Le monde est fou
Par Anna Breteau
Noura Hussein Hammad, mariée de force à l'âge de 16 ans, a poignardé son mari alors qu'il tentait de la violer. Elle a été condamnée à mort. Amnesty International demande un nouveau procès.
"Elle est une victime et la peine prononcée à son encontre est d'une cruauté intolérable".
Le directeur régional adjoint d'Amnesty International, Seif Magango, a
dénoncé ce 10 mai la condamnation à mort de Noura Hussein Hammad. Cette
dernière, mariée depuis l'âge de 16 ans à Abdulrahman Hammad, un homme
choisi par son père, l'a poignardé alors qu'il tentait de la violer
En
avril 2017, la jeune femme s'est installée chez son mari après la fin
de ses études secondaires. Refusant de "consommer le mariage", elle a
été victime de viols répétés. Le procès à son encore qui s'est tenu en
juillet dernier a révélé que son mari avait notamment fait appel à deux
de ses frères et un cousin pour la tenir pendant qu'il la violait. "Le
2 mai 2017, les trois hommes ont tenu Noura Hussein pendant
qu'Abdulrahman la violait. Le lendemain, il a à nouveau essayé de la
violer, mais elle a réussi à s'échapper dans la cuisine où elle a
attrapé un couteau. Dans la bagarre qui s'ensuivit, M. Abdulrahman a
succombé à des coups de couteau", raconte Amnesty International.
Un nouveau procès demandé
La
jeune femme de 19 ans s'est ensuite réfugiée chez son père, qui l'a
lui-même remise à la police. A l'issue du procès, elle a été reconnue
coupable d'"homicide volontaire" et condamnée à mort. "Les
autorités soudanaises doivent annuler cette condamnation manifestement
injuste et s'assurer que Noura ait droit à un nouveau procès, équitable,
qui prend en compte ces circonstances atténuantes", demande Amnesty International.
Mettant
en cause le déroulement du procès, qui a utilisé une ancienne loi ne
reconnaissant pas le viol conjugal, l'ONG ajoute que "la peine de
mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant. L'appliquer à
une victime ne fait que souligner l'échec des autorités soudanaises à
reconnaître la violence qu'elle a endurée".
Une hausse des mariages forcés
Un rapport de Human Right Watch
publié en 2013 relatait déjà une hausse des mariages forcés des enfants
et jeunes adolescentes au Soudan du Sud, où la dot que le futur époux
doit payer a beaucoup augmenté ces dernières années et constitue
désormais un moyen de gagner de l'argent dans un contexte de pauvreté
extrême. Malgré de nombreuses protestations et tentatives pour faire
interdire cette pratique, la loi soudanaise autorise le mariage des
enfants de plus de 10 ans.
Une pétition circule sur change.org pour que la jeune femme ne soit pas exécutée. A midi ce 11 mai, elle avait été signée par plus de 80 000 personnes.
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