
quarantaine, Mariana navigue à vue, essaie de gratter là où ça fait mal puisque sa condition lui en
laisse le temps. Indomptable mais bien consciente que cela en agacera quelques-uns, elle décide
d’aller prendre des leçons d’équitation chez celui que l’on nomme le colonel (Juan). Ce bel homme de
vingt ans son aîné, entouré de mystère, l’intrigue, la fascine. Entre eux se noue progressivement une
relation délicieusement ambiguë, exacerbée par la sensualité des chevaux, leur force vitale, l’odeur du
foin, le claquement de la cravache. Mais il ne saurait-être question de batifoler légèrement alors que
les rumeurs sur le passé trouble de Juan le rattrapent, que la pression extérieure se fait plus intense et
qu’un flic vient rôder, enquêtant sur sa responsabilité durant les sombres années de dictature. Mariana
aura beau insister, Juan refusera toujours de lui en parler comme si cela pouvait réveiller
d’indésirables fantômes. Mais la curiosité imprudente de notre héritière réveillera plus que cela. La
classe dominante dont elle est issue et qui sans vergogne exploite les terres et les hommes,
protégeant jalousement ses privilèges, n’a pas non plus intérêt à ce que les cadavres remontent à la
surface.
C’est un film palpitant de bout en bout, brillamment porté par les acteurs et principalement Antonia

Zegers qui interprète Mariana. C’est aussi une œuvre transgressive, profondément désobéissante qui
vient interroger le pays de la réalisatrice sur les dessous dérangeants de son histoire de façon
intelligente et salutaire.(Utopia)
CGR ven 23/18h
CITOYEN D'HONNEUR
Mariano COHN et Gaston DUPRAT - Argentine 2016 1h57mn VOSTF - avec Oscar Martinez, Dady
Brieva, Andrea Frigerio, Nora Navas... Scénario de Andrés Duprat.

Inclassable ! Dès qu'on essaie de l'enfermer dans une case, ce film rebondit tout comme son
personnage principal. Drôle et cynique sont les premiers mots qui viennent instantanément, mais ils
restent bien insuffisants. Les réalisateurs n'ont visiblement aucune envie de brosser leurs spectateurs
dans le sens du poil et c'est parfaitement réjouissant : c'est donc avec un plaisir sans partage qu'on se
laisse embarquer dans leur univers déboussolant.
Première mise en bouche amusée et grotesque : Daniel Mantovani se voit attribuer en grande pompe
l'inestimable Prix Nobel de Littérature. Les spectateurs semblent écrasés par l'ambiance d'un
somptueux théâtre paré de rouge profond, d'ors vieillissants et de vert antique. Devant la prestigieuse
assemblée, notre homme se lance dans un discours désabusé, provocateur, suite auquel une ombre
passe sur l'assistance qui n'applaudira pas spontanément. Sous son diadème, la reine darde un
regard réprobateur tandis que les yeux des hommes en queue de pie et autres uniformes semblent
curieusement éteints. On ressort de l'épreuve en ayant oscillé avec le personnage principal entre rêve
et réalité cauchemardesque, hésitant avec lui entre larmes ironiques, rires sardoniques, humilité
narcissique : chahutés par des idées et des sentiments incompatibles.
Puis nous voilà cinq ans après. Le doute n'est plus possible. Daniel Mantovani est bien le premier et le
seul écrivain argentin à avoir reçu un prix Nobel qui le place, sur le plan de la reconnaissance
internationale, au-dessus de l'illustre Jose Luis Borges (allusion ironique au fait que le vénérable jury
du Nobel a toujours ignoré cet immense auteur). Une charmante assistante l'aide à répondre, trier les
innombrables sollicitations qui pleuvent du monde entier. On s'arrache la présence de celui qui n'a
plus rien à prouver et refuse souvent les propositions les plus alléchantes. La tâche n'est pas aisée
pour faire entendre raison à ce têtu chronique et blasé.
Mais voilà que dans une brève missive, son passé refait surface. Le maire de Salas, sa petite ville
argentine natale, l'invite à une célébration où sa communauté le désignera comme Citoyen d'honneur.
L'assistante persifle, elle imagine mal son patron adoré aller se perdre au fin fond d'un pays qu'il a fui

et soigneusement évité depuis une trentaine d'année, lui préférant amplement le charme cultivé de
l'Europe. Mantovani ironise lui aussi, s'imaginant une cérémonie miteuse à la hauteur d'une
consécration insignifiante. Comme à son habitude, il balaie l'idée d'un négligeant revers de main pour,
étonnamment, hésiter quelques minutes plus tard. Malgré ses allusions caustiques, son sourire se fait
étrangement rêveur.
Voilà donc notre misanthrope qui embarque pour un aller-retour express au bled, vers le pays des
bouseux qui ont constitué toutes ces années son fond de commerce. Car il n'est pas un de ses livres
qui n'égratigne Salas et ses habitants, se servant d'eux pour brosser le portrait décapant d'une
Argentine qu'il n'a pourtant pas vu évoluer. Sur place il va découvrir, à

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