Merci Macron !
Emmanuel Macron annonce ce mardi 1er mai au magazine américain "Forbes"
qu'il va supprimer l'exit tax en 2019. Par là, selon les calculs de
"Marianne", le Président s'apprête à redonner 800 millions d'euros aux
plus fortunés... Plutôt sympa.
Emmanuel Macron ? “Le président des très riches”. Avec sa blagounette, François Hollande était en dessous de l’étiage. Forbes, magazine des millionnaires américains, le sacre en couv' “leader de l’économie de marché”. Avec la fin de l’exit tax en 2019, annoncée à l'occasion d'un entretien
avec le mensuel libéral, ce mardi 1er mai, le Président fait surtout
les affaires des ultra-riches. Le cadeau est sans précédent : il
s'approche du milliard d'euros.
Comme le montre un rapport
du Conseil des prélèvements obligatoires, institution associée à la
Cour des comptes, publié en janvier 2018, le rendement de l'exit tax
s'est en effet élevé à 803 millions d’euros en 2016, selon les derniers
chiffres officiels disponibles. Une peccadille pour Emmanuel Macron,
semble-t-il. Auprès de Forbes, le chef de l'Etat a décrit un impôt... "pas particulièrement bénéfique pour les finances publiques".
L'exit tax, c'est quoi ?
Créée sous Nicolas Sarkozy, en 2011, l'exit tax a pour
objectif de freiner l’exil fiscal des entrepreneurs fortunés. Elle
prévoit qu’en cas de transfert du domicile fiscal en dehors de la
France, le contribuable doit acquitter une taxe sur ses plus-values
mobilières égale à 34,5% (19% d'impôt de plus-value majoré de 15,50% de
contributions sociales). Depuis la mise en place à l'automne 2017 du
PFU, ce taux de 19% est passé à 12,8%.
Tous les résidents
français qui déménagent à l’étranger ne sont évidemment pas concernés :
la taxe touche seulement les contribuables qui détiennent un patrimoine
mobilier supérieur à 800.000 euros ou au moins 50% du capital d’une
entreprise. Concrètement, et depuis le PFU, le citoyen en partance doit
acquitter une taxe qui s’élève à 28,3% de la différence entre la valeur
actuelle de ses actions et leur valeur d’achat.
Il est particulièrement intéressant de rapprocher ces 800 millions du
nombre de personnes touchées par la taxe. Le Conseil détaille leur
nombre entre 2011 et 2014 : selon les années, ces ménages désireux
d'aller vivre sous des cieux fiscaux plus cléments étaient entre 200 et
400. La taxe a donc rapporté environ... deux millions d'euros par
contribuable. Une vraie machine à sous d'ultra-riches ! Cet âge d'or est
désormais révolu : les prochains foyers tentés par un déménagement à
l'étranger garderont toutes leurs plus-values dans leur poche. Voilà qui
rappelle le milliard des émigrés de la Restauration, quand Charles X
avait indemnisé les nobles ayant fui la Révolution. En matière de
“nouveau monde”, on repassera.
En l’occurrence, Emmanuel Macron est pourtant logique avec lui-même.
Cette suppression est la conséquence prévisible de la fin de l’Impôt sur
la Fortune (ISF), mise en œuvre dès son entrée à l'Elysée. Avec la fin
de l’exit tax, qui avait été instaurée par Nicolas Sarkozy, le compteur des cadeaux aux bienheureux et aux biens nés se montera à 6 milliards en 2019.
Le président de la République assume. Fidèle à ses idées libérales, il voit en cette juteuse exit tax"une
grave erreur pour nos start-up parce que nombre d’entre elles, quand
elles considéraient la France moins attractive, décidaient de lancer
leurs projets en partant de zéro à l’étranger dans le but d’éviter cet
impôt". Un
raisonnement particulièrement tordu qui voudrait qu'un entrepreneur
décide de se lancer à l'étranger plutôt qu'en France où il risquait
d'être taxé... s'il décidait, dans un second temps, de partir à
l'étranger pour raisons fiscales !
C'est un véritable scandale. Hollande a raison : c'est le président des très riches. Et le verrou de Bercy n'est pas près de sauter non plus ... C.A.
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