Par Alexandra Saviana
Un
rapport du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) publié ce
mercredi 16 mai dénonce la "ghettoïsation" grandissante des personnes
âgées qui entraîne leur "maltraitance latente et non assumée".
L’âgisme tue. C’est le constat fait par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans un avis rendu public ce mercredi 16 mai : “Leur exclusion de fait de la société pose de véritables problèmes éthiques". Cette instance composée de juristes, médecins, philosophes et scientifiques, s’alarme de la "ghettoïsation" galopante des personnes âgées et lance plusieurs pistes pour améliorer leur prise en charge. Selon le CCNE, il est "urgent" de "redéfinir
la protection sociale, d’engager de nouvelles formes de solidarité et
de mettre en place de nouvelles formes d’accompagnement".
Il existerait en France une “dénégation collective" du vieillissement, qui se mue en une "stigmatisation" et une "maltraitance". L’âgisme entraîné par une survalorisation, notamment dans les médias, du fait "d’être jeune et bien portant", provoque leur mise au ban dans notre société. “Le prestige de la vieillesse a beaucoup diminué du fait que la notion d’expérience est discrédité, estime le CCNE. La société technocratique d’aujourd’hui n’estime pas qu’avec l’âge le savoir s’accumule, mais qu’il se périme.” Éloignés de leur maison, reclus dans des structures souvent mal-adaptées, les plus de 75 ans souffrent de leur exclusion.
Les personnes âgées sont certes rassemblées dans l’intention louable d’assurer leur sécurité, mais les séjours de fin de vie sont souvent vécus comme une vraie "souffrance", décrite dans l’avis du CCNE comme "la caractéristique intrinsèque des résidents". Les plus de 75 ans séjournant en maison de retraite entrent "en résilience et se résolvent à leur triste condition, s’adaptant bon an mal an à l’institution". Ceux qui, au contraire, n’acceptent pas leur sort, ont plus de chances de développer une "dépression réactionnelle" et de se laisser mourir "du fait d’un sentiment d’indignité". Cet état psychologique, loin d’être compris par le personnel soignant, est le lot d’une part grandissante des patients en maison de retraite : "Dans les Ehpad, 40% des résidents présentent un syndrome dépressif ; 11% ont des idées de suicide, explique dans l’avis le psychiatre Pierre Vandel, spécialiste de la psychiatrie de la personne âgée. La dépression est souvent banalisée ; les professionnels de santé et de l’accompagnement manquent de formation à ce sujet. En conséquence la dépression est sous-diagnostiquée et sous-traitée.”
L’organisme fait ainsi le lien entre ces établissements et la dépression galopante de cette tranche d’âge dans notre pays : "La France a le triste privilège d'avoir, au sein de la communauté européenne, le taux le plus élevé de suicide des personnes âgées de plus de 75 ans", souligne-t-il. Après 85 ans, le taux de suicide devient "le plus élevé de la population".
Il existerait en France une “dénégation collective" du vieillissement, qui se mue en une "stigmatisation" et une "maltraitance". L’âgisme entraîné par une survalorisation, notamment dans les médias, du fait "d’être jeune et bien portant", provoque leur mise au ban dans notre société. “Le prestige de la vieillesse a beaucoup diminué du fait que la notion d’expérience est discrédité, estime le CCNE. La société technocratique d’aujourd’hui n’estime pas qu’avec l’âge le savoir s’accumule, mais qu’il se périme.” Éloignés de leur maison, reclus dans des structures souvent mal-adaptées, les plus de 75 ans souffrent de leur exclusion.
"40% des résidents" des Ehpad présentent un syndrome dépressif
Cet isolement du "grand âge" est surtout caractérisé par le regroupement des plus de 75 ans dans les Ehpad, ces établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Aujourd’hui, alors que près de 600.000 d’entre elles sont réparties dans les 7.200 maisons de retraites du territoire, le CCNE juge que "leur concentration génère des situations parfois indignes". Contraintes de "payer cher" pour vivre dans un endroit où elles ne souhaitent souvent pas demeurer, elles sont prises en charge par des professionnels qui "font du mieux qu’ils peuvent avec des moyens qu’ils n’ont pas parfois" : "Dans un contexte de pénurie de personnels et de rationalisation des soins, le sentiment de solitude ressenti par les résidents est renforcé".Les personnes âgées sont certes rassemblées dans l’intention louable d’assurer leur sécurité, mais les séjours de fin de vie sont souvent vécus comme une vraie "souffrance", décrite dans l’avis du CCNE comme "la caractéristique intrinsèque des résidents". Les plus de 75 ans séjournant en maison de retraite entrent "en résilience et se résolvent à leur triste condition, s’adaptant bon an mal an à l’institution". Ceux qui, au contraire, n’acceptent pas leur sort, ont plus de chances de développer une "dépression réactionnelle" et de se laisser mourir "du fait d’un sentiment d’indignité". Cet état psychologique, loin d’être compris par le personnel soignant, est le lot d’une part grandissante des patients en maison de retraite : "Dans les Ehpad, 40% des résidents présentent un syndrome dépressif ; 11% ont des idées de suicide, explique dans l’avis le psychiatre Pierre Vandel, spécialiste de la psychiatrie de la personne âgée. La dépression est souvent banalisée ; les professionnels de santé et de l’accompagnement manquent de formation à ce sujet. En conséquence la dépression est sous-diagnostiquée et sous-traitée.”
L’organisme fait ainsi le lien entre ces établissements et la dépression galopante de cette tranche d’âge dans notre pays : "La France a le triste privilège d'avoir, au sein de la communauté européenne, le taux le plus élevé de suicide des personnes âgées de plus de 75 ans", souligne-t-il. Après 85 ans, le taux de suicide devient "le plus élevé de la population".
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